Politique / Gouvernement d’union
Tout sur les tractations Soro-Koulibaly
Lundi soir, le Premier ministre dans le cadre des consultations pour la formation du gouvernement a été invité à un échange avec le Président par intérim du FPI, le professeur Mamadou Koulibaly à l’hôtel du Golf. La rencontre était la première entre le gouvernement et le camp Gbagbo depuis la chute de l’ancien président. Le Premier ministre a proposé au FPI d’entrer dans le gouvernement d’union qu’il doit former sous les auspices du chef de l’Etat.
Le Premier ministre propose deux postes au FPI
Selon Guillaume Soro, le Président de la République a prévu 2 postes pour le FPI. Nos sources n’ont pas pu révéler l’intitulé des ministères qui doivent être octroyés au Front populaire ivoirien. Le chef du gouvernement a souhaité que l’ancien parti au pouvoir propose plusieurs noms de cadres parmi lesquels deux seront choisis. Mamadou Koulibaly a écouté avec intérêt le Premier ministre qu’il a remercié pour avoir associé son parti au projet de formation du gouvernement. Sur le champ, le patron intérimaire du FPI n’a pas donné de réponse. Mamadou Koulibaly a promis consulter ses mandants et revenir au plutôt chez le Premier ministre pour faire connaître la réponse du Front populaire ivoirien.
Le FPI n’entrera pas au gouvernement
Depuis lors, le président par intérim du FPI s’est refusé à tout commentaire. Néanmoins, des sources persistantes font état de ce que le parti de Laurent Gbagbo n’entrera pas dans le premier gouvernement Ouattara. Sous l’impulsion de Mamadou Koulibaly, le parti compte préparer l’avenir, et surtout les élections législatives prochaines. « Le refus d’entrer dans le gouvernement ne signifie pas que nous sommes contre le président Ouattara, ou bien que nous refusons la réconciliation nationale », explique une source au FPI. Selon cette source très proche des consultations en cours, le moment est venu de penser à l’après-pouvoir, à l’après Gbagbo. « Il y a une vie après le pouvoir, et nous devons nous préparer au retour au pouvoir de façon démocratique, en attendant les législatives. Si tout le monde entre dans le gouvernement, comment faire pour la suite ? », interroge notre interlocuteur, qui préfère s’en tenir aux principes. Selon lui, le refus d’entrer au gouvernement n’est nullement motivé par le fait que le FPI se voit proposer seulement deux ministères, ni par l’absence de ministère d’Etat ou de souveraineté. « C’est normal, on n’a pas aidé Ouattara à être au pouvoir, nous n’avons rien à réclamer », se défend notre source.
Que peuvent faire
Ouattara et le RHDP
Du côté du RHDP, l’on apprend que Guillaume Soro et le Président de la République prendront acte du refus du FPI d’entrer au gouvernement, et vont faire connaître, dans les jours à venir, la nouvelle équipe. Plusieurs sources parlent de Vendredi 03 Juin prochain. Dés l’arrivée du chef de l’Etat avant-hier, après une semaine d’absence, Guillaume Soro a fait le point de ses échanges avec le Président Bédié, et d’autres acteurs qu’il a consultés. Malgré l’échec attendu des négociations avec le FPI, d’autres interlocuteurs appellent le chef de l’Etat à la rescousse. Selon eux, Alassane Ouattara pourrait tenter une dernière rencontre avec le FPI et Mamadou Koulibaly, non pour forcément faire entrer le parti au gouvernement, mais surtout pour percevoir les vraies motivations et préoccupations de l’ancien parti au pouvoir. « C’est l’absence de contact direct et de dialogue ces derniers mois qui ont radicalisé les uns et les autres. Malgré les douleurs des uns et les récriminations des autres, il faut continuer de se parler. Nous ne perdons rien à parler avec le FPI. La réconciliation a été certes confiée à Banny, mais c’est l’œuvre de tous et d’abord du Président de la République », justifie cet autre interlocuteur pro-Ouattara. Le Président de la République est donc encore appelé à la rescousse.
L’agenda de Koulibaly
Pour sa part, Mamadou Koulibaly pourrait entamer une série de réunions tous azimuts avec les élus, les cadres, les militants de base du FPI. Préparer l’après pouvoir, préparer l’après Gbagbo, voici la feuille de route du nouvel homme fort du FPI, qui aura réussi son examen de passage si tout en maintenant le parti hors du gouvernement, il parvient à éviter des relations orageuses avec le pouvoir Ouattara. Les durs et les extrémistes de son camp ne pourront pas le fragiliser, à l’heure de la recomposition du paysage politique. Quand chacun aura répondu de ses actes, et que la normalisation sera devenue totale et irréversible, on ne dira pas au sein du FPI que Koulibaly a été un collabo d’une part. D’autre part le camp Ouattara ne devra pas avoir le sentiment que c’est Koulibaly et le FPI qui l’ont fait échouer. Pour sûr, le natif d’Azaguié, qui connaît bien la maison FPI, a choisi le chemin le plus difficile, pour ne pas dire le plus périlleux. Le temps lui donnera-t-il raison ou tort? Le FPI et les militants lui sauront-ils être reconnaissants ? Alassane Ouattara et le RHDP accepteront-ils d’être compréhensifs, de le voir et de le mettre à l’épreuve de manière fair-play ? Mamadou Koulibaly ne va-t-il pas renoncer et claquer la porte du FPI en cours de route ? Attendons de voir…
Charles Kouassi
Gouvernement d’union nationale / Affoussy Bamba :
‘’La non entrée du Fpi ne peut pas nous empêcher d’évoluer’’
Les conditions posées par le Front populaire ivoirien (Fpi) quant à son entrée au gouvernement continuent de faire jaser. La porte-parole des Forces nouvelles Affoussy Bamba a réagi sur la question le mardi 31 mai 2011 sur fninfo.ci. «Les déclarations de Mamadou Koulibaly ne sont pas étonnantes, elles n’engagent que lui. Je ne pense pas que ce soit la déclaration officielle du FPI. Mais si c’était le cas, je pense qu’émettre une conditionnalité me paraît indécent. Demander la libération des personnes assignées en résidence pour des faits graves qui leur sont reprochés est indécent au regard de tout ce qui s’est passé, c’est une insulte à la population ». Ce sont les propos exprimés par la porte-parole des Forces nouvelles. Qui a qualifié les propos du président de l’Assemblée nationale le professeur Mamadou Koulibaly de chantage. Pour maître Affoussy Bamba, il n’y a pas lieu de polémiquer sur le refus du Fpi d’entrer au gouvernement. « Donc si le FPI ne veut pas rentrer au gouvernement, ça ne doit pas nous empêcher d’évoluer. Le plus important étant de réconcilier les Ivoiriens et de reconstruire ce pays», a-t-elle soutenu. Maître Affoussy Bamba a par ailleurs exprimé sa gratitude au chef de l’Etat pour le respect de ses engagements en acceptant de former un gouvernement d’union nationale conformément aux recommandations du dernier CPC et de l’Union Africaine.
Touré Abdoulaye
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