Par Sériba Koné | Connectionivoirienne.net
Invité par le comité d’organisation de l’investiture du Président Alassane Ouattara, samedi 21 mai dernier à Yamoussoukro, Eugène Djué, l’un des proches de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo, membre du Fpi et de la galaxie patriotique dirigée en son temps, par Charles Blé Goudé, exprime pourquoi, il s’investit dans la réconciliation nationale. Dans cet entretien il appelle ses partisans qui ne l’ont pas encore bien compris et ceux qui ont encore les armes à préserver les acquis de la Côte d’Ivoire.
Vous avez entrepris depuis la chute de l’ex-chef de l’État Laurent Gbagbo, d’appeler des jeunes qui ont pris les armes à les déposer. Quel bilan faites-vous au moment où il est de plus en plus question de réconciliation ?
Il faut dire que je suis entièrement engagé dans la réconciliation, ce n’est pas seulement avec les jeunes combattants. C’est un engagement ferme que j’ai pris pour la cohésion sociale. Je travaille en parfaite synergie et entente avec les Frci (Forces républicaines de Côte d’Ivoire) à travers les différents quartiers d’Abidjan, les villages et autres pour apporter le message de dépôt des armes et celui du pardon. Cela permet aussi de mettre les populations en confiance vis-à-vis des Frci puisque, de temps en temps les populations ont des inquiétudes avec, des éléments qui s’habillent en treillis et autres habillements. Toutes ces actions concourent pour moi à rétablir le calme, la confiance, l’ordre et surtout la cohésion sociale. Concernant les jeunes qui ont pris les armes, le bilan est très positif. Nous avons réussi à prendre contact avec tous les responsables des mouvements de ceux qui ont pris les armes. C’est très important parce que plus de 90% des jeunes qui ont pris les armes les ont déposé. Aujourd’hui, on peut évaluer entre 10 mille et 10500 jeunes qui ont déjà déposé les armes, volontairement.
Monsieur Djué vous avez été l’une des premières personnalités à affirmer, (si je ne m’y trompe) que le sens du patriote « a été galvaudé ». Aujourd’hui quel sens donnez-vous à ce mot ?
Disons que je ne l’ai pas dit tout à fait. J’ai dis le 13 avril précisément, deux jours après l’arrestation du Président Gbagbo que, quand on est patriote, on ne peut plus être fier de ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. On ne put plus supporter tout ce qui se passe en Côte d’Ivoire et assister à l’escalade de la violence jusqu’à anéantir tout. Quand on est patriote on prend ses responsabilités devant le danger qui menace la mère patrie. C’est à ce titre là que j’ai pris mes responsabilités pour dire à tous les Ivoiriens, ça suffit nous sommes allés trop loin, arrêtons ! Aujourd’hui, les patriotes doivent comprendre qu’il y a eu des menaces graves sur le pays. Il faut qu’on réponde à l’appel de celui qui l’incarne pour tirer la Côte d’Ivoire du chaos. Après, tous les débats peuvent se dérouler dans un cadre démocratique.
Où voulez-vous vous qu’on vous classe. Parmi les modérés ou les extrémistes de votre parti ?
Moi, je ne suis pas extrémiste. Je veux que chacun joue pleinement et honnêtement le rôle qu’il a à jouer. Pour moi, que ce soit le Fpi, le Rdr , le Pdci, l’Udpci…, je ne voudrais pas que leurs dirigeants exigent au peuple que c’est leur vision qui est la vérité infuse, non ! Pour moi, c’est l’intérêt de la Côte d’Ivoire et de son peuple qui doit dominer et, non les intérêts d’un tel ou tel parti politique. Sans la Côte d’Ivoire il n’y aura pas de partis politique.
Oui, parlant de démocratie, quelles sont les démarches que vous entreprenez pour que les journaux qui étaient proches de votre parti commence à réapparaitre ?
J’en discute déjà avec les autorités. Je demande que le débat politique soit ouvert à tous à travers les différents journaux et particulièrement les journaux proches de mon parti, le Fpi. Ce ne sont pas les journaux seulement, il y a des militants du Fpi qui sont encore menacés et sont en cachette, ceux de Lmp également. C’est vrai que c’est à mettre au compte de la crise profonde mais, il faut dire qu’elle est passée. Après l’investiture, il faut reconnaitre que la page est tournée et il faut que toutes les institutions se mettent en place.
Vos militant et ceux de Lmp ne peuvent pas parler de menaces puisque vous-même, en tant que « patriote », membre du Fpi vous circulez librement dans votre pays…
Vous savez, ce n’est pas le Commandant Chérif Ousmane qui va aller menacer quelqu’un à Soubré ou ailleurs dans les villes, villages ou quartiers. Je parle malheureusement, des règlements de compte de part et d’autres. Il faut être clair. Quand les autorités n’ont pas encore l’entier contrôle de tout, c’est très difficile. C’est pourquoi, je dis il faut soutenir le pouvoir et les nouvelles Institutions à mieux s’asseoir, via la sécurité. Cela mettra tout le monde en confiance et consolidera le pouvoir, de sorte que l’État de Droit s’affirme et que la sécurité des biens et des personnes soit assurée. Cette investiture est très importante dans la mesure où, à mon avis, elle mettra fin à toutes les difficultés dont nous parlions tantôt, et la vie reprendra paisiblement.
Blé Goudé mort, Blé Goudé vivant avez-vous une lisibilité de ce qu’il devient ?
Je n’ai pas une lisibilité nette de ce qu’il devient. C’est à travers les journaux que je suis informé. Je présume fortement, en revanche que Blé Goudé n’est pas mort. S’il était mort on allait le savoir.
A vous entendre, vous n’avez plus de contact direct avec lui, et cela date de quand ?
Cela fait longtemps que nous ne sommes pas en contact.
Avez-vous des nouvelles de l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo et de son épouse ?
C’est grâce à la presse et aux médias que je suis informé sur leur état. Je souhaiterais que les autorités mettent tout en œuvre afin que je rentre en contact avec le Président Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, il faut que nous le rencontrons pour rassurer nos militants sur sa vie, sa santé et son traitement etc. Nous restons toujours attachés à lui.
Quelle sont les propositions concrètes que vous faites dans ce sens ?
Après l’investiture, nous proposons que les autorités libèrent le Président Gbagbo ainsi que, tous les autres. Et que tous ceux qui sont en exil rentrent. Tout ce qui se raconte comme Coup d’État et autres n’est pas vrai parce que je ne vois pas un ivoirien en exil et penser à renverser un pouvoir. Ce n’est pas vrai ! Comme l’ai dit et je réaffirme, il faut pardonner le passé et faire appel à tous les filles et fils de ce pays pour « une nouvelle Côte d’Ivoire ». Il faut les enfants d’Houphouët que nous sommes tous ayons la vision de réconciliation, d’union, de paix et d’amour. Seule la Côte d’Ivoire restera mais, nous sommes des Hommes appelés à mourir, il faut retenir cela et revoir certaines sanctions. En cadrant cela dans le contexte et le temps. C’est ce que je demande aux autorités. L’Ivoirien est tolérant à tous les niveaux. Il ne faut pas qu’on nous détourne, surtout vous les journalistes (excusez-moi), de l’objectif majeur qui est la réconciliation.
Parlant de réconciliation avez-vous été approché par les membres ou par le Premier ministre Charles Konnan Banny, président de cette commission-là ?
Pour le moment non ! Mais, je pense que ce n’est pas le plus important. La commission sait ce que je fais et le moment venu, ils sauront me mettre là où il faut. Pour l’heure, c’est le retour de tous les filles et fils de la Côte d’Ivoire qui compte.
Qu’est-ce que Eugène Djué voudrait que les Ivoiriens retiennent de lui après cet entretien ?
Une fois de plus je m’incline devant la mémoire de tous ceux qui sont morts et profite pour souhaiter prompt rétablissement à tous les malades et blessés. Il faut qu’on se rassemble pour la reconstruction de la Côte d’Ivoire une et indivisible. Il faut que chacun s’engage non seulement pour la réconciliation mais, surtout pour la démocratie. Dans cinq ans il y aura d’autres joutes électorales et chacun pourra se présenter.
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