Cour Suprême, Alassane Ouattara: “Notre justice doit rendre des décisions et non des services. Elle doit être même pour tous”

L’Intelligent d’Abidjan

Le président de la Cour suprême, Koné Mamadou, a officiellement pris fonction le mardi 24 mai 2011, en présence du Président de la République, Alassane Ouattara.

Par décret présidentiel n°2011- 90 du 13 mai 2011, M. Koné Mamadou, magistrat hors hiérarchie, a été nommé président de la Cour Suprême, en remplacement de M. Tia Koné. Après la passation des charges entre l’ancien et le nouveau président de la Cour Suprême, la prestation de serment s’est déroulée en présence du Président de la République, dans la salle des Pas Perdus du palais présidentiel au Plateau. Le Président Alassane Ouattara a saisi l’occasion pour tirer les leçons de la crise postélectorale, au niveau de la Justice. Lequel pouvoir fait partie des institutions ivoiriennes à reformer dans son programme de gouvernement. « Force est de reconnaître qu’en ce moment, face aux nombreux griefs qui lui sont faits et qui ne sont hélas pas toujours infondés, notre justice n’est pas au mieux de sa réputation (…) La Côte d’Ivoire sort d’une crise post électorale particulièrement grave dont on peut tirer au moins deux leçons, au niveau de la justice : la première leçon est qu’une décision de justice peut provoquer la guerre et engendrer des milliers de morts dans un pays. Faisons donc en sorte que cela ne se reproduise plus jamais dans notre chère Côte d’Ivoire ; la seconde leçon est que nos compatriotes ont découvert qu’il était possible de s’opposer à une décision de justice, même rendue en dernier ressort lorsqu’on l’estime inique ou injuste. Ils pourraient être tentés d’user et d’abuser de cette possibilité. Ne donnons donc plus à personne l’occasion de se révolter violemment contre une décision de justice. La vocation de la justice est simple : c’est de donner raison à celui qui a raison, et tort à celui qui a tort. Notre justice doit rendre des décisions et non des services. Elle doit être la même pour tous, gouvernants ou gouvernés, riches ou pauvres, sans distinction de race, de croyance religieuse, de courants de pensées philosophiques, d’origine régionale, ethnique ou de la nationalité», a indiqué le chef de l’Etat qui a invité le président de la Cour Suprême à être un modèle de probité dans l’exercice de sa fonction. « Soyez irréprochable dans l’exercice de votre office. Je vous exhorte à faire preuve dans votre travail quotidien d’une grande probité, d’une rigueur à toute épreuve et d’une droiture exemplaire. C’est à ce prix que vous pouvez vous ériger en donneur de leçons à vos cadets et en censeur pour ceux qui prendront les libertés avec les règles de votre noble métier», a-t-il conseillé au président de la plus haute instance judiciaire de Côte d’Ivoire, en vue d’infléchir la suspicion et la méfiance des Ivoiriens en leur justice. Pour sa part, le président de la Cour Suprême s’est engagé à « bien faire » son travail en mettant en place une politique pour la renaissance de la Justice ivoirienne, étant entendu que c’est maintenant qu’il va ouvrir les dossiers chauds laissés par son prédécesseur.
O.Dion

Encadré

Koné Mamadou dévoile ses grands défis: ‘’Que la justice donne raison à celui qui a raison, qu’elle donne tort à celui qui a tort’’

Après sa prestation de serment conformément à la loi organique sur la Cour Suprême, Koné Mamadou a révélé ses grands défis pour la renaissance de la Justice ivoirienne. «Les grands défis, c’est les défis de la crédibilité de la justice ivoirienne, faire en sorte que la justice ivoirienne ne fasse plus peur et puisse redorer son blason. Actuellement, elle est très critiquée, il y a des griefs qui ne sont pas fondés, il y en a par contre qui, malheureusement, sont fondés. Il faut faire en sorte que les griefs infondés soient désormais les moins nombreux et que notre justice soit rendue de manière très simple, c’est-à-dire qu’elle donne raison à celui qui a raison et qu’elle donne tort à celui qui a tort », a souligné Koné Mamadou. La tâche est donc ardue pour le président de la Cour Suprême, magistrat hors hiérarchie qui entend, avec la participation de tous ses collaborateurs, relever ces défis.
O.D

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