LEMONDE.FR Par Christophe Châtelot
Envoyé spécial – Nicolas Sarkozy savait son auditoire réceptif. C’est devant la communauté des Français de Côte d’Ivoire, encore marquée par six mois de tensions et violences postélectorales, que le président a annoncé, samedi 21 mai, le maintien d’une présence militaire française en Côte d’Ivoire.
Nicolas Sarkozy s’exprimait au retour de la cérémonie d’investiture le matin même à Yamoussoukro, du nouveau chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara. Elu en novembre 2010, sa victoire fut violemment contestée par son prédécesseur Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril grâce à l’intervention de la force française Licorne stationnée à Abidjan.
Devant plusieurs centaines de Français réunis sur la base militaire de Port-Bouët, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’après le départ de Licorne, établie en 2002 sous mandat de l’ONU pour maintenir la paix après la tentative de coup d’Etat des rebelles du Nord puis pour garantir la sécurité du processus électoral, « nous garderons une présence militaire permanente, ici, pour protéger nos ressortissants (une dizaine de milliers de personnes) ».
L’autre volet de cette présence, en cours de négociation avec le nouveau président ivoirien qui en était demandeur, est de « contribuer à la réforme de l’armée ivoirienne », fortement ébranlée par les six mois de crise et déstabilisée sous le régime de Laurent Gbagbo. Selon Nicolas Sarkozy, il s’agit de répondre « au défi du rétablissement de l’Etat sur l’ensemble du territoire et de la reconstruction de forces de sécurité réellement nationales, non ethniques ».
La présence française et ses contours restent toutefois à définir. Selon une source à l’Elysée, le bataillon français pourrait compter « 200 à 300 hommes », contre 900 en temps normal, et 1100 dans la période actuelle post-crise. Une autre source diplomatique évoque une force de « 600 militaires ». « Les modalités renouvelées » de la coopération militaire seront inscrites dans un nouvel accord de défense. Un nouvel accord qui s’inscrira, selon le président Sarkozy, dans « la nouvelle politique africaine, et même une nouvelle politique étrangère, que notre engagement en Côte d’Ivoire a illustrées ces derniers mois ». « L’armée française n’est pas là pour protéger un gouvernement quel qu’il soit. L’armée française n’a pas vocation à intervenir dans les affaires intérieures », a-t-il dit, comme il l’avait déjà énoncé dans son discours du Cap en 2008.
Il reste que la permanence annoncée de soldats français en Côte d’Ivoire, soldats qui ont activement participé à l’arrestation de Laurent Gbagbo – ainsi que la relance, très volontariste, de la coopération économique française dans ce pays d’Afrique de l’Ouest démontrent le réinvestissement de la scène ivoirienne par l’ancienne puissance coloniale.
Christophe Châtelot.
Communauté française d’Abidjan : Allocution door elysee
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