Bah Jean -Enoc, président du Congrès pour la Renaissance Ivoirienne (CRI), aborde plusieurs sujets relatifs à l’actualité sociopolitique. Dans cet entretien, il fait des révélations quant à la capacité du Président Ouattara à réconcilier les Ivoiriens..
Président du Congrès pour la Renaissance Ivoirienne, vous avez manifesté et demandé le retour du général Doué. Aujourd’hui, il est en Côte d’Ivoire. Etes-vous satisfait ? Pensez-vous que votre appel a été entendu par le président Ouattara ?
Je suis satisfait du retour du général Doué. Mais en lieu et place d’un appel qui a été entendu, il faut voir l’esprit d’ouverture du Président Ouattara qui avait toujours souhaité avoir tous ses frères ivoiriens à ses côtés. Je me réjouis fondamentalement de ce retour du général Doué, qui reste avant tout, un signe fort de l’appel du chef de l’Etat à l’unité nationale et à la réconciliation. Le général Doué est un expert militaire dont l’expérience est nécessaire à la reconstruction d’une nouvelle armée et c’est pour cela que je salue son retour au pays, démarqué de toutes les chapelles politiques. J’exhorte à la même occasion le Président de la République à lui faire pleinement confiance dans ce grand chantier qui est celui de la construction d’une armée unifiée au service du devoir républicain.
Vous avez milité pour l’élection du président Ouattara. Aujourd’hui, quelle place revendiquez-vous dans le processus de paix et de réconciliation ?
Pour ce qui est de l’élection du Président Ouattara, je ne peux que me féliciter d’avoir fait le bon choix au moment où certains de nos concitoyens étaient encore hésitants. C’est d’ailleurs au deuxième tour que beaucoup nous ont rejoint. En tout cas, j’en suis satisfait. Quant à revendiquer une place dans le processus de réconciliation, je voudrais vous dire qu’il ne nous appartient pas de revendiquer quoi que ce soit.
Quel est la part du CRI dans cette réconciliation nationale ?
La réconciliation dont parle le chef de l’Etat est d’une importance capitale à mes yeux. Elle déterminera l’avenir de notre pays pour ce nouveau cinquantenaire que les Ivoiriens et l’Afrique voudraient amorcer avec plus de clarté et d’efficacité. Le succès d’une telle initiative est la plus grande victoire qu’attendent tous les Ivoiriens sans distinction d’appartenance politique, religieuse et régionale, ces deux dernières décennies. Il convient donc que tous, nous ayons une lecture précise de ce rendez-vous historique. Dès lors, il y a deux grandes questions qui ont besoin de réponse. D’un, est-ce une occasion pour les gagnants de la crise postélectorale de faire le procès des perdants à qui l’on voudrait attribuer tous les maux de la Côte d’Ivoire? De deux, est-ce une véritable rencontre de toutes les filles et de tous les fils de la Côte d’Ivoire au cours de laquelle l’on pourrait définitivement tourner la page de notre triste passé dont chaque acteur du paysage politique ne peut nier sa responsabilité. Pour notre part, nous avons entièrement confiance au Président de la République qui, tout au long de la campagne présidentielle, manifestait son ardent désir de relever les grands défis de l’unité nationale et de la paix. Tout comme le Président de la République, nous croyons à la capacité du Premier ministre Banny, à conduire avec rigueur cette mission dans l’intérêt supérieur de la nation. Mais je crains bien que des personnes autour d’eux constituent un frein au succès de leur mission, s’ils n’usent pas de vigilance et de fermeté. je tiens ici et maintenant à le dire de manière précise que, la division des Ivoiriens est partie de la diabolisation du Président OUATTARA par ses adversaires politiques d’hier et d’aujourd’hui, dès qu’il s’est agi pour lui de briguer la magistrature suprême du pays. C’est imbu de cette logique diabolique que Laurent Gbagbo s’était refusé certainement à se conformer à l’expression démocratique, en voulant se maintenir contre vents et marée au pouvoir. Toutes nos souffrances dans ce pays sont parties de là. C’est pourquoi le peuple de Côte d’Ivoire qui a été victime de ce grossier mensonge dont on s’est toujours servi pour le manipuler a besoin cette fois-ci de la vérité. Il a surtout besoin que son chef soit véritablement réhabilité. Les Ivoiriens ont besoin d’avoir confiance en leur Chef et vice-versa. Maintenant que notre candidat est devenu Président de la République et que cela lui est reconnu par tous, il serait bon que son identité pleine et entière que l’on a tenté pendant des décennies de lui spolier, lui soit reconnue publiquement par tous les acteurs de cette cabale, afin que demain, cette thèse ne soit encore utilisée pour détruire le pays. C’est un débat à ne pas occulter. Car c’est de là que sont partis tous les conflits qu’a connus notre pays. Tout le reste n’est que la conséquence.
Il est question aujourd’hui de réconcilier l’armée ivoirienne. Yopougon qui était la poche de résistance a été libéré. Quel commentaire?
Nous avons un programme qui est en cours de rédaction que nous entendons mettre à la disposition du président Ouattara, du président Banny et de certaines chancelleries dont les ambassades de France, des Etats-Unis, du Canada, etc. A cet effet, concernant l’aspect de la réconciliation nationale et de la reconstruction du pays qui est un aspect secondaire et dont je ne doute nullement pas des compétences et des qualités du président Ouattara à relever comme défi dans les meilleurs délais si réellement la paix est de retour. Ce que je voudrais dire par rapport à la libération de Yopougon, par rapport à la réunification, à la construction d’une nouvelle armée ivoirienne, est très clair. Je pense que les accords de Ouagadougou ont tracé les sillons de la réconciliation en Côte d’Ivoire. Tous les partis significatifs de notre pays ont participé à la rédaction de cet accord. Donc pour moi, aujourd’hui la victoire du président Ouattara qui est une victoire électorale et en même temps une victoire militaire, ne saurait mettre en cause la poursuite de cet accord de Ouagadougou. Il faut rebâtir une armée nationale au service du devoir. Pour cela, il faut impliquer tous les spécialistes en la matière. Avoir l’appui de chacun, notamment des personnalités militaires comme Mathias Doué, le général Abdoulaye Coulibaly, etc. J’estime que notre armée est une armée tribale, politisée sur tous les plans, qui ne peut plus véritablement relever les défis d’une armée républicaine, d’une armée nationale. Il est donc bon que l’on fédère toutes les énergies avec tous les chefs militaires qui ont de l’expérience, qui ont des plans très clairs pour cette armée, pour que nous puissions parvenir à bâtir la nouvelle armée. J’insiste sur ce fait qu’il nous faut une armée républicaine qui soit en mesure d’inspirer confiance au peuple. Une armée capable d’assurer la sécurité des biens et des personnes et de défendre l’intégrité du territoire. J’encourage tous les chefs militaires à s’unir et à sortir du débat démagogique des hommes politiques pour qu’avec sincérité, ils puissent se ressouder autour du président Ouattara pour que cette armée soit une réalité pour la Côte d’Ivoire. Nous nous sommes battus pour la renaissance de la Côte d’Ivoire. Je pense que l’avènement du président Ouattara au pouvoir est une chance, une nouvelle chance qui a été donnée à la Côte d’Ivoire de sortir définitivement des intrigues politiciennes de sorte à ce que la reconstruction soit effective sur tous les plans.
Après l’élection du Président Ouattara peut-on dire que vous avez atteint votre objectif ?
Quand nous créons le CRI, nous ne savions pas que le Président Ouattara devait être notre candidat. Nous l’avons soutenu parce que nous avions la conviction qu’il avait le meilleur profil pour diriger la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, relever les défis de l’unité, de la réconciliation et de la reconstruction. Nous pouvons en être satisfaits. Maintenant, il y a d’autres enjeux. Notre parti politique est pleinement constitué pour diriger la Côte d’Ivoire tôt ou tard. Mais pour l’heure, nous voulons contribuer à notre humble niveau à tous les enjeux qui s’imposent aujourd’hui à notre pays et à notre Président que nous avons élu. Sachez que la réconciliation nationale est d’une importance capitale pour le pays dans la mesure où celle-ci pourra nous garantir une paix durable. Or avec ADO, si le pays est en paix et qu’il n’y a aucune velléité de déstabilisation de son régime, il est fort et certain que notre pays sera le nouvel eldorado mondial. Ouattara, je le dis et je le répète, est un génie en matière de développement. Il a bâti une partie du monde et reste aujourd’hui encore le moteur de la haute finance dans les institutions de Bretton Woods. Il n’a qu’à créer juste les conditions équitables de partage de nos richesses et la pauvreté grandissante disparaîtra. Je lui fais confiance et je suis persuadé qu’il est une chance pour notre génération. J’ai foi en lui. Aidons-le à canaliser les ardeurs politiques des uns et des autres et nous verrons tous le bonheur à nos portes.
Réalisé par Dosso Villard
L’Intelligent d’Abidjan
Commentaires Facebook