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« Tous les matins, on se réveillait pour trouver encore plus de cadavres, on les gardait vingt-quatre heures avant de les jeter par dessus bord (…) les derniers jours on ne savait plus qui on était. Soit on priait, soit on mourait ». Ce témoignage recueilli par le Guardian fait état du naufrage d’un bateau de migrants africains en Méditerrannée. Un naufrage que l’OTAN aurait délibérément ignoré selon les informations du quotidien britannique.
Le bateau de migrants aurait en effet cherché à entrer en contact avec un navire de l’OTAN, selon le Guardian, « il s’agit probablement du navire français le Charles-de-Gaulle, qui était en opération en mer Méditérranée pendant cette période ».
Une information démentie par l’état-major des armées. Contacté par Rue 89, une porte-parole affirme : « Nous n’avons pas croisé ce type d’embarcation. Nous nous serions évidemment portés à son secours. Nous ne sommes pas concernés. Il ne s’agit pas d’un bâtiment français. »
Le Guardian relaie également le démenti d’un porte-parole des autorités maritimes françaises avant de souligner : « Après lui avoir soumis des reportages indiquant [la présence du navire], un porte-parole s’est refusé à tout commentaire. » Le droit maritime international oblige les navires, y compris les bateaux militaires à répondre aux alertes d’autres embarcations et à offir leur aide quand cela est possible.
AUCUN PAYS N’ADMET AVOIR ÉTABLI UN CONTACT AVEC LE BATEAU
Selon le Guardian, le bateau transportait soixante-douze passagers, parmi eux des femmes, des enfants en bas âge et des réfugiés politiques. Il aurait quitté Tripoli pour l’île italienne de Lampedusa le 25 mars avant d’échouer sur les côtes libyennes, près de Misrata le 10 avril. En difficulté, les migrants auraient d’abord contacté une association de défense des droits des réfugiés à Rome, qui aurait à son tour alerté les gardes-côtes italiens. Un hélicoptère militaire aurait ensuite survolé l’embarcation.
« Les pilotes, qui portaient des uniformes militaires, ont lâché des bouteilles d’eau et des paquets de biscuits, ils ont fait signe aux passagers de maintenir leur position avant qu’un bateau de sauvetage ne les rejoigne. L’hélicoptère est parti et aucune aide n’est arrivée, » détaille le Guardian, qui a reconstitué le récit du naufrage à l’aide de témoignages de survivants et de personnes contactées par les passagers. Aucun pays n’a admis avoir établi un contact avec le bateau d’immigrants indique le journal.
Après plusieurs jours à la dérive, « le 29 ou le 30 mars, le bateau a approché un porte-avion de l’OTAN de si près qu’il aurait été impossible que ce dernier ne remarque pas l’embarcation. Selon les survivants, deux avions ont décolé du navire et ont survolé leur bateau à basse altitude tandis que les immigrants se tenaient debout, soulevant deux bébés affamés. Incapable de se rapprocher du porte-avion, le bateau a dérivé. A court de vivres, d’essence et de moyens de contacter le continent, ils ont commencé à mourir de faim les uns après les autres », décrit le Guardian. Sur les soixante-douze passagers, neuf ont survécu, précise le quotidien.
Trois corps découverts sous un bateau de réfugiés échoué à Lampedusa
Trois cadavres ont été retrouvés sous un bateau près du port de l’île italienne de Lampedusa, a annoncé la capitainerie du port.
L’embarcation s’était échouée dans la nuit de samedi à dimanche avec quelque cinq cents réfugiés venus de Libye à son bord. Dans un premier temps, les gardes-côtes avaient pourtant annoncé avoir « réussi à sauver tous les passagers ».
Des milliers de réfugiés sont arrivés ces dernières semaines à Lampedusa. Il s’agit soit de Tunisiens quittant leur pays pour chercher un travail en Europe, le plus souvent en France, soit de réfugiés fuyant la Libye, pour la plupart des migrants venus d’Afrique sub-saharienne et d’Asie du Sud-Est.
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