La crise ivoirienne a boosté le bureau des Douanes de Kidira (responsable)
Kidira (Tambacounda), 16 mars (APS) – La crise ivoirienne a contribué à l’essor du Bureau des douanes de Kidira, à la frontière avec le Mali, qui enregistre près de 200 camions par jour, a indiqué le lieutenant Moustapha Ngom, chef dudit bureau.
« Le développement de la route au détriment du train, mais surtout la crise ivoirienne ont joué un rôle important dans l’essor actuel du bureau qui enregistre quotidiennement près de 200 camions », a signalé le lieutenant Moustapha Ngom.
Il s’adressait mardi au directeur général des directeur général des Douanes sénégalaises Mouhamadou Makhtar Cissé, en tournée dans la région depuis lundi pour visiter toutes les unités.
Ce chiffre de 200 camions a été confirmé par les autorités douanières du Mali de l’autre côté de la frontière. Le directeur régional des douanes de Kayes, Abdelkarim Konaté, recevant une visite de courtoisie du directeur général des Douanes sénégalaises, a indiqué que le poste de Diboly, dont celui de Kidira n’est séparé que par le pont sur la Falémé, reçoit « 200 véhicules par jour ». Une tendance également liée selon lui à la crise qui sévit en Côte d’Ivoire.
Le poste de Kidira a réalisé, selon le chef du bureau des Douanes de cette localité, 1,718 milliard de francs CFA de recettes en 2010, contre 1,25 milliard en 2009, soit une augmentation de 37,4% (468,16 millions en valeur absolue). Progression à laquelle a contribué l’insécurité en Côte d’Ivoire qui a amené beaucoup d’opérateurs maliens à se détourner du port d’Abidjan, au profit de celui de Dakar.
Les dossiers contentieux ont plus que quintuplé en un an. De 12 en 2009, ils sont passés à 63 en 2010. Les amendes récupérées sont évaluées à 17,630 millions de francs CFA. Du point de vue de la drogue, 416,5 kg de chanvre indien ont été saisis.
Le lieutenant Moustapha Ngom a d’ailleurs noté que le poste s’est fixé un objectif de recettes de 2 milliards pour l’année 2011.
Situé à la frontière ouest du Mali, le bureau des Douanes de Kidira est une unité de la Direction régionale des douanes du Sud-est qui regroupe Tambacounda et Kédougou.
D’après son responsable, les marchandises dédouanées à Kidira sont constituées « en majorité de produits du cru, du bétail, où seule la TVA est prélevée et accessoirement des produits manufacturés » comme les tissus teints dénommés « thioup ».
Certains de ces produits bénéficient de tarifs préférentiels, a expliqué en marge de la rencontre le lieutenant Ndiaye, chef de la subdivision des douanes de Tambacounda.
« Comme porte d’entrée du Sénégal dans l’espace UEMOA, il joue un rôle important dans la promotion de l’intégration économique régionale à travers les différentes mesures de facilitation pour la circulation des personnes et des biens », a pour sa part noté le lieutenant Moustapha Ngom.
Il a fait observer que ce poste est « le principal point de passage de toutes les marchandises en transit à destination du Mali ».
L’augmentation du volume de marchandises transitant par Kidira charrie, cependant, son lot de problèmes. « Le bureau des Douanes de Kidira, de par l’importance du trafic et des activités qu’il enregistre quotidiennement, est confronté à un certain nombre de difficultés qui nuisent à l’exécution du service », a relevé le lieutenant Ngom.
Du fait de l’absence de parking et de l’étroitesse de la chaussée, « les camions en transit sont éparpillés dans toute la ville », a indiqué Moustapha Ngom. De sorte que le voyageur qui entre à Kidira, tombe sur un bouchon créé par des gros porteurs à l’entrée de la ville.
Le douanier a ajouté à ce problème, la « lenteur des procédures de dédouanement au niveau de Diboly confronté également au problème de parking et des coupures prolongées d’électricité ».
L’autre difficulté liée au service, concerne l’ »isolement du bureau par rapport à l’antenne où se déroulent toutes les opérations », a dit Ngom, soulignant que « cela pose le problème du contrôle de l’exécution du service ».
Le chef du bureau de Kidira a également évoqué la question de l’escorte des camions qui pose problème, du fait « surtout d’un déficit d’agents pour faire face à l’accroissement du trafic consécutif à la crise ivoirienne ». Le bureau compte 16 agents dont huit préposés, a-t-il informé, signalant par ailleurs qu’ »il faut reconnaître que certains agents ne se déplacent pas ».
Le système des balises mis en œuvre par la société Cotecna et qui permet de suivre les camions par satellite à partir d’un ordinateur, même s’il ne règle pas tout le problème, constitue un début de solution. Le responsable de la société est d’ailleurs à Kidira pour une évaluation.
Le lieutenant Moustapha Ngom a déploré, en outre, une absence d’aire de visite qui « ne permet pas un contrôle efficace des produits du cru. La visite a été transférée au bureau qui, lui aussi souffre d’un « manque d’espace ».
Il a suggéré, pour pallier ces difficultés dans le court terme, l’aménagement d’une aire de visite, dont l’étude de faisabilité a été réalisée selon lui, par le génie militaire bas à Tambacounda. Il faut, a-t-il ajouté, aménager un parking sur le terrain octroyé par la mairie. Il a plaidé en plus pour que le bureau soit doté d’un scanner pour le contrôle des camions.
« A moyen et long termes, (il faut) prévoir la construction d’un nouveau bureau au niveau du pont et des locaux à usage d’habitation pour les agents, à l’instar des bureaux de Karang et Rosso », a-t-il poursuivi.
« C’est des problèmes qui seront pris en charge », a assuré, pour sa part, le directeur général des Douanes, pour qui, « il n’y a pas de poste de douane plus important du point de vue économique que le poste de Kidira » , compte tenu de sa position qui en fait la « porte d’entrée » du Sénégal dans l’espace UEMOA et dans le reste du continent.
D’après lui, même s’il est dépassé par ceux de Dakar et Karang en termes de recettes douanières, Kidira vu son emplacement, a sa particularité.
« Le Mali est notre porte d’entrée en Afrique, notre point de contact avec l’UEMOA », a-t-il relevé, ajoutant que « toutes les statistiques » montrent que ce voisin de l’est est le « premier marché d’exportation » du Sénégal.
Le préfet du département de Bakel Amadou Moctar Cissé, relevant l’ »anarchie totale » qui règne à Kidira où « chacun gare comme il veut », a noté que la commune créée en 2008, n’a pas encore les moyens de faire face à ce problème.
Il a annoncé qu’un projet temporaire d’aménagement d’un site de garage va démarrer « incessamment », en attendant la gare des gros-porteurs qui, selon lui, sera réalisée par le Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC) pour un coût de 3 milliards de francs CFA.
« Il permettra aux agents d’y faire leur contrôle sans gêner le trafic », a dit M. Cissé, ajoutant que les autres forces de sécurité y auront leurs bureaux.
ADI/BK
Commentaires Facebook