DE L’INTELLECTUALISME AU  »LARBINISME »: CALIXTHE BEYALA, UN VÉRITABLE GÂCHIS

Si la dégénérescence de l’Afrique puise pour une bonne part sa justification des dérives fascistes des dirigeants politiques chargés de conduire sa destinée, absoudre totalement les pseudo-intellectuels dont elle regorge, serait une très grave méprise. Car mus par un mercantilisme délirant au grand dam de leur rôle d’éveilleur de conscience, d’éclaireur de peuples le plus souvent composés d’une proportion non négligeable d’analphabètes, sans scrupule ni remords, ils n’hésitent pas à s’écarter de la voie de l’objectivité, de la vérité que leur impose leur mission, produisant ainsi des jugements partiaux, emprunts de subjectivité ; pis fort erronés sur des sujets vitaux touchant à la prospérité, la vie des nations, telles les dernières consultations électorales en Côte d’Ivoire ayant consacré l’éclatante victoire de Monsieur Alassane Dramane OUATTARA. A ce sujet, les dernières sorties de l’écrivaine camerounaise, Calixthe BEYALA, auteure prolifique dont l’œuvre est récompensée par plusieurs distinctions (Grand prix Littéraire de l’Afrique Noire, Grand prix du roman de l’académie française, Grand prix de l’UNICEF), nous inquiètent outre mesure au point de nous interroger sur les motivations, qui toute analyse faite, ne peuvent être que stomacales.

Car corrodé par le désespoir, réduit à la dernière extrémité sous les assauts répétés des piques de la communauté nationale et internationale, Laurent GBAGBO, dictateur devant l’Eternel dont la perfidie et les scélératesses ont fini par excédé le monde entier, ne sait plus à quel saint se vouer, ses nombreux féticheurs, magiciens et marabouts ayant lamentablement échoué, par leurs invocations, holocaustes à le remettre en selle, à redorer son image gravement écornée. Asphyxié financièrement sous le coup de boutoir de sanctions économiques et bassement réduit à des pratiques avilissantes de braquages de banques, de rapines qui lui ont certainement permis d’améliorer l’état de ses caisses, en tout cas, pour un certain temps, Séplou s’est honteusement lancé dans une entreprise de corruption, d’achat de conscience d’intellectuels de renom, d’avocats en  »agonie » pour soigner son image et conférer un semblant de légitimité au hold-up électoral en cours, manifestement voué à l’échec et grossièrement transformé en lutte indépendantiste, souverainiste.

Ainsi, à l’instar de Roland DUMAS et de Jacques VERGES coptés consécutivement au versement de la mirobolante manne de 600 millions de francs CFA, qui, certainement revenus à la raison, se sont murés dans un mutisme révélateur ces temps-ci, le faux étant difficile à défendre, c’est au tour de Calixthe BEYALA, en proie pour sûr à un drame intérieur, de se laisser prendre dans les filets de la corruption et de la compromission de la refondation, sacrifiant ainsi sa renommée acquise à la Pyrrhus. Que t’arrive-t-il, très chère Grande sœur pour que tu t’étales aussi platement, faisant de ce fait voler en éclats ton honneur et toute l’estime que te vouent tes lecteurs ?
Qu’as-tu fait de ton esprit critique, ton sens du discernement pour te laisser séduire et réduire par cette idéologie infondée, aux effluves dommageables et cataclysmiques véhiculée par Laurent GBAGBO et sa confrérie d’illuminés, d’individus se vautrant quotidiennement dans la fange, la choucroute ?

En tout cas, saches que tu viens d’opérer le plus mauvais choix de ta vie en décidant de suivre le Christ de Mama dans cette voie sans issue en immolant ce que tu as de plus d’essentiel : ta plume et ta dignité.
Lors d’un meeting de soutien à ton curieux mentor à la grande place publique d’Agboville, tu t’es adressé au Président de la République, Monsieur Alassane Dramane OUATTARA de manière désinvolte et cavalière, lui intimant l’ordre de renoncer à son pouvoir acquis de haute lutte en ces termes :  » Qu’Alassane revienne la prochaine fois, en 2015, car Gbagbo est installé. Qu’on laisse Gbagbo gouverner car le peuple l’aime. Cette foule ici présente à la place de la Paix d’Agboville en est un témoignage palpable ; tout comme les foules qui se rassemblent à l’appel de la défense des institutions de la République. Tout ce qui touche à la Côte d’Ivoire me touche. Je me sens concernée par tout ce qui touche à la dignité et la souveraineté du peuple africain. Gbagbo a l’amour de l’Afrique et il réussira.  » Quelle outrecuidance de ta part ! Qui crois-tu être pour demander à un Président démocratiquement élu de céder son fauteuil à un éhonté et sans vergogne putschiste ?

C’est plutôt à Monsieur Paul BIYA qu’il faut le demander, ton Président de la République qui se perpétue au pouvoir depuis plus de
29 ans. Et qui plus est, ton discours laisse transparaître une méconnaissance criante de la réalité politique ivoirienne et de l’être intrinsèque de ton  »souverainiste »,  »africaniste »,  »panafricaniste »,  »indépendantiste », que sais-je encore, Laurent GBAGBO. Une écrivaine de ta trempe doit le savoir : l’humilité commande que quand on ne sait pas, il faut garder le profil bas et se donner le temps d’investiguer avant d’adopter une position. Ah si !

J’oubliais que tu avais accepté l’invitation à la soupe présidentielle. Mais saches-le une fois pour toutes. La Côte d’Ivoire n’est pas la propriété privée de ton mentor et son camp. Ils s’y sont déroulés les 31 Octobre et 28 Novembre 2010, les deux tours de l’élection présidentielle dans la transparence la plus absolue, sanctionnés par une victoire éclatante de Monsieur Alassane Dramane OUATTARA, certifiée par le représentant du secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire Monsieur Y. J CHOI. Résultat qui sera trituré et inversé par un Président de conseil constitutionnel, Monsieur Paul Yao N’DRE, plus attaché aux liens de l’amitié qu’aux canons d’objectivité et de vérité auxquels l’astreint sa fonction, en annulant les votes dans sept départements sans aucune raison valable. Dans une démocratie, le peuple est souverain et lors de ce scrutin éminemment démocratique, le peuple de Côte d’Ivoire, réalisant l’impéritie de la confrérie frontiste à lui assurer une existence quiète et épanouie, a décidé d’accorder sa confiance à un Monsieur, qui est le Docteur Alassane Dramane OUATTARA. (Alassane Dramane OUATTARA : 54.1 % / Laurent GBAGBO : 45.9 %). Cette énième et inutile crise nous est donc imposée par la volonté affichée de confiscation du pouvoir de cet homme incarnant un régime et une idéologie vermoulus que tu t’échines malhonnêtement à magnifier à travers un portrait dithyrambique. C’est peine perdue. Et pousser la bêtise jusqu’à présenter un tel homme comme quelqu’un qui a un amour sans faille pour son pays et pour l’Afrique, constitue pour nous une hérésie inqualifiable. Tu te méprends gravement, très chère grande sœur, au sujet de ce Monsieur.
Le paraître, n’est pas l’être. Ce qui se lit sur le visage ou dans les discours truffés de papelardise est loin d’être le reflet de ce qui est secrètement couvé dans le cœur. Laurent GBAGBO n’est ni indépendantiste ni souverainiste ni africaniste, encore moins panafricaniste. C’est juste pour lui des slogans scandés à hue et à dia pour s’assurer des dividendes politiques lorsqu’il est tétanisé par des difficultés. Cette stratégie, inspirée de la théorie machiavélienne du pouvoir, est connue de tous. Quand on est souverainiste ou indépendantiste, on ne cède pas à coups de signatures, les pans et les fleurons de son économie (CIE ; SODECI ; Terminal à conteneurs de Vridi ; Côte d’Ivoire TELECOM…) à la puissance coloniale. Egalement, on n’est nullement africaniste ou panafricaniste quand on passe le plus clair de son temps à instrumentaliser des jeunes gens au chômage et les utiliser comme nervis contre les ressortissants de pays frères africains les accusant d’être à l’origine des malheurs qui accablent la Côte d’Ivoire. Sous le régime GBAGBO, nombreux sont les allogènes Burkinabé, Malien… qui ont été dépossédés de leurs terres qu’ils ont mis des années à labourer, à cultiver par des populations autochtones montées et actionnées moyennant des billets de banque ou gorgées de préjugés xénophobes, racistes. Plus grave, ces tentatives d’excommunication sont ponctuées quelquefois d’affreux homicides quand les victimes essaient de se défendre, de résister.

Quel est donc cet africanisme, ce panafricanisme qui, a contrario des mouvements de la globalisation et de la mondialisation qui sont aujourd’hui des réalités irréfragables, consistent en un enfermement idiot sur soi-même, générateur de régression ? Et Pour ces luttes sans substance parce que frappées de plein fouet par la sclérose du temps, on se sert des enfants des autres comme chairs à canon pendant qu’on garde jalousement les siens au chaud, dans les pays techniquement et technologiquement avancés qu’on couvre pourtant quotidiennement d’injures, contre lesquels on rue dans les brancards pour peu qu’ils nous rappellent à l’ordre quand on sort de la droite ligne quant à l’observance des Droits de l’Homme, l’application des principes démocratiques. L’indépendantisme, le souverainisme, l’africanisme, le panafricanisme, ce n’est pas non plus mettre en péril des biens communs qu’on partage avec ses frères de la communauté ouest-africaine, en forçant les coffres forts d’une institution aussi prestigieuse comme la BECEAO. C’est aussi loin de consister dans la prévarication, les détournements de deniers publics pour ensuite les sécuriser dans les banques Suisse, française, américaine ou encore vendre à vil prix des biens immobiliers appartenant à l’Etat de Côte d’Ivoire à des sociétés immobilières occidentales. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Tu comprends donc chère grande sœur qu’il ne suffit pas de décocher par l’entremise de sa plume ou de discours démagogiques, des flèches trempées dans du vitriol à l’endroit des occidentaux pour se proclamer ou être reconnu comme patriote, souverainiste ou panafricaniste. Le panafricanisme, tel que conceptualisé par ses pères fondateurs, est bien autre chose que ce que nous servent les fidèles de la chapèle frontiste qui ont détruit ce beau pays jusqu’à la moelle et envenimé les rapports chaleureux et cordiaux que la Côte d’Ivoire entretenait avec les autres pays frères africains, européens, asiatiques, américains. Des individus de cet acabit ne méritent que les feux impitoyables de la géhenne et non le soutien de personnes adulées de par le monde comme toi. Pour être franc avec toi, tes déclarations de soutien à Laurent GBAGBO constituent à mes yeux une bévue pyramidale. Tu as failli à ta tâche.
Ressaisis-toi pendant qu’il encore temps. On peut tout marchander, sauf sa dignité, son honneur.

DIARRA CHEICKH OUMAR

Etudiant en instance de thèse

Sciences politiques

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