Adieu Awa !
Je ne cesse d’imaginer cette dernière scène de ta vie, où avec tes sœurs de ce pays, êtes descendus dans la rue ce 3 mars 2011, manifester pour que ton vote soit pris en compte.
Je ne cesse de revoir cette image du blindé rempli de tes compatriotes censés te protéger arriver et user d’armes lourdes sur toi. Des armes capables d’anéantir un troupeau d’éléphants.
Qu’as-tu fait de si odieux ?
Habitant Abobo, une commune pauvre et venant certainement du nord, ta vie ne valait pas grand chose pour eux. Et ils te l’avaient déjà prouvé en annulant simplement ton vote. Et il fut des intellectuels pour soutenir et le justifier.
Je ne cesse de te pleurer non pas parce qu’une ex-première dame dira encore que tu n’avais à ne pas y être, comme elle l’avait déjà dit concernant nos sœurs violées en 2000. Mais parce que ceux qui pouvaient l’empêcher ne l’ont pas fait.
Honte à vous Fds toutes tendances confondues. A part vous rallier sous réserve d’obtenir une chambre au golf, votre seul mérite à ce jour n’aura été que racketter les pauvres populations.
Maudit soit ce jour là car il restera une plaie ouverte sur nos consciences. La Côte d’Ivoire entière devra vivre avec cette page car tu porteras toujours le visage de nos mères. De nos sœurs et de nos compagnes. Ces personnes que nous devons plus que tout protéger.
Je soupçonne certains de ne pas se sentir concernés par ce qui t’est arrivé. Seulement de là où tu te trouves désormais, tu peux être rassurée car jamais tu n’avais été seule dans ce combat. Il y’aura des gens qui n’auront de repos que lorsque tous les coupables sans exception auront été capturés. Oui Awa, tu seras toujours ce totem auquel ils n’auraient pas dû toucher.
J’entends le silence troublant de toute la nation qui s’organise pour te prouver qu’elle tenait à toi. Parce que ta mort la transperce de douleur ! Cette Côte d’Ivoire qui a toujours su étonner le premier d’entre nous en se rassemblant dans les moments difficiles pour prendre ses responsabilités.
J’entends tes enfants, tes frères et ces millions d’ivoiriens ayant encore un amour propre, retrousser leurs manches. Mettre leurs baskets et s’organiser pour mettre fin à ce carnage. Afin que plus jamais dans ce pays quelqu’un n’ose lever la main sur une femme ! Afin que pointer le canon d’un fusil vers une femme n’existe à jamais que dans l’imagination des ivoiriens!
Oui toutes ces personnes qui ont compris qu’il vaille une fin effroyable plutôt qu’un effroi sans fin. Sans attendre que finisse de tergiverser une amorphe communauté internationale qui t’a sans cesse vendue les vertus de la démocratie mais qui ne t’a point soutenu jusqu’au bout.
Oui je te promets qu’il s’en ira dans les prochaines heures ce régime…tueur d’enfants et de femmes. Adieu Awa et merci d’avoir apporté jusqu’au bout ta contribution.
Arsène Sicailly
Club des Ivoiriens Démocrates CID
Genève/ Suisse
cid_swiss@hotmail.ch
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