Par Marie Normand RFI
« Quarante-huit heures après, on n’en est toujours pas revenus », avoue L’Observateur au Burkina, qui commente ce jeudi encore cette « incroyable diatribe » de Mouammar Kadhafi. Le journal y cherche, en vain, « le moindre signe de compassion », « le moindre remord ». Le dirigeant libyen, qui pour Le Pays toujours au Burkina, a « décidé de marcher et de régner sur des cadavres », « va rejoindre la poubelle de l’histoire ». Expression tirée de Liberté en Algérie.
« Le mouvement de déstabilisation des régimes arabes semble vouloir n’en épargner aucun », constate La Nouvelle République , toujours à Alger. « Existe-t-il un logiciel anti-régimes arabes ? » s’interroge le journal. Et le quotidien de s’étonner d’autant de similitudes, finalement, entre la Tunisie, l’Egypte et la Libye. Cette similitude, c’est surtout « l’inexistence d’une figure charismatique de l’opposition ». « Il s’en suit un grave problème, pense La Nouvelle République : pas de figure de l’opposition, donc pas de focalisation de l’espoir sur un visage et, par conséquent, pas d’apaisement du front du mécontentement populaire. Tout est à faire maintenant, car il va s’agir (…) d’une transition alors que les populations veulent une rupture ».
Liberté , au Togo, choisit d’évoquer, ce qu’il appelle « les vassaux subsahariens » de la Libye. Ces pays que Kadhafi, a réussi « à mettre sous sa coupe depuis quelques années, (…) grâce à l’immense richesse de son pays ». « Il y a des dirigeants de quelques-uns de ces Etats qui bradent leur souveraineté en se rabattant sur le Guide de la Jamahiriya, histoire de faire des réalisations largement au-dessus de leurs moyens », ou de « payer des salaires dans leurs propres pays », et qui « dans l’impossibilité de rembourser, (…) sont obligés d’hypothéquer les biens de l’Etat ». « C’est le cas du Togo, poursuit Liberté, avec comme exemple la situation actuelle que connaît l’Hôtel du 2 Février devenu une propriété de Kadhafi en terre togolaise ». « Au moment où le grand bienfaiteur de ces dirigeants subsahariens se trouve en difficulté (…), conclut le journal, la peur ne peut que s’emparer de la plupart de ces « vassaux » qui ont toujours profité de lui ».
Côte d’Ivoire : les journalistes au cœur de la crise
« La lente agonie du journalisme ivoirien », titre Le Nouveau Réveil , qui appelle les deux camps rivaux Gbagbo/Ouattara ainsi que la société civile à respecter le droit à l’information et à la liberté d’expression. « Les journaux de tous bords éprouvent les pires difficultés à travailler sur le terrain », explique le quotidien abidjanais qui reprend un communiqué de Reporters Sans Frontières. « Il est pratiquement interdit aux journalistes proches du camp Gbagbo d’accéder et de travailler dans les zones Centre, Nord et Ouest, toujours sous contrôle des Forces nouvelles (…) qui ont rallié le camp Ouattara. Dans le Sud, contrôlé par Laurent Gbagbo, la presse favorable à Alassane Ouattara est, à l’inverse, indésirable ». Intimidations, agressions, enlèvement. « [Il] est devenu quasiment impossible pour [les journalistes ivoiriens] d’exercer librement leur profession ».
Le Mali, tiraillé par deux crises…
Côte d’Ivoire. Libye. Deux crises très différentes, qui affectent le même pays : le Mali. C’est ce qu’on apprend dans Le Combat ce jeudi 24 février, pour qui le Mali risque d’être frappé de plein fouet par ces deux événements combinés. « Le Mali est parvenu à résister stoïquement aux effets collatéraux de la crise ivoirienne », peut-on lire. Il y en a deux: de grandes difficultés d’approvisionnement en produits de première nécessité et le gel des envois de la diaspora installée en Côte d’Ivoire. C’est la première destination de la diaspora dans le monde rappelle Le Combat. « La crise libyenne risque fort de venir à bout de l’endurance [du pays] », soutient le journal malien, car la Libye est l’un des principaux bailleurs du Mali. « Le Guide et sa Famille, détaille le journal, sont aujourd’hui acquéreurs et principaux investisseurs (…) dans de nombreuses structures hôtelières, bancaires, agricoles ».
« Pétard mouillé »
Au Cameroun, ce mercredi 23 février était le jour anniversaire du début des émeutes de février 2008, réprimée dans le sang par la police et l’armée. « Jour de vérité » pour le Cameroun, écrivait le quotidien local Mutations , après les différents appels à manifester contre le président Paul Biya, sur les modèles tunisiens et égyptiens. Alors, la révolution du jasmin (…) a-t-elle « traversé le Sahara et gagné petit à petit l’Afrique centrale », comme l’écrit Le Potentiel en République Démocratique du Congo ce jeudi ? Non, écrit Cameroon Tribune , pour qui la mobilisation n’était qu’un « pétard mouillé ». « Les populations de Douala, commente le journal, visiblement échaudées par le souvenir de février 2008, ne veulent plus se lancer « à l’aventure» ». Difficile de sortir dans les rues, étant donné l’omniprésence des forces de l’ordre, détaillée par Mutations. Pour le quotidien camerounais, Douala était une « ville militarisée » ce mercredi, avec « des « chars à eau », des camions bondés de policiers venus des villes voisines en renfort, pour étouffer la « semaine des martyrs » ».
A Yaoundé non plus, poursuit Mutations , le « Boulevard du 20 mai » n’a pas épousé le visage de la célèbre «Place Tahrir » [en Egypte], comme l’annonçaient certains leaders de l’opposition ». L’opposition camerounaise qui promet, selon le journal, de « changer son fusil d’épaule ».
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