Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude devant la dégradation croissante des conditions de travail des journalistes en Côte d’Ivoire. Menacés, agressés, intimidés, il leur est devenu quasiment impossible pour eux d’exercer librement leur profession. Nous appelons les deux camps rivaux Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ainsi que la société civile à respecter le droit à l’information et la liberté d’expression. L’ensemble de la profession, sans distinction, est victime du pourrissement de (…)
Côte d’Ivoire – La lente agonie du journalisme ivoirien
Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude devant la dégradation croissante des conditions de travail des journalistes en Côte d’Ivoire. Menacés, agressés, intimidés, il leur est devenu quasiment impossible pour eux d’exercer librement leur profession.
Nous appelons les deux camps rivaux Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ainsi que la société civile à respecter le droit à l’information et la liberté d’expression.
L’ensemble de la profession, sans distinction, est victime du pourrissement de la situation politique. Les journaux de tous bords éprouvent les pires difficultés à travailler sur le terrain. Il est pratiquement interdit aux journalistes proches du camp Gbagbo d’accéder et de travailler dans les zones Centre, Nord et Ouest (CNO) toujours sous contrôle des Forces nouvelles (ex-rébellion armée) qui ont rallié le camp Ouattara. Dans le Sud, contrôlé par Laurent Gbagbo, la presse favorable à Alassane Ouattara est, à l’inverse, indésirable.
Le 18 février 2011, sur instruction de Raymond Tchimou, procureur de la République près du Tribunal de Première Instance, des responsables et journalistes des quotidiens Le Démocrate, Le Mandat, Nord Sud Quotidien et Le Nouveau Réveil ont été entendus pendant plusieurs heures par la police criminelle. Ces auditions ont été supervisées par Mamadou Diakité, substitut du Procureur, sur la base d’un document établi par le parquet d’Abidjan intitulé « Impact de la presse d’opposition sur la crise post électorale de Côte d’Ivoire ». Dans la soirée du 18 février, selon les informations rapportées par la direction de Horizon Média, la société éditrice du quotidien Le Mandat (pro Ouattara), un équipage du Centre de commandement des opérations de sécurité (CECOS) a agressé l’équipe du journal qui se rendait à l’imprimerie, empêchant la parution du journal le samedi 19 février.
Arrêtés sur la base aérienne d’Abidjan (BAA) et détenus depuis le 28 janvier, Sanogo Aboubakar, dit Abou Sanogo, et Kangbé Yayoro Charles Lopez, dit Gnahoré Charly, de TV Notre Patrie ont été écroués à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) sur instruction du procureur d’Abidjan-Plateau.
Dans un communiqué rendu public le 18 février, le nouveau président du Conseil national de la presse (CNP), Deby Dalli Gbalawoulou, a adressé une sévère mise en garde aux médias nationaux et les a menacés de sanctions lourdes. Le Groupement des éditeurs de presse de Côte d’Ivoire (GEPCI) a suspendu sa participation à la nouvelle direction du CNP.
Le 22 février, un chauffeur de Nord Sud Quotidien a été enlevé par des hommes en armes circulant à bord d’une voiture banalisée. On est toujours sans nouvelles de lui.
Le lendemain, le CNP a sanctionné le Jour Plus et Le Nouveau Réveil d’une amende d’un million de francs CFA (environ 1524 euros) pour avoir publié une contribution qui ferait l’apologie de la violence.
« Nous appelons l’ensemble du secteur des médias à ne pas attiser la haine et les tensions sociales dans le contexte délicat et troublé que connaît actuellement la Côte d’Ivoire. Il est plus que jamais nécessaire de faire preuve de déontologie et de respecter l’éthique de la profession. Le journalisme de propagande est à proscrire à tout prix afin d’éviter de graves dérapages », a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Posted: 2011-02-23 15:36:56
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