L’Intelligent d’Abidjan
L’ex-patron de la défunte société ‘’Comstar-Cora’’, Alexandre Galley que nous avons rencontré, fait des révélations sur l’affaire ‘’Warid-Comstar’’ et pointe d’un doigt accusateur Affi N’guessan. Très remonté, l’homme ne va pas du dos de la cuillère. Il explique les dessus de l’affaire, parle des contradictions entre la classe dirigeante en Côte d’Ivoire et dénonce les entorses faites dans les dossiers judiciaires, préjudiciables aux justiciables. Interview.
On parle de Comium et Warrid ; toutes ces structures ont-elles un lien ? Qu’en est-il exactement ?
Il s’agit d’associés en affaire qui ne se sont pas entendus comme ça arrive dans le monde. Et, en général dans le monde des affaires, quand il n’y a pas entente entre les associés, il y a ce qu’on appelle des arrangements à l’amiable. Nous ne nous sommes pas entendus. Dans un état de droit face à cela, on va en justice. Et, lorsque la justice a tranché comme c’est le cas, en général, cela s’applique à tout le monde. Même au Président de la République. Au nom des principes de la séparation des pouvoirs dont on en parle aujourd’hui. Hier, on n’en parlait pas, aujourd’hui on en parle. Je dirais simplement que quand ce conflit est survenu, nous sommes allés en justice, nous avons gagné à la Cour d’appel. A la Cour suprême, c’est-à-dire en cassation. Cette décision s’imposant à tous même à l’Etat de Côte d’Ivoire. Au moment où, nous avons exécuté la décision, le gouvernement ivoirien par le biais du Premier ministre d’alors, Affi N’Guessan est intervenu pour arrêter les décisions de justice. Nous causant ainsi un préjudice énorme et pratiquement irréparable. Je me souviens encore que nous avons été reçus à la primature en présence de maître Taloé Viviane, Notaire de résidence à Abidjan, de Me Kadidja Touré et l’un de mes associés Ali Ali. Et lorsque nous avons été reçus en présence des diplomates américains et de nos adversaires, Monsieur Affi N’Guessan a déclaré et cela a été l’objet d’un procès verbal que, s’il savait que cette décision, poserait un problème important à l’Etat de Côte d’Ivoire, il aurait donné des instructions pour que nous ne gagnions pas le procès. Je rappelle que monsieur Sène Oulaï ancien Garde des sceaux était présent, ainsi que Monsieur Achi Patrick, ministre des infrastructures. Il est allé plus loin en disant que, nous nous vantions d’avoir des décisions de justice mais en Côte d’Ivoire, même la Cour suprême rend des décisions nocturnes. J’ai été offusqué d’entendre de telles déclarations qui n’honoraient pas mon pays et le salissait. En tant que démocrate et homme d’affaire, partisan de l’Etat de droit, je suis sorti de cette salle. Protestant ainsi contre ce que monsieur Affi N’Guessan avait déclaré. Il y a des principes dans la vie. Et nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Lorsque monsieur Affi N’Guessan faisait ce genre de déclaration, il croyait nous faire du mal. Mais, il ignorait qu’il y a des lois qui sont immuables.
Quand cette histoire a-t-elle commencé ?
En 2001, au mois de juin. Aujourd’hui, je suis surpris qu’on parle d’Etat de droit, qu’on parle de décision de justice qu’elle soit bonne ou pas ; mais qui s’imposent à tous. Ignorant ainsi ou faisant semblant d’ignorer que la Cour constitutionnelle est un démembrement de la Cour suprême en réalité. On ne peut donc pas dire qu’une décision de 51% ne peut être exécutée et dire qu’une autre décision aujourd’hui de 51% doit être exécutée. Mais lorsque le Président Barack Obama reçoit sur son bureau un procès verbal disant qu’en Côte d’Ivoire les décisions judiciaires sont prises de façon nocturne et qu’il fallait qu’il donne des instructions, vous comprenez bien que tous ceux qui parlent aujourd’hui de souveraineté en sont pour leur frais.
Selon vous, l’affaire Comstar est comparable à la crise que traverse la Côte d’Ivoire aujourd’hui…
Je dis tout simplement, qu’il y a des similitudes. Madame Gbagbo elle-même disait que, lorsque dans un pays, on ne respecte pas le droit, on ne respecte pas les décisions de justice, cela veut dire qu’on est dans le faux. Donc, ils étaient dans le faux parce qu’ils n’ont pas exécuté les décisions de justice en faveur d’un Ivoirien, dans son propre pays et qui n’a pas pris les armes, qui n’a pas les mains tâchées de sang et qui ne s’est pas fait justice. Ils l’ont justifié en arguant qu’il y avait l’Agoa et qu’il y avait des intérêts commerciaux en jeu. Or, en son temps, nous savons été les premiers militants de l’Etat de droit. Nous faisons partie de ceux qui se sont battus mais nous avons vécu des injustices. Alors, nous avons dit que les conditionnalités de l’Agoa sont claires : Sécurité, Etat de droit, respect des décisions judicaires etc. on n’a pas voulu nous écouter. A l’époque, Jean Claude Amon, conseiller spécial du Président Laurent Gbagbo en charge des infrastructures industrielles est passé à la télévision pour dire que, monsieur Galley menaçait les intérêts de l’Etat de Côte d’Ivoire. Parce que, je voulais faire exécuter une décision judiciaire de l’Etat de Côte d’Ivoire, donc souveraine. Et maintenant, on nous parle de souveraineté. La souveraineté, c’est d’abord l’exécution des décisions de justice. Mais est ce que la loi est impersonnelle ou non ? Est-ce que la loi en Côte d’Ivoire s’applique à géométrie variable, c’est-à-dire en fonction des intérêts des partis politiques ou des individus? Il faut bien qu’on nous explique cela. Dans quel pays sommes-nous ?
Où voulez-vous en venir ?
Je veux dire que, nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Lorsqu’hier, on nous disait que la Cour suprême rendait des décisions nocturnes et qui ne sont pas à exécuter, aujourd’hui qu’on ne nous parle pas d’autres choses. Parce que, les décisions judiciaires en Côte d’Ivoire ne sont pas valables. Je constate que curieusement, nous nous avons eu aussi 51%. Aujourd’hui il y a des gens à qui on attribue 51%. Il y a un Dieu pour tous. Ils ont bloqué tous nos comptes. Voilà qu’ils sont, eux aussi sont dans la même situation. Les Ivoiriens n’ont pas de problème entre eux. J’ai été brimé dans ce pays, ils ont voulu m’ôter la vie parce que j’avais des décisions de justice. Et pourtant, je suis Dida et celui qui m’a aidé dans ce pays est baoulé. Nous sommes des hommes d’affaires et nous disons que pour, qu’un pays fonctionne, il faut deux choses : la première c’est la vérité. Il faut avoir le courage de l’exprimer, de la soutenir. La deuxième, c’est la justice. Quand vous voyez un pays qui est en guerre, c’est parce ces deux choses ne fonctionnement pas.
Voulez-vous dire que ceux qui défendent les valeurs démocratiques, qui disent qu’il faut respecter les Institutions, la souveraineté ne sont pas dans le vrai?
Où étaient-ils hier ? Ils ont eux-mêmes dit dans le temps que la justice ne devait pas fonctionner. Et, parce que quelqu’un avait une décision de justice en sa faveur, on a cherché à le tuer. Alors comment peuvent-ils dire, pendant que ce sont les mêmes juges qui prennent les décisions que telle décision est valable et une autre ne l’est pas? On ne peut vivre dans un pays où, il y a autant de contradictions, de corruption, où la justice est fonction de la tête du client. Ce n’est pas possible !
Et, c’est toute cette contradiction que nous vivons aujourd’hui. Hier, quand nous étions en train de pleurer et qu’on envoyait après nous des escadrons de la mort à Sococé, ceux qui sont allés nous chercher, capitaine Abéhi qui est aujourd’hui commandant, était-ce leur rôle ? Il y a bien une police criminelle et économique? Est-ce qu’il appartient à des officiers d’ordonnance du Président de la République d’aller appréhender un citoyen qui a gagné des décisions de justice dans le cadre d’une affaire commerciale ? Il faut respecter la justice totalement.
Après Comstar-Cora, on vous a annoncé dans une affaire liée à Comium et warrid. Quel lien avez-vous avec ces structures.
La licence de ‘’Cora’’ a été attribuée par le Président Henri Konan Bédié. Nous ne l’avons donc pas eu sous le régime Gbagbo. En 2001, Il y a eu une loi en Côte d’Ivoire et cette loi dit qu’il y a trois licences et que la quatrième licence devrait faire l’objet d’un appel d’offre. Et, cette loi a fait l’objet d’un décret d’application. Mais, il y a à ce jour à peu près 7 licences. On nous a spoliés non pas pour défendre les intérêts supérieurs de la Côte d’Ivoire, comme on veut nous le faire croire. On a voulu nous assassiner soit disant dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire. C’est faux ! Tout cela était une mise en scène d’un système mafieux. C’est-à-dire qu’on arrache une licence à quelqu’un parce qu’il y a eu mésentente entre les associés. Cette licence alors que, nous avions écrit au Premier ministre et le courrier existe, pour l’interpeller sur le fait que, si les Américains doivent se retirer, sachez que ceux-ci ont été condamnés par la Cour pénale d’Abidjan. Et, en droit, le pénal tient le civil en respect. Il y a une décision pénale qui les condamnait à 6 mois d’emprisonnement pour faux et usage de faux. Et, disant clairement qu’ils n’ont aucun titre dans Cora. Pourtant, nonobstant cette décision qui s’impose à l’Etat de Côte d’Ivoire, certains individus de par leur position ont bravé la loi et sont allés vendre cette licence à une société appelée aujourd’hui Comium. Ils ont indemnisé les Américains et les Ivoiriens que nous sommes, ont été oubliés.
Vous n’avez jusque là rien perçu ?
Nous n’avons rien perçu dans cette affaire. Ce qui s’est passé, c’est qu’on a arraché la société d’un Ivoirien pour la donner à des Libanais. Je voudrais aller plus loin pour dire que le 5 août 2004 à 16 heures, le président de République a reçu les populations de Lakota, le chef suprême des Abbey d’Abobo, les Abidji, tous les alliés des Dida. Il leur a dit droit dans les yeux que cette société c’est la société de Galley. Et que le lundi, qu’il vienne on va lui donner son argent, ses 5 milliards de FCFA et on va le restaurer pour qu’il reprenne sa société.
Et jusque là rien n’a été fait?
Zéro ! On a été encore une fois roulé dans la farine. Ce n’est pas sérieux ! On cite aussi le nom de maître Dadjé, l’avocat de la Première dame, Simone Gbagbo dans l’affaire Comium, Warrid. On ne peut pas cacher le soleil avec une main. Une chose est certaine. Tous sont impliqués. Le ‘’Nouveau réveil’’ a fait un reportage dessus et ça n’a jamais été démenti. Il disait que, c’est à Moossou que les Jaber Fahousi chargé de mission du Président Gbagbo Laurent que, cette histoire a été réglée. Est-ce à Moossou qu’on doit régler une affaire pareille ? Soit nous sommes dans un Etat de droit, soit nous ne le sommes pas. L’Etat de droit c’est pour tous, il protège les intérêts même du plus faible. Nous avons porté plainte pour agression mais ça n’a rien donné. Il faut être honnête dans ce pays si on veut arriver à la paix. Si, nous en tant qu’Ivoiriens avons des problèmes, il appartient à monsieur Laurent Gbagbo qui a prêté serment de défendre nos intérêts. L’a-t-il fait et pourquoi ?
Vous sous-entendez dire que le Président Laurent Gbagbo n’a pas défendu vos intérêts?
Il n’a pas défendu nos intérêts. Aujourd’hui dans les télécoms, ce sont tous les Libanais, des libyens, les capitaux aux étrangers. Tout sauf des Ivoiriens.
Pourquoi avoir dit que les intérêts des Ivoiriens ne sont donc pas vraiment défendus.
Si, les intérêts des Ivoiriens sont ceux des Libanais ok ! Mais pour moi, l’intérêt des Ivoiriens, c’est celui des Sénoufo, des Djimini, des Tagbanan, des Adjoukrou etc. en vendant nos sociétés aux libanais si c’est cela défendre nos intérêts, je dis bravo !
Pourquoi avoir choisi ce moment de crise pour vous exprimer ?
Mon objectif, c’est d’emmener chacun à faire son mea-culpa et voir si nous avons été justes. Et, si réellement, on a respecté le droit des autres. Je me rappelle avoir fait une interview avec Bna, en ligne et j’ai dit clairement au Président Gbagbo que, lorsque Dieu t’élève, il ne t’élève pas seul. Il élève qui sur le plan artistique, qui sur le plan sportif, économique etc. Mais si ces gens que Dieu a élevés ont leurs droits bafoués, vous devez comprendre qu’un jour, Dieu vous emmènera dans une situation où vous serez obligé de défendre ce que les gens on défendu avant vous.
Voulez-vous dire que, c’est dans ce cas que nous sommes ?
Effectivement. Et pour un seul individu, Dieu ne regarde pas si vous êtes Président ou pas. Dieu aime tous ses enfants. Et si vous causez une injustice à l’un d’eux vous allez en payer le prix. On pense que, la vie est simple. Non ! Il faut avoir les yeux spirituels pour comprendre la vie. On ne foule pas au pied les intérêts d’autrui gratuitement parce qu’on est puissant.
Que doit-on comprendre ?
Il y a un an, je disais à un journaliste que la décision sera appliquée un jour et il m’a dit «et si le Président Gbagbo ne l’exécute pas». Je lui ai répondu que, si le Président ne le faisait pas, Dieu va envoyer quelqu’un au pouvoir pour l’exécuter. Parce Dieu est Dieu, il est le Dieu de vérité et de justice. De toutes les façons, cette société va nous revenir.
Donc vous gargez toujours espoir ?
Totalement ! Parce que nous avons confiance en Dieu. Nous n’avons pas d’armes mais cette décision va s’appliquer un jour. Si, nous avions pris des armes parce que ça fait très mal de perdre 100 milliards de chiffre d’affaires chaque année, la situation aurait été autrement. Mais, l’arme la plus fatale, c’est celle de Dieu et notre Dieu va exécuter lui-même cette décision.
En êtes-vous sûr ?
Quand on est chrétien, on privilégie la justice. Donc, à partir du moment où les écritures sont claires, la justice de Dieu s’accomplit. Quand on n’aime pas la justice, c’est qu’on s’oppose à Dieu. Or, il est le plus fort. Que tous les Ivoiriens prient pour la paix. Si vous n’êtes pas dans la vérité, c’est que vous n’aimez pas la paix. Arracher le bien des ivoiriens pour les vendre aux libanais, aux chinois, si c’est cela la décolonisation, je préfère rester dans la colonisation française que de vivre dans celle des libanais qui sont toujours dans les magouilles. J’en suis sûr et convaincu. Parce qu’un croyant ne doute de rien.
Interview réalisé par Huberson Digbeu coll. Paul Aléa
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