Peu avant la prière du vendredi, le Sénégal a appris avec stupeur la tentative d’immolation par le feu d’Omar Bocoum. Cet acte désespéré de l’ancien militaire invalide s’est produit peu avant 11 heures devant les grilles du palais présidentiel sis au plateau, dans le quartier des affaires à Dakar. Le malheureux a succombé à ses brulures dans la soirée.
Après le Maghreb, l’immolation par le feu commence à faire des émules en Afrique subsaharienne. Ce vendredi 18 février 2011, peu avant 11 heures, Omar Bocoum, un ancien militaire invalide, est passé à l’acte devant les grilles du palais présidentiel, dans le quartier des affaires au Plateau, en plein centre-ville de la capitale sénégalaise. Conduit à l’hôpital, il a rendu l’âme quelques heures après.
Ce sont des témoins encore le choc que nous avons trouvé sur les lieux vers 12 heures. Encadrés par un impressionnant dispositif des forces de l’ordre, les alentours du palais présidentiel et de l’hôpital Principal, situé à quelque encablure, et où a été évacué le blessé était sous bonne garde pour éviter toute manifestation. Selon des explications, les unes aussi contradictoires que les autres, nous sommes parvenus à reconstituer le film du drame.
Peu avant 11 heures, Omar Bocoum se présente devant les grilles du palais muni d’un bidon contenant apparemment de l’essence, d’un briquet et d’une lame de rasoir. L’homme s’asperge d’essence, se lacère l’avant bras pour tenter se s’ouvrir les veines avant d’allumer son briquet. Ayant compris ses intentions, les gendarmes en faction accourent. Mais le mal est déjà fait. L’homme s’écroule. Le feu est maitrisé et l’ancien militaire est conduit par les sapeurs pompiers à l’hôpital Principal, situé à 200 mètres. Avec plus de 80% de son corps qui aurait été atteint par les flamme et brulé au 3e degré, il a été admis en salle de réanimation aux urgences. Il a succombé à ses brulures dans la soirée.
L’acte d’Omar Bocoum, membre de l’Association nationale des invalides et veuves de militaire, était prémédité. En effets, dans sa livraison du 14 février dernier, un quotidien sénégalais avait fait part de la volonté des anciens militaires démobilisés de passer à la vitesse supérieure pour obtenir de meilleurs traitements. Ces derniers qui n’ont cessé d’organiser des marches de protestations et des grèves de la faim cherchent depuis 2007, date de leur dernière audience avec le chef de l’Exécutif sénégalais, à rencontrer Me Abdoulaye Wade. Mais en vain. Ils réclament leur réintégration dans d’autres services de l’armée pour certains et une augmentation de la pension pour d’autres. Celle-ci varie entre 10 et 40.000 Fcfa. Au nombre de 6000 présentement, l’Association accueille chaque semaine de nouveaux membres à cause de la crise en Casamance. Et pour couronne le tout, les manifestations des anciens militaires sont violemment réprimées dans le sang par la police. Une incongruité qui avait provoqué l’ire des populations l’année dernière.
Omar Boboum est mort de ses brulures sans avoir eu le temps de voir le président. Et comme pour ne rien arranger, d’autres membres de l’Association comptent imiter son acte dans les prochains jours. Parmi eux, on dénombre deux dames prêtes à se suicider par le feu.
C’est la troisième fois qu’un sénégalais s’immole par le feu. En 2007, Penda Kébé, une nièce de Me Wade était passée à l’acte en Italie, après le refus du protocole de la laisser voir le président. Un an plus tard, soit en 2008, Kéba Diop, un commerçant, avait fait pareil pour les mêmes motifs. Ironie du sort, ils n’ont jamais pu voir le président.
Moussa TALL
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