« Gbagbo ramène la Côte d’Ivoire plus de vingt ans en arrière »

Ainsi donc, ce qu’on craignait va arriver : la confrontation. L’entêtement de Laurent Gbagbo et la détermination d’Alassane Ouattara rendent aujourd’hui inévitable cette option. Reste à savoir combien de temps va prendre l’affrontement. Chaque camp se disant prêt à aller jusqu’au bout dans la bataille.

Avec détermination et optimisme, chacun déclare avoir  »la promesse de la victoire » dans cette guerre.

Mais si le Dieu que nous invoquons et servons est un  »Dieu de justice », la  »victoire finale » ne pourra que revenir au candidat du RHDP (Alassane Ouattara)  »largement vainqueur » de la Présidentielle du 28 novembre 2010.
A contrario, on ne voit pas ce qui motive le camp Gbagbo pour décider d’en découdre pour je ne sais quel idéal. Nous sommes en démocratie dont les élections constituent l’un des vecteurs essentiels.

Chacun doit reconnaître sa position à l’issue du scrutin. Et quand on va aux élections, il y a un vainqueur et un perdant. La position d’Alassane Ouattara c’est qu’il a été élu avec 54,10% des voix, et celle de Laurent Gbagbo, c’est qu’il a perdu avec 45,90% des suffrages. En ne reconnaissait pas cette  »large victoire » de Ouattara, Gbagbo joue un mauvais jeu, voire un  »jeu dangereux » qui place la Côte d’Ivoire au dernier rang des pays démocratiques (ou au premier rang des pays anti-démocratiques, ce qui revient au même !). Certes, le candidat de LMP (La Majorité Présidentielle) dit, après avoir combattu farouchement pour la démocratie, qu’il n’est  »pas candidat au Prix Nobel de la Démocratie ». Soit. Mais il jette l’opprobre non seulement sur le pays d’Houphouët-Boigny, naguère si respecté dans le monde, mais ramène la Côte d’Ivoire plus de vingt ans en arrière pour en faire une  »république bananière » ! Véritable trahison !

Une chose est vraiment sûre aujourd’hui : Gbagbo ne va jamais accepter de céder le pouvoir au vainqueur de la Présidentielle du 28 novembre ! Ceci quelle que soit la décision du  »panel des chefs d’Etat africains » qui arrive ! Il l’a dit et redit avant, pendant et après le scrutin : »J’y suis, j’y reste ! ». Il faut donc la  »force » pour l’obliger à partir.  »Je ne connais pas un dictateur qui quitte le pouvoir par la négociation ! » dit justement Guillaume Soro qui, par ailleurs, nous fait comprendre que dans ce  »combat de libération », la Côte d’Ivoire ne peut compter que sur ses  »propres fils ». Ce n’est donc pas  »l’extérieur » (la communauté internationale, la France, les Etats-Unis, l’ONU, l’UE, l’UA ou la CEDEAO) qui viendra  »libérer la Côte d’Ivoire » des mains du  »Pharaon ivoirien ».

Cette  »vérité » a toujours été défendue par Soro et Ouattara depuis le début du  »hold-up électoral » de Gbagbo, mais s’ils ont consenti à  »négocier » (médiations de l’UA, de la CRDEAO notamment), c’est parce que, d’abord de nombreuses bonnes volontés – africaines et internationales – avaient souhaité régler le problème de  »façon pacifique », pour éviter que la Côte d’Ivoire ne retombe dans la violence; ensuite, parce que,  »fils d’Houphouët-Boigny », donc hommes épris de paix, ils ne voulaient pas que le sang coule de nouveau dans notre pays. La voie de la négociation avait cet avantage qu’elle pourrait permettre d’arriver à un  »compromis » en vue de  »gouverner ensemble le pays dans la paix ». Or, avec la guerre, celui qui gagne va imposer son point de vue. Ce qui risque de nous maintenir encore plus longtemps dans la crise.

Les négociations étaient donc la  »meilleure voie ». Hélas, environ trois mois après, aucun progrès n’est visible dans les nombreuses médiations. Il faut donc passer à autre chose : la force ! Certes, la guerre, lorsqu’elle commence, on ne sait pas quand elle se termine, ni à qui appartiendra la victoire. Sans oublier les morts et autres atrocités et calamités. Raison pour laquelle justement la voie du règlement pacifique avait été préconisée. Mais aujourd’hui cette voie apparaît sans issue, à cause de l’entêtement du  »président démocratiquement battu » tout décidé à  »confisquer le pouvoir ». Par  »tous les moyens », quel qu’en soit le prix à payer !

Il n’y a donc que la force qui peut faire partir le  »président braqueur ». D’ailleurs, sans la guerre, on enregistre déjà plus de 300 morts et de nombreux blessés, disparitions et arrestations. Il vaut donc mieux engager les hostilités. Pour en finir en même temps !

Il faut reconnaître qu’Alassane Ouattara a été patient. Cela fait environ trois mois qu’en tant que  »président démocratiquement élu », il reste reclus, cloîtré comme un moine à l’Hôtel du Golf. Tandis que le  »président démocratiquement battu » se pavane comme un paon faisant la roue au Palais de la Présidence. Guillaume Soro vient donc de sonner le tocsin : trop c’est trop ! Certes, ce  »tocsin » peut être une simple action de pression sur le panel des chefs d’Etat qui vient rendre son verdict. Mais ces  »déclarations sans effet » (donc ces ‘bluffs »), les Ivoiriens commencent à en avoir marre !

Le 21 février 2011 doit être le déclenchement de la  »révolution ivoirienne ». A l’instar de la Tunisie et de l’Egypte, qui viennent d’inaugurer la voie de la  »démocratie par la rue ». Après l’échec des  »conférences nationales », des  »coups d’Etat salutaires » (on parlait de  »la démocratie par les armes » !)… la  »démocratie par la rue » est certainement la  »nouvelle voie » à explorer pour imposer le système aux  »Dacoury-aux-oreilles dures » (Amédée Pierre) !

Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire !

K. K. MAN JUSU
E-Mail : kkmanjusu@yahoo.fr

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