Comment Bolloré et Bouygues soutiennent Gbagbo (Le Monde)

Le président sortant de Côté d’Ivoire Laurent Gbagbo a confié des pans entiers de l’économie ivoirienne à des entreprises françaises, dont Bouygues et Bolloré. Elles sont devenues un des éléments clés qui lui permettent de rester en place.

Le Monde y consacre un long article très détaillé.

Monde Gbagbo

600 entreprises françaises sont implantées en Côte d’Ivoire, elle assurent à elles seules 40 % des recettes de l’Etat. Parmi elles, Bolloré, qui gère le port d’Abidjan, Bouygues, qui contrôle la distribution de l’électricité et de l’eau, Orange et ses 5 millions de clients ivoiriens, Accor, la Société générale ou encore Total.

Selon le Monde, les chefs d’entreprise souhaitent rester neutres dans le conflit qui oppose le président sortant, Gbagbo, au président élu, Allassane Ouattara. « Cette neutralité affichée favorise de fait Laurent Gbagbo, le président sortant qui se maintient de force au pouvoir et continue de contrôler l’armée et l’administration fiscale », analyse le journal. Les chefs d’entreprise n’ont pas toujours le choix : ils doivent payer leurs impôts au Trésor public, qui se trouve être contrôlé par Gbagbo, selon le patron de la filiale ivoirienne d’un grand groupe français. Certains ont été victimes de représailles. « Jean-Louis Billon, le président de la chambre de commerce de Côte d’Ivoire, qui avait appelé ses adhérents à suspendre leurs versements au fisc, s’est vu retirer son passeport ivoirien et vit dans la crainte », raconte Le Monde.

Certains défendent leur neutralité par le souci d’assurer la sécurité de leurs salariés. « On demande au monde économique de jouer un rôle que les politiques refusent d’assumer, tonne un grand patron. La communauté internationale nous demande d’étrangler un régime, au risque de faire souffrir la population, alors qu’elle refuse de recourir à la force. »

Le rôle clé des entreprises n’a pas échappé au gouvernement français. Le 11 janvier, le ministre de la coopération, Henri de Raincourt, a rencontré les responsables du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN).  » Il nous a demandé si nos entreprises pouvaient jouer un rôle pour amener Gbagbo à plier », raconte Anthony Bouthelier, président délégué du CIAN. Nous lui avons répondu : « Aucun », raconte-t-il au Monde.

Mais leur neutralité s’explique aussi par une certaine collusion entre le régime de Gbagbo et les entreprises.  » Gbagbo a toujours essayé d’acheter la complaisance de la France en favorisant Bolloré et Bouygues « , explique un spécialiste des relations franco-ivoiriennes. Pour preuve, des avantages donnés aux entreprises à la veille des élections présidentielles.

La palme de l’implantation française en Côte d’Ivoire revient sans conteste à Bolloré, souligne Le Monde. « Le groupe domine le secteur des transports et étend sa présence aussi bien à la réparation navale qu’aux secteurs du caoutchouc, du tabac ou du cacao. En France, Vincent Bolloré contrôle aussi Euro RSCG Worldwide, dont le coprésident exécutif, Stéphane Fouks, a dirigé la communication de M. Gbagbo pendant la campagne présidentielle, lui fournissant une série de sondages qui tous lui prédisaient une éclatante victoire ». Acrimed soulignait d’ailleurs que les journaux gratuits de Bolloré (Direct matin – associé également au Monde – et Direct soir) ménagent étrangement Gbagbo. Nous vous en parlions ici.

arretsurimages.net

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