Mawlid 2011 l’Imam Koudouss aux Ivoiriens et Ivoiriennes: « Transformons notre passé divisé en un avenir partagé »

L’Intelligent d’Abidjan

Accusé de rouler pour Gbagbo, l’Imam Koudouss: « Je ne suis ni LMP ni RHDP »

« Transformons notre passé divisé en un avenir partagé »

« Tous les grands hommes de Dieu ont été calomniés »

Le Conseil National Islamique (CNI) a célébré dans la nuit du lundi 14 au mardi 15 février 2011 le Mawlid 2011. Dans son traditionnel sermon, son président le Cheikh Ul Islam Idriss Koné (Koudouss) a invité les Ivoiriens à transformer l’héritage de la déchirure nationale en force pour la cohésion post-crise. Avant de se défendre d’être un religieux-politicien. Mieux, de rouler pour le leader de La Majorité Présidentielle (LMP) en l’occurrence Laurent Gbagbo.

Annoncé sur fond de dissension et de confusion au sein de la communauté musulmane de Côte d’Ivoire, le Mawlid 2011 a été officié par le CNI à la mosquée Bilal de Yopougon dans la nuit du lundi 14 au mardi 15 février 2011. Devant une assistance modeste, près de mille fidèles (ce qui est rare pour les activités du CNI), l’Imam Idriss Koudouss, entouré à cette occasion de culte d’une délégation du forum a instruit ses coreligionnaires sur la portée de la célébration de l’anniversaire du « sceau des messagers », le messager de l’Islam le prophète Mohamed (SAW). Pour le dignitaire religieux, cette commémoration justifie la vénération et l’amour que les musulmans vouent au glorieux prophète (SAW) et qu’elle traduit le souvenir du passage de l’obscurité à la lumière, de la mort à la vie de toute l’humanité. « C’est une occasion à nous offerte afin que Dieu inspire les habitants de notre pays à transformer leur passé divisé en un avenir partagé. Car en Côte d’Ivoire, la commémoration de cette naissance se fait dans un contexte particulier de crise sociale dont la communauté nationale souhaite la résolution rapide et durable », a-t-il affirmé. Tout en priant le Seigneur pour que le « mardi 15 février 2011, jour de Mawlid 1432 » soit le prélude d’une période de paix véritable, dans la fraternité et l’unité retrouvée entre les populations vivant en Côte d’Ivoire, il a souligné que les suppliques adressées à Dieu ne seront exaucés que si les Ivoiriens font l’effort d’adapter leur quotidien à la vertu. « Dieu exaucera nos prières dans la mesure où nous faisons l’effort d’adapter notre quotidien à la vertu. Oui, même en dehors des lieux de culte, notre attitude doit se donner pour devoir, la conformité de l’ensemble de nos actions quotidiennes en tant qu’application des préceptes énoncés par Dieu. Cela suppose que nous nous affranchissions de nos buts particuliers, de nos désirs, des tendances de notre sensibilité personnelle, de la quête inlassable du bonheur matériel, autant de raisons de notre éloignement de cette loi divine », a-t-il clarifié. Sur le point de l’accusation de rouler pour le candidat de la Majorité présidentielle, le leader du CNI a plaidé non coupable et s’est défendu d’être un guide religieux-politicien. Mieux, il a fait remarquer que tous les serviteurs de Dieu qui sont résolument engagés dans cette voie, ont de tout temps fait l’objet « de délation, de dénigrements d’attaques gratuites, malveillantes,». Dans le dessein de les discréditer. « Depuis 10 ans, je suis dénigré. Mais je suis là et je tiens la barre. Je suis dans ma mosquée, je suis chez moi à la maison. Si je faisais parti d’une formation politique, je ne serai pas à la maison. J’aurais fui pour aller me cacher dans un hôtel comme d’autres. Je dis ce que je veux à tout le monde parce que je ne suis ni LMP, ni RHDP. Si on ne m’insulte pas, qu’est ce que je dirai à Dieu le jour de la rétribution ? Un jour viendra où tous ceux qui me dénigrent, où même ceux qui m’ont insulté dans leur cœur, rendront compte. Moi, je ne crains rien. Car ce sont des ignorants. Ils ne connaissent rien. Il faut les laisser avec leurs péchés. Ils peuvent dire tout ce qu’ils veulent. Mais, il ne faut pas se mettre à leur niveau. Nous commémorons aujourd’hui le sceau des Prophètes. Et l’histoire de notre religion atteste bien à propos que tous les grands serviteurs de Dieu ont été calomniés. Donc je ne répondrai à personne. Car nul n’est jugé sur l’autel des commérages mais des actes. Notre religion l’Islam doit faire taire en nous les fausses ambitions dictées par notre vanité et notre désir de nous faire voir. Soyons ces bienheureux qui auront supporté l’épreuve avec succès. Nous serons de ce fait les gagnants, héritiers de l’empire de la vie éternelle dans un paradis aussi vaste que la terre et les cieux », a-t-il instruit. Bien avant, le président du Forum des confessions religieuses le Pasteur Ediémou Jacob a souligné que la Côte d’ivoire a besoin de prière dans l’unité pour sortir de la crise postélectorale. Aussi, a-t-il invité la direction actuelle du Cosim à taire le conflit de leadership et revenir au tandem entre les deux structures comme ce fut le cas sous le mandat du Cheikh Anzoumana Konaté à la tête du Cosim. Notons que ce Mawlid a été marquée par la lecture des 144 sourates du noble coran et quatre conférences publiques.

M Tié Traoré

Photo légendée : L’Imam Koudouss s’est défendu d’être un leader religieux-politicien

Encadré/ Malick Coulibaly dit non à la politique dans la religion

Venu en petit frère et en fidèle selon ses propres termes pour commémorer le Mawlid 2011, le Dr Issa Malick Coulibaly, ministre de l’Agriculture du Gouvernement Aké N’Gbo, a exhorté ses coreligionnaires à épargner la communauté musulmane des intrigues politiciennes. Comme c’est le cas, à l’en croire, avec l’économie et des instances de coopération et d’intégration sous-régionale. Notamment la BCEAO et l’UEMOA. « Je suis venu en tant que fidèle et petit frère prendre ma place de fidèle auprès du Cheikh El Islam Koudouss. Les Imams l’ont dit, cette nuit est extrêmement importante pour l’Islam. Nous commémorons l’anniversaire de notre prophète. Et nous célébrons cette fête dans un contexte de crise politique, diplomatique, financière, sociale. Mais, il est heureux de constater que jusqu’à maintenant, que notre pays ne vit pas une crise religieuse. Je suis venu simplement prier pour que notre pays ne rentre pas dans un conflit inter religieux. Je suis venu prier pour que notre communauté en particulier ne rentre pas dans un conflit interne. Et je suis venu au nom du président Laurent Gbagbo pour remercier la communauté musulmane pour ses prières et actions en faveur de la paix dans notre pays. Les musulmans sont des hommes de paix. Et leurs leaders surtout doivent être des faiseurs de paix. C’est cet appel que le président Gbagbo m’a chargé de livrer en cette sainte nuit », a-t-il dit.

M.T.T

LES ECHOS DU MAWLID

Le Cosim supprime sa cérémonie officielle

Le Conseil supérieur des Imams a convié les musulmans à célébrer le Mawlid 2011 dans la nuit du mardi 15 au mercredi 16 février 2011. Dans le communiqué dont nous avons obtenu copie, l’instance suprême de la communauté musulmane de Côte d’Ivoire précise que pour des raisons de sécurité, la cérémonie officielle qui se tient chaque année à la mosquée de la Riviera Golf de Cocody a été ajournée. Toutefois, les Imams sont invités à s’organiser dans leurs mosquées pour commémorer l’évènement dans la sobriété à partir du mercredi 16 février 2011 de 14 heures à 19 heures. Ce jour ayant été décrété jour férié, chômé et payé par le gouvernement Soro qui ne reconnait que la date fixée par le Cosim et non celle du CNI.

Le Cheikh Soufi Bilal, chef d’orchestre du méga Mawlid au Mali

Soucieux de communiquer physiquement son soutien particulièrement aux disciples du mouvement Soufi éprouvés par la crise postélectorale dans la commune d’Abobo où un couvre-feu nocturne est en vigueur depuis le 21 janvier 2011, le Cheikh Bilal n’a pu regagner son pays le vendredi dernier. Le guide dudit courant spirituel islamique en Côte d’Ivoire n’ pu regagner son pays. Il a été retenu par son maître basé à Bamako qui lui a confié l’organisation pratique du méga Mawlid Soufi. Très apprécié de ce dernier pour sa disponibilité, et son efficacité au travail, l’érudit Soufi ivoirien a été coopté pour piloter cette activité d’envergure qui réunit chaque année sur le territoire malien les sommités du mouvement Soufi dans le monde entier. En sa qualité de chef d’orchestre, très méticuleux à la tâche, le Cheikh Bilal prépare activement ce rendez-vous spirituel. Tout un honneur pour la Côte d’Ivoire.

Le Worodougou a fêté dimanche

Dans la région du Worodougou, précisément à Séguéla et Mankono, le Mawlid est chaque année célébré la veille de la date officielle prescrite dans le calendrier hégirien. Ainsi, c’est dans la nuit du dimanche au lundi 14 février 2011 que les populations ont magnifié l’anniversaire du messager de l’Islam. Ce qui a fait dire dans la communauté musulmane que les Koyaka n’ont suivi ni leur frère Boikary Fofana, ni leur allié et ‘’petit esclave’’ Koudouss. La crise de leadership à la tête de la communauté musulmane, outre le fait qu’elle déchire les musulmans, elle fissure des liens multiséculaires d’alliance en Koyaka et Sénoufo.

MESSAGE DE GUIDES

Cheikh Mahmoud Sanogo, chef de la Comuba, Imam de la mosquée du Banco 2 : Le prophète de l’Islam est une miséricorde pour l’humanité »

Le Mawlid est un évènement assez important dans la communauté musulmane tout entière car il s’agit de la célébration de l’anniversaire de la naissance du saint prophète Mohamad (SAW). Chaque année au douzième jour du mois de Rabbi Al Awal (3ème de l’an hégirien), les musulmans marquent un arrêt pour magnifier le messager de l’Islam. Qui est une miséricorde pour l’humanité. Il y a beaucoup de polémique autour de cette fête parce que certains des nôtres estiment qu’il n’y a pas de décret portant son institution ou que le prophète lui-même n’a pas fêté son anniversaire. Et qu’il s’agit donc d’une innovation (Bida). Mais, il faut faire remarquer que le prophète jeûnait chaque lundi en souvenir de son jour de naissance. Cela veut dire qu’il accordait de l’importance à son jour de naissance. Nous-mêmes fêtons des évènements qui nous ont marqué ou qui ont marqué notre pays. On fête notre propre anniversaire. Pourquoi ne donc pas honorer notre prophète ? S’arrêter le jour de l’anniversaire de sa naissance, c’est visiter et revisiter sa prophétie, ses enseignements, ses qualités, ses dimensions. Et je pense qu’il n’y a pas de jour approprié que son anniversaire à cet effet. La décoration que le prophète a reçue est consignée dans le Saint Coran. Dieu dit qu’il a été coopté non pas parce qu’il était le meilleur des hommes mais, il est noble de caractère. Cela doit inspirer tous les Ivoiriens et partant les acteurs politiques et leaders d’opinion pour le retour de la paix et de la fraternité.

Ibrahim Brédji, Imam de la MACA : « Le Mawlid est une occasion pour intensifier le spirituel »

« Célébrer le Mawlid est une manière de reconnaitre la grâce que Dieu a donnée à travers son noble messager Mohamad (SAW) dont l’aventure a envoyé cette lumière qui est l’Islam. Pour nous, le Mawlid, c’est dire merci à Dieu de nous avoir honoré en nous envoyant ce grand messager qui nous a sorti des ténèbres vers la lumière. En réalité, c’est ce sens que nous donnons à cette fête. Le prophète Mohamad(SAW) a posé des actions qui nous permettent d’entrevoir des signes qu’il accordait lui-même de l’importance à son jour de naissance. Notamment le jeûne du lundi qui est son jour de naissance. Pour nous qui apprécions la grandeur dont Dieu l’a oint, si nous avons à disposition une occasion de plus pour fortifier nos salâtes sur lui, il est hors de question de s’en priver. L’Islam est une grande maison que chacun embellit à sa convenance, selon son inspiration, sa convenance et ses compréhensions. Etant dans une mosquée (MACA) où il est impossible d’organiser des activités nocturnes, nous avons opté depuis le début du mois de Rabbi Al Awal de mettre l’accent dans nos sermons de vendredi sur la vie du prophète, sur ses enseignements pour livrer aux fidèles, les détenus le modèle de vie que le prophète doit être pour tout homme. Le Mawlid doit être une occasion d’intensifier notre spirituel. Dans le contexte de crise actuel avec son cortège d’angoisse, de difficultés, chacun doit s’accrocher à la foi. Mais, on ne peut pas avoir la foi et même temps haïr son prochain, son frère. L’amour entre les hommes doit supplanter les considérations partisanes pour une Côte d’ivoire idéale, réconciliée et meilleure.

Propos recueillis par MTT

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