Côte d’Ivoire – la crédibilité de l’UA en jeu selon le Bureau Veille et Analyse Risques Pays

Médiation de l’Union Africaine

Le 16e sommet de l’Union Africaine, organisé à Addis Abeba, s’est achevé lundi et avait pour principal objectif de tenter de trouver une solution à la crise ivoirienne.

A été désigné lors de ce sommet un panel de 5 chefs d’Etat africains qui aura pour mission, d’ici un mois, de trouver une solution effective à la crise ivoirienne par le biais de décisions à caractère « contraignant ». Ainsi, se réuniront dans cet objectif les dirigeants du Burkina Faso, de l’Afrique du sud, du Tchad, de la Tanzanie et de la Mauritanie, accompagnés des présidents de l’UA et de la CEDEAO et d’un comité d’experts qui doit être nommé dans de très brefs délais.

La composition de cette commission paraît relativement équilibrée ; en effet, le Burkina est considéré comme un allié d’Alassane Ouattara, l’Afrique du sud au contraire comme relativement proche de Laurent Gbagbo et les trois autres participants sont marqués par une certaine neutralité.

Les membres de l’Union Africaine ont auparavant rappelé la légitimité d’Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire et doivent désormais négocier le départ de Laurent Gbagbo, négociations dont toutes les tentatives initiées depuis décembre dernier ont échoué. Ainsi, même si les 5 chefs d’Etat nommés hier doivent présenter leurs propositions de sortie de crise d’ici fin février, un certain scepticisme demeure quant à leurs capacités réelles à trouver une issue à la crise ivoirienne par la négociation et le dialogue. La composition et la mission de ce panel fait d’ailleurs déjà l’objet de critiques et de réserves émises par les deux camps. Ainsi, même si les 5 chefs d’Etat parviennent à adopter une position commune et tentent d’imposer des décisions visant à écarter Gbagbo du pouvoir, leur caractère contraignant paraît difficilement applicable et leur légitimité sera probablement contestée par le Président sortant.

Considérant ces différents éléments, de nombreux observateurs évoquent depuis quelques semaines, l’option militaire comme ultime issue à la crise ivoirienne. A ce titre, la seule force légitime paraît être l’ECOMOG, la brigade de surveillance du cessez-le-feu de la CEDEAO, aussi appelée « Casques blancs ». « Nous sommes prêts sur le plan militaire, il appartient aux chefs d’Etat de nous donner les instructions », a récemment déclaré un de ses représentants militaires. De nombreuses sources concordantes détaillent des « plans » qui évoquent tous une mise en place à Bouaké (Nord – zone contrôlée par les ex-rebelles des Forces Nouvelles) puis une descente sur Abidjan. Certaines signalent que les préparatifs ont déjà débuté, notamment à l’aéroport de Bouaké. En effet, des éléments (aviateurs et logisticiens) de l’ECOMOG y seraient présents afin de valider la plateforme aérienne de Bouaké comme centre de regroupement des forces de la CEDEAO sur le sol ivoirien. Est également citée la présence de Licorne et de l’ONUCI. Les dirigeants de l’ECOMOG paraissent aujourd’hui déterminés à agir dès l’accord éventuel des politiques de la CEDEAO et de l’UA.

Toutefois, alors que la CEDEAO ne semble pas écarter l’option militaire, l’Union Africaine la rejette fermement. Des voix dissidentes se sont pourtant levées depuis quelques semaines au sein de l’organisation et le consensus est de plus en plus fragile. En effet, l’UA a très tôt reconnu la victoire d’Alassane Ouattara mais les tergiversations de ces deux derniers mois semblent avoir fissuré cette unanimité. Il paraît certain que les discussions qui s’annoncent, entre les soutiens et les adversaires des deux Présidents ivoiriens, vont fortement influencer les semaines à venir et peut-être orienter une éventuelle solution. Deux camps vont donc s’affronter : les partisans du compromis derrière l’Afrique du Sud et les partisans de la fermeté derrière la CEDEAO et le Burkina. Plus que l’avenir de la Côte d’Ivoire, dont le poids économique et diplomatique est fortement réduit, c’est la crédibilité de l’UA qui est aujourd’hui en jeu.

Par le Bureau Veille et Analyse Risques Pays

Armees.com

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