Plus d’un million d’Egyptiens, selon Al Jazeera, étaient rassemblés mardi 1er février à la mi-journée place Tahrir, dans le centre du Caire, et plusieurs centaines de milliers dans les autres grandes villes du pays, pour réclamer le départ du pouvoir du président Hosni Moubarak, répondant ainsi à l’appel de l’opposition. Ils étaient également plusieurs centaines de milliers à Alexandrie. L’armée égyptienne a fermé dans la matinée les accès aux principales villes où des manifestants prévoyaient de se rendre pour la « marche du million », à l’appel du mouvement de contestation contre le régime.
Vendredi, « jour du départ »
Un comité représentant les forces de l’opposition égyptienne, y compris Mohamed ElBaradei, a déclaré dans un communiqué qu’il n’entamerait pas de négociations avant le départ du raïs. « Vendredi (prochain) a été baptisé ‘jour du départ' », a déclaré Mohamed ElBaradei sur al-Arabiyya, indiquant espérer « que le président Moubarak quittera le pays avant cette date après 30 ans au pouvoir ». Le Prix Nobel de la Paix s’est entretenu au téléphone avec l’ambassadrice américaine en Egypte, un symbole très fort venu des Etats-Unis.
La veille, l’armée a considéré que les revendications du peuple étaient « légitimes » et elle s’est engagée, à ne pas faire usage de la force. L’Onu avance le chiffre, « non confirmé », de 300 morts depuis le début des mouvements.
Dialogue immédiat avec l’opposition
Le vice-président Omar Souleimane a indiqué dans la soirée de lundi avoir été chargé par le président d’ouvrir un dialogue immédiat avec l’opposition, « autour de toutes les questions liées aux réformes constitutionnelles et législatives ».
Les Frères musulmans, force d’opposition la plus influente du pays, ont rejeté le cabinet nommé par Hosni Moubarak lundi, appelant à « des manifestations massives partout en Egypte afin que tout le régime — président, parti, ministres et Parlement — quitte le pouvoir ».
Le mouvement de contestation a fait appel à la grève générale et à des « marches d’un million » de personnes mardi au Caire et à Alexandrie (nord). Le trafic ferroviaire a été suspendu lundi, empêchant les mouvements vers la capitale.
Pour diffuser leur message, les manifestants ont opté sur le bouche-à-oreille, tous les fournisseurs d’accès à Internet étant bloqué et le service de messagerie mobile perturbé.
Google coopère avec Twitter
Pour aider les Egyptiens « à rester connectés dans cette période très difficile », Google a annoncé avoir coopéré avec Twitter pour mettre en place un système leur permettant d’envoyer des messages sur le site de microblogs par téléphone, sans avoir besoin de connexion internet.
Appel au calme de Washington
La Maison Blanche a appelé au calme avant les marches géantes prévues. Elle s’est également dite satisfaite de la « retenue » dont ont fait preuve jusqu’à présent selon elle les forces égyptiennes. Le département d’Etat américain a annoncé qu’un ancien ambassadeur américain en Egypte, Frank Wisner, était au Caire où il devait rencontrer des dirigeants.
Au septième jour de mobilisation, entamée 11 jours après la fuite de l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali sous la pression de la rue, l’Egypte était en partie paralysée.
La plupart des distributeurs de billets étaient vides, beaucoup de stations services à sec, les banques fermées. La compagnie nationale Egyptair a annulé jusqu’à nouvel ordre tous ses vols prévus pendant le couvre-feu.
Le secrétaire général de l’Opep, Abdallah El-Badri, a considéré que les tensions en Egypte pourraient affecter le passage stratégique du canal de Suez et générer une « pénurie » de pétrole. Mais les médias officiels égyptiens ont assuré que le canal fonctionnait « à pleine capacité ». Les cours du baril de pétrole ont du coup dépassé à Londres le seuil symbolique des 100 dollars, pour la première fois depuis octobre 2008. De nombreux voyagistes ont suspendu les départs des vacanciers. Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, le Canada et la Tunisie, ont dépêché des avions pour assurer le rapatriement de leurs ressortissants. Les Etats-Unis ont ordonné le départ du personnel non essentiel de leur ambassade au Caire.
Tous les touristes français encore présents en Egypte, environ 600 personnes, seront rentrés d’ici la fin de la semaine ou dirigés vers une autre destination de leur choix, a notamment déclaré René-Marc Chikli, président du Ceto (association de tour-opérateurs français) sur Radio Classique.
Le FMI a pour sa part indiqué mardi qu’il était prêt à venir en aide à l’Egypte pour reconstruire son économie.
(Challenges.fr)
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