Aide aux victimes des violences intercommunautaires
Croix-Rouge
Alors que la crise post-électorale en Côte d’Ivoire perdure, les violences engendrent des conséquences humanitaires majeures pour la population, en particulier dans l’ouest du pays. Depuis le début des événements, le CICR visite les personnes détenues et, avec la Croix-Rouge ivoirienne, assiste les blessés et les populations déplacées.
L’environnement post-électoral fragile et divisé a contribué à l’aggravation des tensions intercommunautaires dans les régions de l’ouest et du centre-ouest. Début janvier, ces tensions – préexistantes de longue date – ont dégénéré en affrontements violents à Duékoué et Lakota, provoquant de nombreux morts et blessés ainsi que le déplacement de milliers de personnes.
« Ces trois dernières semaines, dans l’ensemble du pays, les volontaires de la Croix-Rouge ivoirienne ont secouru 114 personnes blessées et évacué plus de 100 d’entre elles à l’hôpital le plus proche, ainsi que 14 corps à la morgue. Le coût humain des affrontements à Duékoué et Lakota a été particulièrement grave », indique Dominique Liengme, cheffe de la délégation du CICR. « Les structures médicales, notamment l’hôpital de Duékoué, ont éprouvé des difficultés à gérer l’afflux soudain de blessés et à répondre aux besoins médicaux. Aujourd’hui, un calme précaire est revenu dans l’ouest, mais la situation reste tendue», ajoute-t-elle.
À Duékoué, les capacités de la mission catholique ont été complètement dépassées face aux besoins de quelque 12 000 déplacés en manque d’eau potable et d’abri. À Man et dans la région de Lakota, le nombre de déplacés a été plus limité mais leurs besoins similaires. Selon Dominique Liengme, « le nombre des déplacés fluctue de jour en jour et est difficile à estimer précisément aujourd’hui ».
Les volontaires à Duékoué ont installé un poste de santé à la mission catholique où ils ont traité plus de 800 personnes à ce jour. Le CICR soutient la Croix-Rouge ivoirienne avec des ambulances, des chauffeurs, du matériel de premiers secours, des médicaments de base et du matériel de communication. Le CICR a aussi fourni sept kits de pansements à six structures médicales à Duékoué, Guiglo, Man et Lakota, qui se sont trouvées à court en raison du nombre de blessés. Chacun de ces kits permet de traiter jusqu’à 100 personnes blessées.
À Duékoué : assistance en eau potable pour les plus vulnérables
« L’usine de traitement d’eau à Duékoué a été abandonnée quand les affrontements ont éclaté, coupant net l’approvisionnement en eau potable dans toute la ville », explique Jacques Maradan, responsable du CICR pour les programmes d’eau et assainissement en Côte d’Ivoire. « Afin d’assurer l’accès à l’eau potable à la mission catholique, nous avons installé un réservoir d’eau de 45 000 litres et réparé la pompe qui alimente le château d’eau ». À la mission protestante et dans deux quartiers de Duékoué, où environ 1 000 personnes ont trouvé refuge, le CICR a effectué la chloration de près de 400 puits, les seuls points d’eau pour ces populations vulnérables. En outre, deux réservoirs d’eau de 5 000 litres ont été installés à l’hôpital de Duékoué et un autre à la mission protestante de la ville.
Pour assurer l’hygiène de base, en coopération avec la Croix-Rouge ivoirienne les équipes du CICR ont construit 16 latrines communales et 10 douches additionnelles à la mission catholique (le même nombre avait déjà été construit en décembre) ainsi que 10 latrines à la mission protestante. De plus, des volontaires ont conduit des séances de sensibilisation à l’hygiène de base et aidé à l’élimination des déchets.
Le CICR a monté 35 grandes tentes à la mission catholique, chacune suffisante pour abriter au moins 20 personnes. Ces tentes ont permis d’abriter dans l’urgence les plus vulnérables, notamment les femmes enceintes ou allaitantes et les personnes âgées.
Des biens de première nécessité pour 7 500 déplacés
Dans l’ouest de la Côte d’ivoire, plus de 7 500 personnes ont bénéficié en janvier d’une distribution de biens de première nécessité. Celle-ci comprend des bâches, des pagnes, des kits de cuisine, des moustiquaires, ainsi que des seaux, bassines et savons.
Parmi les bénéficiaires, on compte 7 000 déplacés ayant fui les violences intercommunautaires (arrivés surtout à Duékoué, mais aussi à Man) et près de 600 personnes qui se sont déplacées vers Danané craignant une détérioration des conditions de sécurité dans leurs villages frontaliers du Libéria.
Visites aux détenus : une priorité constante
Depuis le début de la crise post-électorale, les efforts du CICR se sont focalisés sur le suivi des personnes arrêtées en lien avec les manifestations et les violences. Depuis le 1er janvier, le CICR a ainsi visité plus de 330 détenus – dont près de 70 pour la première fois – dans diverses prisons et lieux de détention provisoires sur l’ensemble du territoire ivoirien. Les délégués du CICR ont aussi effectué près de 40 appels afin d’informer les familles du sort de leurs proches détenus.
Eau potable et rétablissement de liens familiaux pour les réfugiés
Au Libéria, dans le comté de Nimba, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a enregistré plus de 30 000 réfugiés à ce jour. Le CICR participe à la réponse à leurs besoins humanitaires, en soutien à la Croix-Rouge libérienne et en coordination avec la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et les autres acteurs sur place.
Une vingtaine de volontaires de la Croix-Rouge du Libéria aident les personnes séparées de leur famille à contacter leurs proches par téléphone ou par message Croix-Rouge pour leur faire savoir qu’ils sont sains et saufs. Jusqu’à présent, les réfugiés sont hébergés chez des familles résidentes et l’afflux de personnes a entraîné des besoins additionnels en terme d’accès à l’eau potable et d’hygiène. Le CICR et la Croix-Rouge libérienne y ont répondu en réhabilitant des puits et des pompes à eau, en construisant des latrines et en sensibilisant les bénéficiaires à l’hygiène et à la santé.
En Guinée, dans la région de Bossou (sud-est), plus de 750 réfugiés sont arrivés à ce jour. Depuis fin décembre, une équipe mixte du CICR et de la Croix-Rouge guinéenne a enregistré une soixantaine d’enfants non accompagnés, et rétabli un contact téléphonique pour au moins dix d’entre eux avec leurs familles en Côte d’Ivoire.
Commentaires Facebook