L’Intelligent d’Abidjan
Le porte-parole de la Commission électorale indépendante (CEI) était lundi 17 janvier 2011 l’invité de la radio de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI FM). Lors de son entretien, il s’est prononcé sur le recomptage des voix proposé par le président Laurent Gbagbo. L’intégralité de l’entretien.
Moins de deux semaines après la sortie du président de la CEI Youssouf Bakayoko qui rompait ainsi le silence en disant sa part de vérité concernant l’élection présidentielle du 28 novembre 2010, vous avez donné de la voix ce dimanche 14 janvier 2011. Etait-ce nécessaire, important pour vous M. Bamba ?
Oui c’est important. On ne peut pas être en tant que membre de la CEI porte parole et se taire face à ce hold-up électoral qui est orchestré par le clan présidentiel qui se traduit par une confiscation pure et simple du pouvoir à travers les armes.
Dans cette tribune que vous signez depuis Paris vous intervenez sur la proposition de Gbagbo de procéder à un recomptage des voix dans les cinq régions où les résultats du vote on été invalidés par le Conseil constitutionnel. Alors pour vous les procès verbaux que présente le camp Gbagbo à certains chefs d’Etat et à certaines personnalités seraient faux.
Tout à fait. Ce sont des faux procès verbaux. Nous avons sept exemplaires dument signés par les représentants des candidats et les membres de la CEI. Ce sont ces procès verbaux là qui sont disponibles et qui sont valables. Il y a le directeur de campagne du candidat Laurent Gbagbo à Bouaflé par ailleurs directeur de l’imprimerie nationale qui a mis à la disposition du président sortant un stock de procès verbaux. Je vous rappelle que le camp présidentiel disait à l’époque que l’imprimerie nationale ait le marché contrairement à la volonté de la CEI de faire en sorte que ces documents soient sécurisés. Aujourd’hui, ce sont ces procès verbaux qui sont donc utilisés par le camp présidentiel et qui sont falsifiés. Nous ne pouvons pas accepter cette forfaiture. C’est pour ça qu’il est important pour nous de le signaler.
Il y a eu donc falsification des procès verbaux…
Il y a eu falsification des procès verbaux qui sont présentés aux chefs d’Etat. Il y a des paroles qui sont dites. Quand on nous parle de l’opacité dans le Nord où Laurent Gbagbo n’a pas eu de voix. C’est tout à fait normal. Quand vous prenez des gens à partir d’Abidjan pour vous représenter dans les bureaux de vote, et que ceux là ne sont pas inscrits sur la liste électorale du bureau de vote où ils sont acceptés mais ces gens ne peuvent pas voter. Il y a une procédure de vote du personnel d’astreinte. Les représentants des candidats ne font pas partie du personnel d’astreinte. Le Conseil constitutionnel a outrepassé ses prérogatives après la malheureuse décision d’annuler treize départements. Alors nous sommes en face d’une situation que nous ne pouvons pas accepter. Les élections ont été suivies par le monde entier ; il y avait des observateurs sur le terrain : l’Union Africaine, l’Union Européenne, la CEDEAO, la Francophonie, le Fondation Carter, le Japon, les ONG, le CCI étaient présents sur le terrain. Eux tous ainsi que les préfets qui représentent le chef de l’Etat ont certifié que les élections dans les zones centre, nord et ouest se sont passées.
Pour vous, en résumé dans les treize départements incriminés il n’y a pas eu fraude.
Pour la CEI, les ONG, le Conseil constitutionnel, les représentants du chef de l’Etat qui sont membres de bureaux de vote qui ont signé les procès verbaux, la Facilitation, les Nations Unies, il n’y a pas eu fraude. Il n’y a que pour Laurent Gbagbo qu’il y a eu fraude.
Vous dites qu’en invalidant les résultats des treize départements incriminés, le Conseil constitutionnel a outrepassé son pouvoir. Qu’est-ce à dire ?
Le Conseil constitutionnel n’avait pas à annuler le vote comme il l’a fait. Il avait tout simplement à entériner comme ça a été le cas lors du premier tour, ou tout plus conformément à la loi électorale il devait annuler l’ensemble du scrutin et proposer donc à la CEI une reprise des élections dans quarante cinq jours. Ils ont des arguments fallacieux, ils nous parlent de forclusion. Le travail du Conseil Constitutionnel ne démarre qu’une fois que le CEI a fini de donner les résultats provisoires. Toute autre action est nulle et de nul effet. Je voudrais vous rappeler qu’en disant de respecter les Institutions et les lois ivoiriennes, la première chose qu’il faut respecter ce sont les prérogatives de la CEI qui est une institution de l’Etat de Côte d’Ivoire.
La CEI n’était donc pas forclose
La CEI n’a jamais été forclose. Lors du premier tour c’est moi-même qui ai annoncé les résultats. Et nous avons donné les résultats globaux le quatrième jour. Et aucun texte de loi et je demande à tous ceux qui se disent juriste de nous montrer une seule ligne du code électoral ou de la Constitution donnant un délai à la CEI pour proclamer les résultats. Nulle part ça n’existe.
Vous dites que même en annulant les résultats de ces treize départements donc de ces cinq régions, Alassane arriverait toujours en tête.
Toujours en tête comme l’a expliqué d’ailleurs le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies. Ils annulent dans certains départements les voix d’Alassane et ils maintiennent les voix de Laurent Gbagbo. C’est de la forfaiture tout simplement. Si vous faites le total des décomptes vous verrez bien qu’Alassane arrive en tête avec tous les cas de figure.
Retranscrit par Koné Y.
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