L’armée quitte le quartier d’Abobo à Abidjan (Par Reuters)

Par Reuters

Les forces fidèles à Laurent Gbagbo ont levé jeudi leur blocus autour du quartier d’Abobo, à Abidjan, qui avait été le théâtre de heurts entre camps politiques adverses.

Six policiers y sont ont été tués mercredi. Il y avait eu cinq morts la veille.

D’après le gouvernement mis en place par Alassane Ouattara, reclus dans l’hôtel du Golf sous la protection de casques bleus de l’Onu, les forces de Laurent Gbagbo ont causé la mort d’au moins sept civils dans les heurts survenus mercredi à Abobo.
Des habitants ont dit n’avoir entendu aucun coup de feu durant la nuit et que les militaires étaient partis jeudi matin.
Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo revendiquent tous deux la victoire à l’élection présidentielle du 28 novembre.
Ouattara, dont l’élection a été validée par la commission électorale indépendante, jouit de l’appui de la communauté internationale. Laurent Gbagbo, déclaré vainqueur par le Conseil constitutionnel, refuse de quitter le pouvoir.
Le président sortant a exigé le départ des 10.000 policiers et militaires de l’Onu mais le Conseil de sécurité a au contraire donné son feu vert à l’envoi de 2.000 hommes en renfort pour l’Onuci, l’opération de l’Onu en Côte d’Ivoire.

VÉHICULE DE L’ONU INCENDIÉ

Le général Philippe Mangou, chef d’état-major de l’armée, a annoncé qu’un couvre-feu avait été décrété entre 19h00 et 06h00 à Abobo et que des véhicules blindés de l’armée boucleraient le quartier. Jeudi aux premières heures, il a déclaré qu’il avait empêché l’Onuci de pénétrer à Abobo en raison de sa partialité.

« D’après le dernier compte rendu que nous avons reçu, le commandant de l’opération (de l’Onu) a été refoulé et a fait demi-tour », a-t-il dit à des journalistes après avoir rencontré Gbagbo dans sa résidence
« C’est de la provocation. C’est honteux de leur part parce que la mission initiale, c’était une force impartiale, c’était de faire l’interposition, de nous amener à la paix mais là, ça devient autre chose et nous trouvons que c’est véritablement honteux de la part de cette force-là », a-t-il ajouté.

Un capitaine de l’Onu ayant requis l’anonymat a déclaré que le représentant de l’Onu en Côte d’Ivoire, Choi Young-jin, se trouvait dans le convoi repoussé par les forces fidèles à Laurent Gbagbo.
Des étudiants partisans de Laurent Gbagbo ont par ailleurs attaqué et incendié jeudi un tout-terrain de l’Onu. Un correspondant de Reuters les a vus rassemblés autour du véhicule en flammes. On ignore s’il était occupé ou non.

CALME À ABOBO

Des habitants ont rapporté que le calme était revenu à Abobo au cours de la nuit. « On n’a entendu aucun coup de feu la nuit dernière. On avait peur avant d’aller au lit, mais il n’y a pas eu de tirs », a rapporté un habitant, Adama Fama, joint par téléphone. « Il y avait beaucoup de véhicules militaires en patrouille et les rues étaient désertes ».

« Les véhicules blindés et les patrouilles militaires ont cessé vers 06h30. La nuit a été calme comparé à mercredi », a dit un autre habitant, Ladji Bakayoko, ajoutant cependant que « les gens continuent de vivre dans la peur à Abobo ».
Les violences post-électorales ont fait plus de 200 morts et la crainte d’une nouvelle guerre civile a poussé plus de 20.000 personnes à fuir vers le Liberia voisin, selon l’Onu.

Les Nations unies supposent qu’un grand nombre de victimes ont été tuées par les forces fidèles à Laurent Gbagbo ou par des miliciens alliés lors d’interventions nocturnes dans des quartiers considérés comme des bastions de partisans d’Alassane Ouattara, comme Abobo.

Selon Navi Pillay, Haut commissaire aux droits de l’homme de l’Onu, un troisième charnier a été découvert en Côte d’Ivoire.
Les Nations unies se sont vu refuser l’accès aux trois sites, dont un qui contiendrait 80 corps, a-t-elle dit à Reuters à Genève. Le troisième charnier se trouverait à Issia, près de Daloa, mais l’Onu n’a pu vérifier son existence, a ajouté son porte-parole, Rupert Colvill

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