Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme
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DECLARATION DE LA LIGUE IVOIRIENNE DES DROITS DE L’HOMME RELATIVE AU PROJET DE RECOURS A LA FORCE ARMEE DANS LA RESOLUTION DE LA CRISE POST ELECTORALE EN COTE D’IVOIRE
I / Les faits
Dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord politique de Ouagadougou (APO), la Côte d’Ivoire a organisé le dimanche 28 novembre 2010, le second tour de l’élection présidentielle.
La LIDHO fait le constat que les lendemains de ce scrutin ont donné lieu à de très nombreuses et graves violations des droits de l’homme qui se traduisent en termes de tueries, d’assassinats, d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations et de détentions illégales, d’enlèvements et de disparitions forcées, d’atteintes à l’intégrités physiques des individus et de toutes sortes d’humiliations, de tortures et de traitements inhumains. Violations reconnues par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies réuni en session spéciale sur la Côte d’Ivoire le jeudi 23 décembre 2010 à Genève.
La LIDHO constate par ailleurs que la Mission des forces de l’ONUCI est fortement entravée par une partie de la population ivoirienne dont l’expression d’hostilité a causé de graves blessures tant chez les soldats onusiens qu’au sein de ladite population.
Des entraves touchent également les operateurs économiques à travers la violation de leur droit à la libre circulation avec pour conséquences la cherté de la vie.
C’est dans ce contexte où le bon sens devrait incliner au recueillement et à la retenue que la LIDHO observe plutôt un durcissement du discours politique, relayé par la presse nationale et internationale appelant à la violence par l’usage de la force à travers notamment une intervention armée des troupes de la CEDEAO
II/ Analyse
La LIDHO note que l’élection présidentielle dont on attendait légitimement qu’elle contribue à mettre fin à la crise politique et favorise l’avènement de la paix, se révèle comme une source de déchirements et de souffrances pour les populations ivoiriennes.
La LIDHO fait le constat que les populations ivoiriennes, dont les composantes les plus vulnérables continuent de payer un lourd tribut à cette crise, n’aspirent qu’à la paix et à la quiétude.
La LIDHO, attachée à la paix, à la vie, à la sécurité et au bien être des populations ivoiriennes, ne saurait dans ces conditions apporter une quelconque caution à l’usage de la force, source potentielle de violations des droits de l’homme, comme voie de sortie de crise.
III/ Recommandations
*Aux populations ivoiriennes
La LIDHO les exhorte à renoncer en toutes circonstances, à tout recours à la force dans le règlement des conflits intercommunautaires et à refuser de se faire complices de la propension des hommes politiques à instrumentaliser les questions de religion, d’ethnie et de région dans la quête et l’exercice du pouvoir.
En outre, concernant les entraves aux missions des forces impartiales, la LIDHO appelle les populations à la retenue et leur demande d’en laisser le règlement aux politiques.
Pour ce qui est des entraves liées à la circulation des biens et des personnes, la LIDHO demande aux autorités des FAFN et des FDS de prendre toutes les mesures idoines devant garantir la pleine jouissance de ces droits.
*Aux acteurs politiques
La LIDHO les appelle à la pondération, à la retenue et à la responsabilité aussi bien dans leurs discours que dans leurs actes.
La LIDHO leur demande également de privilégier l’intérêt national au détriment de leurs intérêts personnels et partisans
*Aux médias nationaux et internationaux
La LIDHO les appelle à inscrire leurs productions dans le respect de l’éthique et de la déontologie de leur métier, en s’abstenant de relayer les appels à la violence et les discours haineux faisant l’apologie de la guerre.
*A la communauté internationale
La LIDHO l’exhorte à ne point se départir de son rôle d’arbitre dans le règlement de la crise ivoirienne et à renoncer sans condition à tout projet d’usage de la force armée comme moyen de règlement de la crise ivoirienne.
Enfin la LIDHO l’interpelle à ne privilégier que la voie du dialogue et de la concertation dans le règlement de cette crise.
Fait à Abidjan le 30 décembre 2010
Le Président de la LIDHO
Dr André Banhouman KAMATE
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