Hamadou ZIAO in Soir Info
a montée en puissance de l’administration Obama dans la gestion de la crise née des élections en Côte d’Ivoire, étonne et appelle des interrogations. Le pays de l’oncle Sam, qui notons-le, n’a pas des liens historiques étroits avec la Côte d’Ivoire, se trouve pourtant aujourd’hui au coeur de la résolution de la crise ivoirienne. Les prises de position de son ambassadrice aux Nations unies, Susan Rice, les déclarations de Johnnie Carson, sous-secrétaire d’Etat aux affaires africaines, les appels et autres injonctions, à fréquence régulière, du premier responsable de cette administration, le président Barack Obama, ainsi que les menaces de sanction, témoignent de cet engagement des USA dans le dossier ivoirien. Et contre toute attente, les Etats-Unis, faut-il le rappeler, ne se sont jamais montrés aussi « bruyants » que dans la gestion de cette crise qui frappe pourtant une ancienne colonie française. Au point que l’on se demande ce qui fonde cet acharnement du premier président noir des USA dans le règlement du conflit ivoirien. Qu’est-ce qui fait courir Obama dans cette crise ? Certes, l’ambassadrice Rice, qui dirige en ce moment le conseil de sécurité de l’Onu, réagit en conséquence, mais d’autres raisons, selon des sources, expliqueraient l’attitude de l’administration Obama dans la crise ivoirienne. A en croire la Lettre du Continent (LC) qui lève un coin du voile sur les réelles motivations du successeur de Georges Bush, la Côte d’Ivoire serait devenue un territoire très stratégique pour l’hégémonie américaine en Afrique de l’Ouest. « Les Etats-Unis veulent que Gbagbo quitte le pouvoir, tout en évitant une implosion du pays. Celle-ci pourrait compromettre leurs initiatives pour faire de la Côte d’Ivoire l’une des pièces maîtresses, aussi bien au niveau militaire que logistique, d’un vaste plan de lutte contre la recrudescence des narcotrafiquants dans le golf de Guinée, mais aussi contre l’organisation terroriste Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) », indique la LC. Ce plan de lutte serait en confection depuis des mois à Stuttgart, en Allemagne, où se trouve le quartier général du dispositif américain Africom (Africa command), une vaste opération militaire pilotée par les USA en collaboration avec des pays du continent et destinée à combattre les conflits en Afrique. Ce projet reste l’une des attractions des USA dans cette partie de l’Afrique. D’autres sources voient cependant derrière ce subit intérêt des USA pour la Côte d’Ivoire, les vastes gisements de pétrole enfouis sous les côtes ivoiriennes. Un véritable appât pour les américains, perçus en effet comme des gens très sensibles au pétrole. Partout où ils en flairent, ils sont promptes à agir pour satisfaire leur appétit pétrolier. La Côte d’Ivoire, selon nos sources, n’échappe pas à cette volonté hégémonique des Etats-Unis. Ce pays phare de l’Afrique de l’Ouest, qui regorge d’énormes ressources naturelles, notamment du pétrole, est désormais dans le viseur de l’administration Obama. Les pressions exercées en ce moment sur le régime Gbagbo ne sont donc pas exnihilo. A Washington, selon la LC, une cellule spéciale a été installée par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, pour suivre l’évolution de la situation en Côte d’Ivoire. L’ambassadeur des USA en terre ivoirienne, Philipp Carter III est en étroite collaboration avec son homologue français Jean Marc Simon pour la gestion du dossier ivoirien. En un mot, l’administration Obama a mis en place son système visant à contrôler la situation en Côte d’Ivoire, afin de mieux se positionner dans la sous-région ouest-africaine. La construction de l’ambassade géante des USA à Cocody Riviera, ferait partie de ce vaste projet de percée en Afrique de l’Ouest. Obama voudrait donc s’assurer que ses visées militaro-économiques ouest-africaines ne seront pas compromises par une instabilité en Côte d’Ivoire ou encore freinées par le nouveau régime ivoirien. En attendant, le président Obama continue de mettre la pression sur Laurent Gbagbo, sommé de quitter le pouvoir au profit de son adversaire aux élections, Alassane Ouattara. Hier après-midi, Obama a téléphoné à son homologue nigérian, Goodluck Jonathan, chargé d’élaborer une stratégie d’intervention militaire pour faire partir Gbagbo. Les deux présidents, américain et nigérian, ont convenu de poursuivre leurs consultations sur ce dossier qui revêt une importance majeure pour la stabilité régionale et la gouvernance démocratique.
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