Lorsqu’il a décidé d’usurper le pouvoir d’Etat en Côte d’Ivoire avec son intronisation aux allures de deuils, Laurent Gbagbo s’est terré dans un mutisme presque total. Il a laissé le soin à ses sbires et autres cancrelats de porter l’estocade à ses adversaires.
Bien heureusement, il a fini par faire son premier vrai discours officiel( ?). Et Malheureusement ce discours ressemble de fort belle manière à une oraison funèbre au cours de laquelle l’on est habitué à attendrir, à extrapoler les mérites et aussi à mentir pour faire pleurer les parents et amis du défunt.
Voici à votre appréciation les sept gros mensonges de la sortie télévisée de M. Gbagbo :
1. « J’ai remporté le scrutin avec 51,45% des suffrages. Je suis donc le Président de la République de Côte d’Ivoire….La vérité c’est qu’à la fin du deuxième tour de l’élection présidentielle, la CEI n’a pas été capable de proclamer les résultats provisoire dans les délais prescrits par la loi, soit 72h après la clôture du scrutin.»
Le monde entier connait les résultats de l’élection de novembre dernier sauf bien entendu M. Gbagbo et certains de ses partisans aveuglés par les bienfaits de la richesse mal acquise. Le candidat Ouattara Alassane a remporté la présidentielle avec plus de 54% des suffrages. Ces résultats ont été donnés par le Président de la Commission électorale indépendante (CEI) à la fin du scrutin. Seulement, on a tous constaté que Laurent Gbagbo s’est fait intronisé empereur de Côte d’Ivoire par son ami Yao N’Dré le tristement célèbre président du conseil constitutionnel.
Gbagbo n’a pas été élu. La population de Côte d’Ivoire lui a préféré M. Alassane OUATTARA pour présider aux destinées du pays durant les cinq années à venir.
2. « L’Etat fonctionne. L’économie est en marche. »
Gbagbo Laurent, vous avez regardé les ivoiriens et le monde entier dans les yeux, et avez eu le courage de déclarer que l’Etat de Côte d’Ivoire fonctionne et que l’économie est en marche. Vous donnez là du grain à moudre à ceux qui ont toujours dit que vous ne savez pas grand-chose au fonctionnement d’un Etat encore moins aux questions économiques. Vous qui n’arrivez même plus à nommer un ambassadeur auprès du Ghana voisin ; vous dont le ministre de l’économie a été exclu de la réunion des ministres de l’économie de l’Uemoa qui s’est tenu hier à Bissau. Ladite réunion vient d’entériner l’éjection de vos représentants. Elle devrait instruire dans les heures qui viennent le gouvernorat de la BCEAO à l’éffet de ne reconnaître désormais que les seules signatures des personnes désignées par M. OUATTARA. Avec çà, vous ne pouvez pas nous dire que l’Etat fonctionne. Ce n’est pas vrai. Comment comprendre qu’au moment où l’activité économique est au plus bas depuis 5 ans ; au moment où les salariés du secteur privé ne savent même pas encore s’ils recevront leurs salaires -je ne parle pas volontairement des gratifications annuelles parce que les employeurs ont rejeté unanimement cette éventualité- pour préparer les fêtes de fin d’années. Vous pourriez demander à votre ami Gossio du Port de vous faire l’état des conteneurs et navires qui ont été déviés pour d’autres destinations et ceux qui sont en souffrances dans ses parcs. Vous comprendrez aisément que rien ne va actuellement. Vous comprendrez que bien que votre port reste ouvert, et que vos douanes essaient de collecter les fonds ; rien ne va sur le plan économique.
3. « Les troubles que l’on observe aujourd’hui en Côte d’Ivoire sont nés du refus de mon adversaire de se soumettre aux lois, règlements et procédures en vigueur dans notre pays. »
M. Gbagbo, il est bon de vous rappeler que c’est bien vous et votre président du conseil constitutionnel qui avez transgressé les lois et règlements de notre pays. C’est bien vous qui en violation flagrante de la loi portant code électoral en son article 64 nouveau, alinéa 1er, tel que résultant de l’ordonnance de 2008 portant ajustements au code électoral, et qui énonce : « Dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection et notifie sa décision à la Commission électorale indépendante qui en informe le Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et le Représentant spécial du Facilitateur à toutes fins utiles. La date du nouveau scrutin est fixée par décret pris en Conseil des Ministres sur proposition de la CEI. Le scrutin a lieu ou au plus tard 45 jours à compter de la date de la décision du Conseil Constitutionnel »
L’arrêté que votre ami N’Dré a pris fait mention des réclamations de la LMP mettant en doute la régularité et la sincérité du scrutin dans les zones qu’ils a honteusement et abusivement annulées. Nulle part dans ce texte que vous n’ignorez pas il n’est mention d’annulations d’une partie aussi importante de tout un électorat. Vous avez ici refusé de respecter la loi, les règlements et les procédures de notre pays.
4. M. Gbagbo vous déclarez : « Ils nous font la guerre parce qu’ils renient au peuple ivoirien son droit souverain de choisir lui-même ses dirigeants… »
Véritable mensonge ! Le peuple de Côte d’Ivoire a exprimé son choix démocratique dans les urnes ce 28 novembre. Il a élu M. OUATTARA à 54% des suffrages. Votre ami N’Dré par magie juridique a inversé les résultats. Il s’est lui substitué au peuple et lui a arraché sa souveraineté. Or, il est notoirement su que partout où une personne ou un groupuscule de personnes s’érigent contre les lois, ils favorisent l’aventure. Et ils doivent être combattus par tous les moyens. C’est cette guerre que l’on vous fait. Que les ivoiriens vous font avec l’aide de personnes éprises de justice et d’équité.
Vous voulez là donner une légitimité à votre combat en faisant ce genre de déclarations qui n’a pour mérite que de livrer à la vindicte des personnes innocentes de vos turpitudes.
5. Vous estimez que le Président de la CEI a violé toutes les dispositions légales et réglementaires régissant son institution. Et curieusement vous ne mentionnez aucune référence des textes transgressés comme vous avez essayé de le faire ailleurs où vous étiez plus inspiré dans vos habits de néo-juriste éclairé. La RTI n’a pas l’exclusivité de la communication des résultats. La proclamation des résultats ne se fait pas obligatoirement au siège de la CEI.
6. « Personne n’empêchera les réfugiés de l’hôtel du golf d’en sortir. Ils sont libres de leurs mouvements. »
A ce jour il est de notoriété publique que les voies d’accès à cet hôtel sont barrées. Des chars de la garde républicaine y sont postés comme pour tuer de vulgaires bandits. La nourriture et les médicaments ne sont plus disponibles pour ces personnes. Les journalistes y ont accès par la voie des airs. Et çà vous le savez. Ces responsables ne sont pas libres de leurs mouvements. Vos miliciens sont aux aguets.
7. M. Gbagbo Laurent, en 2002 lorsque vous êtes revenus de l’Italie pour dit-on prendre la tête de la résistance, vous n’avez pas tendu la main que le Président Bédié vous avait demandé de tendre. Vous l’aviez d’ailleurs accusé de faiblard. En 2003, après que vous ayez constaté véritablement votre infériorité militaire face à la rébellion, vous vous êtes résigné à négocier avec le soutien de la Cedeao et de la même France que vous vilipendez aujourd’hui. 2004 a été l’année de l’opération dignité qui a échoué. Pour vous débarrasser d’un Charles Konan Banny trop présent dans vos bottes et qui était en passe de réussir son pari, vous aviez demandé le dialogue directe en 2007. Ce dialogue devrait également vous permettre de rester aux affaires jusqu’en 2010. Alors où est votre main tendu de dialogue ? Vous n’êtes pas un homme de dialogue et vous l’avez toujours démontré. C’est vraiment dommage que le Président COMPAORE et le Premier ministre SORO vous aient cru sur parole.
M. Gbagbo vous conviendrez que ces éléments énumérés n’ont pas été inventés pour vous embêter. Vous avez bien menti aux ivoiriens au cours de votre one man show télévisé. Bien malheureusement certains ont cru à ces fadaises. C’est vrai qu’il y a toujours des personnes qui se distinguent de la plus mauvaise des manières.
GAVAN ATTOURA
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