Par Thomas Hofnung – Liberation.fr
Connu pour son franc-parler, le patron de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, Jean-Louis Billon, est interdit de sortie du territoire. Un signe de plus de la radicalisation en cours du régime de Laurent Gbagbo, et de sa fébrilité, à quelques heures de la marche prévue par le camp d’Alassane Ouattara sur le siège de la télévision nationale (RTI).
Ce mercredi, vers 14 heures, alors qu’il devait embarquer pour une réunion internationale à Bamako, Jean-Louis Billon s’est vu notifier son interdiction de sortie du territoire. La police de l’aéroport international Houphouët-Boigny, à Abidjan, lui a également retiré son passeport. Par la suite, le patron de la CCI a appris que cette interdiction émanait de la « présidence ivoirienne ». Autrement dit du clan Gbagbo.
Depuis l’élection présidentielle du 28 novembre et la mise en place de deux pouvoirs rivaux à Abidjan, suite au refus du président sortant, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite, Jean-Louis Billon s’est exprimé à plusieurs reprises dans les médias locaux et internationaux. Mardi, sur les ondes de RFI (coupée à Abidjan, mais reprise dans les journaux locaux), cette personnalité influente a appelé les patrons locaux à déclarer leurs revenus, mais à ne pas payer leurs impôts. Un geste qui, selon lui, pourrait leur être reproché par la suite. « L’entreprise privée a suffisamment payé dans cette crise ivoirienne. Il est grand temps que les politiques trouvent une solution pour nous sortir de cette crise. Nous sommes en période de fête et nous n’allons pas être le dindon de la farce », a-t-il expliqué.
La réaction n’a pas tardé. La presse pro-Gbagbo l’accuse d’ « incivisme fiscal ». De fait, le conseil prodigué par Billon a de quoi inquiéter un régime rejeté par la quasi-totalité de la communauté internationale. Le FMI a indiqué qu’il ne travaillerait qu’avec un gouvernement reconnu par les Nations unies. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) ont dit la même chose. Le camp Ouattara manoeuvre aussi pour priver Gbagbo de sa signature à la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (Bceao).
Jusqu’ici, le pouvoir de Gbagbo a toujours réussi à payer les salaires des fonctionnaires. Mais la stratégie d’asphyxie économique et financière mise en oeuvre par Ouattara pourrait, à moyen terme, se révéler efficace. Peut-être plus encore que les appels à manifester. D’où, peut-être, les représailles, en forme d’avertissement, exercées ce mercredi à l’encontre de Jean-Louis Billon.
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