(AfriSCOOP Abidjan) — Le facilitateur du dialogue direct Blaise Compaoré rompt le silence qu’il avait adopté depuis l’éclatement le jeudi 2 décembre dernier de la crise postélectorale. Son Représentant spécial en Côte d’Ivoire le ministre Bouréima Badini rencontrant, mardi, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, Y.J Choi, signe le retour du président burkinabé dans le règlement de la crise ivoirienne.
Il ressort de l’entretien des deux diplomates que la négociation reste la seule issue d’une situation bloquée, selon M. Badini, donnant ainsi une chance à l’appel au dialogue lancé par Laurent Gbagbo d’aboutir.
« La situation actuelle est une situation qui semble bloquée mais je pense qu’avec le dialogue et la concertation en pensant à l’intérêt général on peut espérer une solution », a commenté M. Badini, confirmant une perspective de rapprochement des protagonistes ivoiriens.
Le président sortant reconduit, samedi 4 décembre dernier, pour un mandat de cinq ans par le Conseil Constitutionnel avait proposé le dialogue à son rival Alassane Ouattara.
« Asseyons-nous et discutons » avait lancé vendredi à l’ancien premier ministre, « élu » selon la Commission Electorale Indépendante (CEI), M. Gbagbo que ne reconnaît pas la communauté internationale, véritablement liguée contre sa reconduction.
En effet, le conseil de sécurité de l’ONU, l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont décidé des sanctions contre le régime Gbagbo.
Ces restrictions vont de la « suspension » de la Côte d’Ivoire des instances continentales au « prolongement » jusqu’en 2011 de l’embargo sur les armes, la restriction des visas et le gel des avoir des membres du régime Gbagbo.
Le gouvernement de Laurent Gbagbo finalement isolé au plan diplomatique insiste sur le dialogue et sollicite même une « médiation africaine » comme l’a indiqué mardi le ministre des Affaires étrangères, Alcide Djédjé précédemment ambassadeur de Côte d’Ivoire à l’ONU.
Le Conseiller diplomatique du président installé au Palais présidentiel d’Abidjan, SEM Gnamien Yao, avait, lui, déploré des sanctions étrangères « hâtives » en reprochant à l’UA, l’UE et à l’ONU de l’avoir pas « donner la chance » à Laurent Gbagbo de s’expliquer.
Non satisfait de l’évolution des tractations diplomatiques et politiques, le gouvernement que dirige Guillaume Soro, Premier ministre d’Alassane Ouattara, rejette catégoriquement la négociation, posant comme « préalable » à toute discussion la « reconnaissance par Laurent Gbagbo des résultats du second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 », a réitéré Patrick Achi, porte-parole dudit gouvernement.
A leur refus de discuter, Alassane Ouattara et ses hommes joignent la pression du discours radicale qu’ils entendent traduire en acte en cette fin de semaine, en jurant de prendre demain jeudi la télévision et de la radio publique ; elles-mêmes quadrillées par des éléments de l’armée régulière.
Le gouvernement Soro bénéficie du soutien du bloc politique du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) qui a appelé « le peuple ivoirien à accompagner massivement le Premier ministre Guillaume Soro à aller jeudi installer le nouveau directeur général de la RTI (télé et radio) » et vendredi pour le conseil de gouvernement dans les locaux de la primature, déjà occupée par le gouvernement du Pr. Aké N’GBO premier ministre de M. Gbagbo.
C’est dans cette situation tendue que le tout nouveau ministre de l’Emploi et des Sports, Charles Blé Goudé « ministre 100% mais président des jeunes (patriotes) à 100% », selon lui, appelle la jeunesse ivoirienne à attendre des « consignes » du leader qu’il est.
Le ‘’général de la rue‘’, Charles Blé Goudé, avait déjà exhorté les partisans de Laurent Gbagbo à « rester calme » et à « ne pas céder à la provocation » dans une situation de psychose qui vire parfois à une chasse à l’homme qui a déjà fait une « cinquantaine de morts et des centaines de blessés » selon la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI), une faîtière d’une centaine d’Ongs apolitiques.
La société civile dans son ensemble est favorable au « compromis politique », appelant les protagonistes à discuter même certaines organisations explorent, sans succès, la voie de la « reprise du vote » dans les sept départements du Nord, en France et à Fresco (Sud de la Côte d’Ivoire) où ont été annulés les résultats du second tour du scrutin présidentiel.
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