La tension monte en Côte d’Ivoire après l’appel de Ouattara, 1 mort à Yamoussoukro

(Reuters/Luc Gnago et Thierry Gouegnon)

Par Reuters

Au lendemain de l’appel à la population de l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara, la tension est montée d’un cran mercredi en Côte d’Ivoire, où les forces de sécurité aux mains de son rival Laurent Gbagbo ont ouvert le feu sur ses partisans à Yamoussoukro, faisant un mort.

Cet homme a été tué par un policier et on recense de nombreux blessés, rapporte-t-on de source médicale.
Des centaines de militants pro-Ouattara exigeaient le départ de Laurent Gbagbo, qui refuse la victoire de son rival au second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre.
Les autorités locales n’ont fait aucun commentaire sur la situation. Les commerces de la ville, à une quarantaine de km au sud de la ligne de démarcation qui divise de facto le pays, étaient fermés et les forces de sécurité patrouillaient dans les rues de la capitale administrative et politique.

Dès mardi soir, les forces régulières contrôlées par Gbagbo ont tiré des gaz lacrymogènes pour stopper quelque 3.000 manifestants nordistes qui tentaient, à l’instigation du chef des rebelles à Bouaké, de marcher vers le Sud sous contrôle de l’armée régulière pour exiger la prise de fonctions d’Ouattara.

Des rebelles non armés, qui soutiennent ouvertement Alassane Ouattara, participaient au cortège de manifestants qui se dirigeaient vers Tiébissou, en zone Sud, où ils ont été stoppés au premier poste de contrôle gouvernemental.
Alassane Ouattara a été proclamé vainqueur avec 54% des suffrages par la Commission électorale indépendante, un résultat certifié par le représentant sur place de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) mais contesté par Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis dix ans, que le Conseil constitutionnel, à sa main, l’a décrété réélu avec 51% des voix.
Ancien directeur adjoint du FMI, le nordiste Ouattara a reçu le soutien du Conseil de sécurité de l’Onu, des Etats-Unis, de l’Union européenne, qui menacent Laurent Gbagbo de sanctions s’il s’accroche au pouvoir, de l’Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédeao), qui ont toutes deux suspendu la Côte d’Ivoire.

CRAINTES POUR JEUDI ET VENDREDI

Devant l’impasse persistante, le camp d’Ouattara a fait monter mardi les enjeux en appelant “la population ivoirienne dans toutes ses composantes à engager maintenant sur tout le territoire national le combat pacifique et démocratique pour installer les autorités légitimes et légales de Côte d’Ivoire”.

Le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dont Ouattara est membre, à invité jeunes, femmes, syndicats, société civile, organisations socio-professionnelles, travailleurs et fonctionnaires à “accompagner massivement” jeudi le gouvernement d’Ouattara jusqu’au siège de la Radio-Télévision ivoirienne (RTI) pour en prendre le contrôle.
Le RHDP prévoit le lendemain une marche sur les bâtiments du gouvernement pour que l’équipe ministérielle mise en place par Ouattara et dirigée par l’ancien chef rebelle nordiste Guillaume Soro puisse à son tour prendre possession de ses locaux.
Soro et Ouattara sont actuellement retranchés à l’hôtel du Golf d’Abidjan, protégés par des casques bleus de l’Onuci. Pour sa part, Laurent Gbagbo occupe la présidence et peut compter, outre sur l’armée et la police, sur des centaines de membres de sa milice loyaliste des Jeunes patriotes.

Laurent Gbagbo s’est lui-même emparé du pouvoir il y a dix ans en recourant à la rue pour contraindre au départ l’ancien chef d’état-major, le général-président Robert Gueï, qui avait renversé deux ans plus tôt Henri Konan Bédié, successeur d’Houphouët-Boigny.
Arrivé en troisième position au premier tour de l’élection présidentielle, l’ancien président Konan Bédié s’est rallié au second tour à Ouattara, permettant sa large victoire face à Gbagbo, dont le mandat de président a expiré il y a cinq ans.
Les incidents des environs de Tiébissou, mardi, et ceux de Yamoussoukro augurent mal de la tournure que pourraient prendre les manifestations de masse que le camp Ouattara a appelé de ses voeux jeudi et vendredi à Abidjan.

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