(AfriSCOOP Abidjan) — Qui soutiendra le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), opposition politique, soutien d’Alassane Ouattara, « candidat élu » de l’élection présidentielle du 28 novembre, selon la Commission Electorale indépendante (CEI), à occasionner un bain de sang par la « marche pacifique » qu’il appelle, sera tenu « pour responsable » de cette solidarité.
Ainsi en a décidé, mercredi, l’armée régulière favorable à Laurent Gbagbo dans une déclaration lue à la télévision nationale par son porte-parole, le Lieutenant-colonel Hilaire Babri-Gouhourou.
Selon ce dernier, « des informations en possession de l`état-major des armées (…) affirment que le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en Côte d`Ivoire (Choi Young-Jin), soutient ces projets » ; ce qui suffit à la Grande muette ivoirienne pour tenir dans son collimateur le Sud-Coréen de l’ONUCI.
« Le général Philippe Mangou, chef d`état-major des armées et l`ensemble des FDS (Forces de Défense et de Sécurité de Côte d’Ivoire) tiennent M. Choi pour responsable des conséquences imprévisibles qui pourraient résulter de ces actions projetées », a ajouté le porte-parole.
Depuis mardi que le mot d’ordre de soutien tout azimut au gouvernement Guillaume Soro, Premier ministre d’Alassane Ouattara a été lancé par le président du directoire du RHDP, Alphonse Djédjé Mady, des partisans du candidat « vainqueur » du second tour du scrutin présidentiel du 28 novembre dernier, quittent massivement la zone Centre-Nord-Ouest (CNO), ex-rebelles.
Cette ruée que tente de contrôler les forces régulières, presque vain, a déjà fait une dizaine de blessés et quatre interpellations au Centre du pays, selon des sources officielles. Alors que les périmètres dans lesquels se trouvent la télévision et la radio nationale à Abidjan, sont hyper quadrillés par la gendarmerie fortement armés.
Devant ce tableau inquiétant et la mise en demeure de M. Choi par l’armée régulière, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon a réagi, appelant les parties ivoiriennes à éviter toute initiative pouvant entrainer la violence.
« Le Secrétaire général réitère son appel à toutes les parties ivoiriennes ainsi qu’à leurs sympathisants pour qu’ils fassent preuve de patience et s’abstiennent de toute action qui puisse, de manière accidentelle ou délibérée, mener à la violence », a indiqué son porte-parole Martin Nesirky dans une déclaration.
Ban Ki Moon est d’autant plus « préoccupé » que son Représentant spécial est très engagé dans la crise postélectorale et que l’armée avertit qu’elle ne lésinera sur aucun moyen en sa possession pour contrôler la situation le jeudi 17 et le vendredi 18 décembre.
« Les menaces lancées récemment par quelques commandants des forces de sécurité nationales de recourir à des solutions militaires, la confrontation qui a eu lieu entre les Forces nouvelles et les forces de sécurité nationales près de l’Hôtel du Golf le 13 décembre, et les marches prévues par les militants du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix », a rapporté Martin Nesirky la préoccupation du SG.
Mais la question qui se pose est celle de savoir si les responsables du RHDP seront attendris par cet appel pressant du chef de l’Organisation internationale accusée d’ « ingérence » par le camp de Laurent Gbagbo dans le processus électoral. YJ Choi, « un fonctionnaire onusien », selon M. Gbagbo et ses proches n’est pas habilité à décider du gagnant d’une élection présidentielle. Or, c’est qu’ils lui reprochent, le taxant d’avoir « précipitamment » certifié un scrutin en faveur de M. Ouattara alors que des représentants et des électeurs de La majorité présidentielle ont été « empêchés », « enlevés » et « violentés » dans les zones CNO.
Malgré la préoccupation de Ban Ki Moon et sa déclaration-alerte, le RHDP reste de marbre, laissant ses partisans descendre sur la capitale économique Abidjan et continuant à faire planer le spectre d’un face-à-face dangereux entre militaires et militants.
Dans ce contexte tendu, de défiance, la France réaffirme sa neutralité, selon son ministre de la Défense Alain Juppé, qui dans une déclaration à France Inter indique que des dispositions sont prises par l’Elysées en vue d’évacuer les ressortissants français si la situation basculait.
« Nous avons un dispositif en alerte pour évacuer le cas échéant, si des violences apparaissaient, nos ressortissants qui sont nombreux (environ 15.000, ndlr) Nous sommes en alerte et mobilisés et nous sommes en capacité de le faire », a-t-il déclaré, non sans en rajouter à la psychose déjà pesante.
Toutefois, un recul de la France est perceptible à la lumière de la réserve qu’affiche M. Juppé.
« Aujourd’hui, c’est une journée à risques, je voudrais en appeler de part et d’autre au sang-froid comme ça a été le cas depuis maintenant plusieurs jours », a appelé à la retenue la diplomatie Sarkozy.
A Abidjan, côté camp Laurent Gbagbo, la sérénité est de mise, le ministre de l’emploi et de la jeunesse, Charles Blé Goudé, chef des ‘’jeunes patriotes‘’ a appelé les partisans du président « investit » à garder leur calme et à continuer à ne pas céder à la provocation.
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