Pour la première fois depuis le second tour de l’élection présidentielle ivoirienne, Laurent Gbagbo a proposé à son adversaire Alassane Ouattara de « s’asseoir » à la table des négociations. Un timide appel qui est resté lettre morte. Au contraire, la pression s’est encore accrue sur les épaules du président jugé illégitime par la communauté internationale.
« Asseyons-nous et discutons. S’il y a un problème, on va s’asseoir et discuter. » Vendredi, dans les colonnes du quotidien Fraternité Matin, qui lui est favorable, le très contesté président ivoirien, Laurent Gbagbo, a tenté de trouver une issue à la crise politique qui secoue le pays depuis près de deux semaines désormais. « On entend souvent les gens dire qu’il y aura la guerre, il y aura une déflagration. Il n’y aura pas de guerre ici. Les affaires tournent et l’on va finir par s’asseoir (ensemble) », a ajouté celui qui a vu sa réélection à la tête du pays validée par le Conseil constitutionnel – une institution à sa botte – mais rejetée par l’ensemble de la communauté internationale.
Pour l’heure, les propos de Laurent Gbagbo n’ont pas trouvé d’écho favorable dans le camp d’Alassane Ouattara. Régulièrement, celui-ci s’est déclaré ouvert à des négociations, à la condition préalable que son rival abandonne le pouvoir. Un vœu également formé par de nombreux leaders mondiaux, et notamment Barack Obama qui a proposé, jeudi, de recevoir Laurent Gbagbo à la Maison blanche, là encore à condition que celui-ci se résolve à lâcher les rênes du pouvoir. Sans réponse pour l’instant.
Le patronat ivoirien ne veut plus payer d’impôts
Au niveau régional, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), maintient également la pression. Opposée à un partage du pouvoir entre les deux prétendants au fauteuil présidentiel – les expériences kenyane et surtout zimbabwéenne n’ayant pas convaincu -, la Cedeao s’est déclarée solidaire de « tout régime de sanctions (qui pourrait être pris) par la communauté internationale, les Nations unies, l’Union européenne et l’Union africaine », toutes ayant fait d’Alassane Ouattara le président légitime de la Côte d’Ivoire.
En Côte d’Ivoire, justement, malgré la mort d’une vingtaine de personnes depuis le second tour de l’élection présidentielle, un calme des plus précaires prédomine toujours. En dépit de l’intense pression internationale, Laurent Gbagbo peut encore compter sur nombre de médias acquis à sa cause et sur le soutien de la plupart des chefs de l’armée ivoirienne. L’armée qui, justement, détient peut-être la clé de la résolution de cette crise. Jeudi, Guillaume Soro, ex-Premier ministre de Laurent Gbagbo et aujourd’hui désigné chef de gouvernement par Alassane Ouattara, avait appelé les militaires à reconnaître ce dernier comme « chef suprême » du pays. Son appel n’a pour l’heure, pas fait bouger les lignes, bien que l’inconnue demeure concernant la position non pas des hauts gradés, mais du gros des troupes ivoiriennes.
Face à toutes ces incertitudes, Abidjan, la capitale économique, et l’ensemble des autres villes du pays, tournent au ralenti. Alassane Ouattara a notamment invité les agents de l’Etat à ne pas travailler pour un gouvernement qu’il juge illégal. En conséquence, les administrations sont loin de faire le plein d’agents. De son côté, le patronat ivoirien a brandi la menace de ne plus payer d’impôts tant que la crise institutionnelle ne sera pas réglée. Une crise qui joue à plein sur les cours du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le principal exportateur mondial. A Londres, ceux-ci ont chuté de 3,67% ce vendredi, la tonne se négociant désormais à 1.917 livres sterling (2,35 euros).
lejdd.fr
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