Le socialiste français Guy Labertit était un des rares occidentaux présents, vendredi, à la cérémonie d’investiture de Laurent Gbagbo. Selon lui, ce dernier est victime d’une machination internationale.
Guy Labertit en est persuadé. Laurent Gbagbo, son ami de trente ans, a bel et bien gagné l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Contacté hier matin à Abidjan alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion, cet ancien Monsieur Afrique du PS, dit rentrer en France avec sous le bras des documents prouvant que le président sortant est victime d’une «tentative d’usurpation du pouvoir orchestrée par la communauté internationale et par l’Onu.»
«Je produirai des documents»
Guy Labertit annonce qu’il va produire dans les prochaines heures des photocopies de procès-verbaux de bureaux de votes où de «lourdes irrégularités» ont été constatées. «Sur 20.073 PV, 2.200 ont été rejetés par le système de comptage électronique car ils comportaient plus de votants que d’inscrits». Selon lui, l’Onu serait restée impassible. Guy Labertit déclare aussi que de nombreux scrutateurs de la majorité présidentielle de Laurent Gbagbo ont été écartés des bureaux de vote. Il dénonce également les manoeuvres des milices des Forces Nouvelles du nord du pays, pro-Ouattara. «Elles auraient dû être casernées mais ne l’ont pas été. Ces dernières semaines, dans le nord, elles ont fait pression sur les populations.» Guy Labertit dénonce la «position ambiguë» de l’État français. «Le jour où le Conseil constitutionnel reconnaissait la victoire de Laurent Gbagbo, l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean-Marc Simon, était reçu, à sa demande, par le président. La tonalité de ces entretiens était très bienveillante. Bizarrement trois heures plus tard, Nicolas Sarkozy, pressait Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir.»
Des amis de longue date
On peut se demander jusqu’où va l’objectivité de Guy Labertit, tant ses relations d’amitié avec Laurent Gbagbo – dont le parti est affilié à l’Internationale socialiste – sont fortes et anciennes. Les deux hommes se sont en effet connus en 1982. «Je l’ai hébergé de 1983 à 1988 quand il était contraint à l’exil», précise-t-il. En tant qu’ancien délégué national à l’Afrique et à la Francophonie du Parti socialiste français de 1993 à 2006, Guy Labertit a été amené à revoir fréquemment son ami en Afrique de l’Ouest. Depuis trois ans, Guy Labertit est conseiller du président de la Fondation Jean-Jaurès pour l’Afrique et l’Amérique latine, émanation du Parti socialiste, créée il y a 18ans pour rénover la pensée socialiste. En Afrique, nombreux sont ceux qui pensent qu’il est devenu le principal conseiller politique de Laurent Gbagbo.
Didier Déniel
letelegramme.com
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