Par Sabine Cessou Blog de Libération.fr
Les représentants des partis d’opposition ivoiriens se plaignent de manoeuvres grossières de bourrage d’urnes, d’une impossibilité pratique de voter pour les électeurs ivoiriens en France et de violences à leur encontre, le 31 octobre, lors du premier tour de la présidentielle, dans les locaux de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris.
Sur les 11 300 électeurs inscrits à Paris et dans la région parisienne, près de 4 500 n’auraient pas pu retirer leur carte d’électeur. Des informations que nous n’avons pas pu vérifier auprès de l’ambassade, qui ne répond pas au téléphone, et qui a annoncé sa fermeture « pour des raisons de sécurité post-électorale », du lundi 30 novembre au jeudi 2 décembre au matin. « Les Fofana, Coulibaly, Konaté et autres, tous ceux qui portent un nom du Nord de la Côte d’Ivoire et qui pourraient voter Alassane Ouattara n’ont pas reçu de carte », dénonce Yolande Biot, Ivoirienne installée depuis trente ans en France et représentante du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et pour la paix (RHDP), qui soutient Ouattara. Au lieu des deux bureaux de vote habituels, l’un à l’ambassade, avenue Raymond Poincarré, l’autre au consulat, boulevard Suchet, la plus grande confusion aurait été créée à cause de l’installation de 28 bureaux de vote dans la région parisienne, sur lesquels les électeurs n’ont reçu aucune information.
« Une fois arrivés au boulevard Suchet, certains ont été dirigés vers Sevran, en banlieue, où on les a redirigés vers le boulevard Suchet, dénonce Yacinthe Kouassi Oussou, un représentant du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI/RDA), le parti de Henri Konan Bédié. Le 31 octobre, personne n’a pu voter parce que nos mandats d’assesseurs ont été refusés. Nous avons donc refusé que les portes soient ouvertes. Quand les responsables des bureaux de vote ont voulu dépouiller les suffrages, alors que les urnes étaient bourrées et que personne n’avait pu voter, nous nous sommes opposés à la manoeuvre. »
« Le représentant de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Mamadou Sylla, nous a demandé de signer un procès-verbal donnant 55 % des voix à Laurent Ggagbo, alors que les électeurs n’ont pas pu voter », affirme Yolande Biot. « Nous avons refusé, et Mamadou Sylla a frappé l’un d’entre nous, qui avait mis une croix sur le PV pour marquer son refus. Yacinthe Kouassi Oussou est tombé par terre et s’est évanoui. Moi, ils m’ont prise par la gorge, mais j’avais eu le temps de téléphoner à ma soeur qui était dans la foule dehors et qui a appelé la police ». Les pompiers ont finalement évacué Yacinthe Kouassi Oussou, déterminé à retourner boulevard Suchet, dimanche, pour un second tour qui ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices que le premier.
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