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L’avenir se joue en Afrique, selon le rapport de l’Organisation internationale de la francophonie qui sera rendu public demain
Le français est plutôt en forme. L’organisation internationale de la francophonie (OIF) est formelle : «le nombre de francophones dans le monde a globalement progressé», affirme-t-elle dans son rapport « La langue française dans le monde 2010 » qui sera rendu public mardi12 octobre (1).
220 millions de personnes peuvent être définies comme francophones. Encore s’agit-il d’une estimation basse, seules les personnes sachant lire et écrire le français ayant été comptabilisées dans une vingtaine de pays du continent africain qui représentent le principal foyer de la langue française.
Or à Abidjan (Côte d’Ivoire) par exemple, tout le monde parle le français, avec certes plus ou moins d’aisance (15 % très bien, 52 % assez bien, 32 % avec difficulté), alors qu’un quart des habitants de plus de 15 ans ne le lisent ni ne l’écrivent, selon l’étude annuelle Africa scope réalisée par TNS Sofres dans six pays d’Afrique.
« Dans les pays qui n’ont pas de langue commune, le français sert de langue de communication alors que dans ceux qui ont une langue fédératrice, comme le bambara au Mali, le français est moins parlé », précise Alexandre Wolff, responsable de l’observatoire de la langue française de l’OIF, chargé du rapport.
Recul manifeste du «français langue étrangère» en Europe
Pour la première fois, l’OIF dresse un panorama détaillé des francophones : ceux pour qui la langue de Molière est langue maternelle, langue officielle unique ou partagée, les « informels » qui le parlent, et ceux qui l’apprennent comme langue étrangère. Les adeptes du français ne sont pas toujours là où on les attend. Ainsi aux États-Unis, ils seraient au minimum 2,1 millions d’habitants à le parler chez eux, selon le recensement de 2000, probablement 5 à 6 millions dans les faits selon l’OIF, 11 millions ayant déclaré une origine « ethnique » francophone il y a dix ans.
La francophonie accuse au demeurant deux sérieux revers. Tout d’abord le recul manifeste du «français langue étrangère» en Europe. « Les engagements de l’Union européenne de favoriser l’apprentissage de deux langues ne se vérifient pas sur le terrain et le français est la première victime», déplore Alexandre Wolff.
Recul qui dépasse le périmètre européen, même si l’apprentissage du français continue à exister dans quasiment tous les pays du monde et si, ici ou là, il se maintient voire réémerge. Le Laos et le Cambodge envisagent ainsi de le rendre obligatoire comme deuxième langue étrangère.
85 % des locuteurs du français en 2050, estimés à 715 millions, seront en Afrique
Autre souci, les chiffres qu’Alexandre Wolff qualifie « d’accablants » dans le « Document de suivi du Vade-mecum relatif à l’usage de la langue française dans les organisations internationales » qui sera publié lors du prochain sommet de la francophonie. Là encore, la préservation du multilinguisme tarde à se concrétiser. Car l’unilinguisme n’est pas sans revers. « Des textes produits en anglais en première intention sont parfois si incompréhensibles qu’ils demandent à être d’abord traduits en bon anglais avant d’être traduits dans d’autres langues », souligne Alexandre Wolff.
Mais tout n’est pas noir sur le front de la francophonie. Celle-ci progresse à mesure que la scolarisation se généralise dans nombre de pays d’Afrique. C’est sur le continent noir que le potentiel de progression est de loin le plus élevé et que se joue donc l’avenir de la francophonie. 85 % des locuteurs du français en 2050, estimés à 715 millions, seront en Afrique selon l’OIF.
La demande de français y dépasse d’ailleurs la sphère des pays francophones, comme en témoigne l’adhé sion récente à l’OIF du Ghana et du Mozambique, dans une logique d’intégration régionale, le français étant une langue d’Afrique, instrument de coopération, d’échange et de commerce. Le Rwanda, qui a cette année renoncé au français comme langue de scolarisation au profit de l’anglais, ne fait pour l’instant pas école.
Marie VERDIER
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