Gaoudi Oulata (Colonel, député) « Le peuple Wê est devenu esclave sur ses propres terres »

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Olivier Guédé source: L’Intelligent d’Abidjan

L’honorable Gaoudi Oulata Pierre, député de la circonscription de Bangolo et Président de la Commission de la Sécurité et de la Défense a lancé un appel au secours en faveur du peuple Wê qui selon lui « vit au quotidien un drame d’une ampleur indescriptible», au cours d’une conférence de presse qu’il a organisé le samedi 10 mai 2014 dans un restaurant aux II Plateaux.

Expliquant le contexte de sa sortie, le colonel Gaoudi Oulata a souligné revenir d’une mission sur la sécurité qui l’a conduit de Sipilou jusqu’à Taï. Une mission effectuée afin de vérifier l’exactitude du rapport de l’ONG Human Right Watch (HRW) sur les conflits fonciers dans le grand Ouest ivoirien. « Je peux affirmer que le rapport de HRW est conforme en de nombreux points sur ce qu’il nous a été donné de voir et d’entendre. Aujourd’hui, le peuple Wê a le sentiment de vivre en danger sur ses propres terres. Danger du fait de la venue massive de migrants des pays environnants », a indiqué le député. Selon lui, les populations autochtones sont confrontées à « une véritable invasion et des terres, sont illégalement occupées. Les forêts classées sont à 95% dans les mains de ces migrants ». Les conséquences de ces arrivées massives après la crise postélectorale, consacrent l’appauvrissement des Wê. « Laminés à l’issue de la guerre et de la crise postélectorale, les Wê vivent dans l’insécurité, dans la peur et dans la pauvreté et pour beaucoup, leur existence se réduit à un état d’esclavage sur leurs propres terres », a crié le député de Bangolo. En tant qu’élu du RDR et fils des Wê, il a indiqué qu’il était de son devoir citoyen, d’informer le Président de la République sur la situation qui prévaut à l’Ouest du pays. « Le Président de la République n’est véritablement pas au fait de la situation exacte. Je sais que ces différents conseillers lui cachent la situation réelle, et nos populations nous demandent avec insistance, si le chef de l’Etat est au parfum de ce qui se passe. Nos populations veulent savoir si le Président de la République est informé sur toutes les exactions qu’elles subissent dans l’impunité, du fait des dozos et de migrants armés d’armes de guerre. Les Wê me demandent si les autorités gouvernementales savent que leurs terres sont distribuées illégalement et qu’ils n’ont pas un mot à dire ? », a traduit l’honorable Oulata. Il a précisé que le peuple Wê ne veut plus de la guerre. Ce serait même une catastrophe pour eux qu’il y ait de nouveaux, des affrontements armés sur leurs terres. « Mais, la situation est intenable aujourd’hui.

Plus de 35.000 immigrés, expulsés du mont Péko, et qui doivent être relocalisés ailleurs, sont en train de s’installer sur leurs terres sans autorisation. Beaucoup de ces personnes sont armées et n’hésitent pas à utiliser leurs armes pour obtenir des privilèges », s’inquiète Gaoudi Oulata. Il dit avoir peur que la situation ne dégénère et que cette région déjà fragile ne soit frappée à nouveau par un accès de violences. «Nous sommes dans une poudrière et c’est pourquoi, le peuple Wê appelle le Président Ouattara au secours. Il me charge de lui dire que la guerre est finie et qu’ils aspirent à vivre en paix et veulent bénéficier aussi des fruits de l’émergence qui tardent à se faire sentir chez eux », a lancé le député de Bangolo. Pour lui, les conseillers du Président sont à la base de cette situation car ils mènent des actions, sans en informer les élus. Son combat, est de rétablir la vérité des faits afin que le Président Ouattara prenne les choses en main. « Il faut que le Président règle la question des terres, et cela passe par l’interdiction formelle de vente et d’acquisition de terres dans cette région. Le Président doit aussi penser à la délocalisation des 35.000 immigrés du mont Péko, car leur recasement pose véritablement problème », a souligné le député. Pour conclure, il a indiqué que les attentes du peuple Wê envers le Président Ouattara sont nombreuses. Car, il s’agit d’une question existentielle.

Olivier Guédé

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