Bouaké Fofana, ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité : « À ce jour, 80 % de la population a accès à l’eau potable à travers l’hydraulique urbaine, l’hydraulique villageoise améliorée et les pompes à motricité humaine »
Le ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofana, revient dans cet entretien sur les mesures prises pour faciliter l’accès à l’eau potable à l’ensemble de la population. Il évoque également les codes de l’assainissement et de la salubrité adoptés il y a peu.
Monsieur le ministre, quelle est la situation en matière d’accès à l’eau potable pour les populations, à ce jour, en Côte d’Ivoire ?
L’accès à l’eau potable en Côte d’Ivoire progresse de façon satisfaisante. Il faut retenir qu’il y a trois façons de donner de l’eau aux Ivoiriens. La première est l’hydraulique urbaine, gérée par la SODECI. Ici, l’abonné a un compteur et un ou plusieurs robinets chez lui par lesquels il reçoit de l’eau. La deuxième, est l’hydraulique villageoise améliorée. Il s’agit de petits châteaux en matière plastique avec quelques bornes pour les villages qui ont plus de 2 000 habitants. Et enfin, les Pompes à Motricité Humaine (PMH). C’est un système de pompage (par le pied ou la main). Nous essayons d’améliorer le confort des populations en le faisant fonctionner à l’énergie solaire. À ce jour, 80 % de la population a accès à l’eau potable par ces trois modes. Mais, ceux qui ont accès au service sécurisé de l’eau, notamment ayant le robinet à la maison et qui ont de l’eau à tout moment, constituent environ 41 % de la population.
Certains quartiers d’Abidjan ne sont pas encore desservis en eau potable. Quand d’autres enregistrent des baisses de pression allant jusqu’à des coupures d’eau. Qu’est-ce qui explique cette situation et comment comptez-vous y remédier ?
Il y a également trois phases dans la gestion de l’eau : la production, le stockage ou le transport, et la distribution. Le Grand Abidjan est à ce jour pratiquement couvert par la production. Et ce, grâce aux projets en cours. En termes de stockage et de distribution, du travail est en train d’être fait. Il faut construire davantage d’ouvrages de stockage, notamment, les châteaux d’eau, puis, les canalisations pour permettre que l’eau arrive chez le client. Il s’agit donc de résoudre des problèmes liés à la distribution et la construction de canalisations pour que ces sous-quartiers que vous mentionnez soient entièrement desservis. Des projets sont, à cet effet, en cours pour adresser définitivement ces problèmes d’ici deux à trois ans.
Des ouvrages d’assainissement sont parfois vandalisés, voire obstrués ou utilisés à d’autres fins dans de nombreux quartiers d’Abidjan. Qu’est-ce qui est fait pour mettre fin à ces actes d’incivisme ?
Nous faisons de la sensibilisation pour que les populations respectent et assurent l’intégrité des ouvrages d’assainissement. Nous avons également adopté un Code d’assainissement qui est aujourd’hui en vigueur et que nous sommes en train de diffuser. Ce Code prévoit des sanctions administratives, pénales et pécuniaires. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui, celui qui obstrue un ouvrage d’assainissement encourt des peines d’emprisonnement et des amendes allant jusqu’à 2 millions de FCFA.
Quelles sont les grandes lignes du Code de l’assainissement ?
Il s’agit d’un code commun à nous et à nos collègues de la Santé. C’est un code de l’hygiène et de la salubrité. Il y a dans ce Code, outre des définitions, la règlementation, aussi des sanctions (administratives, pénales et pécuniaires). Vous savez que la salubrité est un sujet qui devient très important pour la santé publique. Raison pour laquelle, d’ailleurs, ce Code est commun au ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité et à celui de la Santé et de l’Hygiène publique.
Quel bilan faites-vous des différentes campagnes de sensibilisation et d’information que vous avez initiées, et quelles sont éventuellement les prochaines étapes ?
Chaque année, dans le Grand Abidjan, nous faisons beaucoup de sensibilisation dans toutes les langues, à travers la radio, des réunions publiques avec les communautés, etc. Nous sollicitons également l’appui des guides religieux pour que dans les églises et les mosquées, l’on puisse parler de ces questions. À mi-parcours, le bilan est encourageant d’autant plus que la dernière saison de pluie a enregistré le chiffre le plus bas de dégâts et de pertes en vie humaine. Ce qui dénote que la sensibilisation fonctionne et que nous devons continuer.
Votre mot de fin ?
Le gouvernement, sous l’égide du Président de la République, Alassane Ouattara, a érigé l’eau, l’assainissement et la salubrité en priorités nationales. C’est d’ailleurs pour cette raison que le gouvernement a bâti une stratégie nationale intégrée pour l’eau, l’assainissement et la salubrité. Ce qui est attendu des populations, c’est le strict respect de ces ouvrages. Le gouvernement a subventionné l’eau potable, car l’eau coûte cher. Depuis 2004, le tarif de l’eau n’a pas changé. Je lance un appel aux populations, de prendre soin des ouvrages de drainage et d’assainissement. Et d’éviter le gaspillage de l’eau.
Concernant l’assainissement, il faut que les populations s’imprègnent davantage du Code de l’assainissement. Savez-vous que si vous produisez de l’eau usée chez vous, et que vous la laissez couler chez le voisin, c’est une infraction au Code d’assainissement. C’est pareil pour la salubrité. Nous essayons d’innover dans ce domaine. Nous avons, à cet effet, un centre de valorisation et d’enfouissement à Kossihouen. Pour finir, nous exhortons la population au civisme, au respect du Code et à avoir des gestes responsables et écocitoyens en s’abstenant de jeter des ordures dans les ouvrages de drainage.
CICG
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