L’Iran possède une profondeur stratégique (territoriale, culturelle et militaire), avec une capacité avérée à absorber les chocs militaires, comme on l’a vu face aux sanctions et à la guerre Irak–Iran (1980–1988).
Il dispose d’un réseau d’alliés non-étatiques dans la région (Hezbollah au Liban, milices chiites en Irak, Houthis au Yémen), capables de maintenir une forme de guerre asymétrique même après des frappes directes.
L’Iran a développé une doctrine de dissuasion par procuration qui rend difficile une victoire totale contre lui, même pour une puissance militaire supérieure.
Israël – Iran : l’intervention des Américains va-t-elle nécessairement conduire à une « capitulation sans conditions » de l’Iran ?
Au septième jour des affrontements dans ce conflit entre Israël et l’Iran, le constat n’échappe plus à personne, Israël n’est pas en mesure de faire plier l’Iran en agissant seul. Certes le pays dispose de la domination dans les airs. Mais la capacité iranienne à répliquer par des missiles, pose un défi dramatique à l’armée israélienne. Le système « dôme de fer » censé intercepter ces missiles, ne réussit pas toujours à le faire. Au petit matin du Jeudi 19, les Iraniens frappent le principal hôpital du Sud d’Israël, l’établissement prend en charge les blessés de l’opération dans la bande de Gaza. C’est un élément important du dispositif de l’offensive israélienne dans cette enclave qui est mis hors service.
D’autre part, les explosions entendues dans la nuit du 18 au 19 Juin à Tel Aviv ont été » les plus violentes depuis le début des hostilités » selon les journalistes sur place, les Iraniens avaient la veille annoncé le lancement de missiles hypersoniques. Ils sont plus difficiles à intercepter du fait de leur vitesse et du fait qu’ils peuvent changer de trajectoire en plein vol, contrairement aux missiles classiques dont les trajectoire sont connues dès qu’ils sont lancés. Plus inquiétant pour Israël, la presse faisait état mercredi de l’amenuisement des stocks de missiles anti-missiles « arrow », qui permettent d’intercepter les missiles iraniens. Aujourd’hui Israël ( tout comme l’Iran ) cache ses pertes civiles. Le bilan est minimisé, et les images des destructions sont censurées, car celles de la cité de Bnei-Brak, frappé par les Iraniens au second jour des hostilités, ont créé un électrochoc dans le pays. La population a alors compris que la guerre serait plus meurtrière que prévu.
Tous les regards sont désormais tournés vers les Etats-Unis pour « finir le job » selon l’expression employée dans les médias. On sait que depuis Donald Trump a validé un plan d’intervention. Avec leurs bombardiers B-2 dotés des fameuses bombes GBU-57, les Etats-Unis sont les seuls à pouvoir détruire les installations nucléaires iraniennes du site de Fordo enfouies à 80 mètres sous terre. Mais une question se pose : Que fait-on après avoir détruit ces sites ? On continue de bombarder ou on arrête les hostilités ? Car L’Iran ne va pas juste capituler parce que les sites en question seront détruits. Le Président Trump hésite depuis trois jours, et dit vouloir donner « un ultime ultimatum aux Iraniens ».
Il faut savoir que l’armée de terre iranienne ainsi que la marine sont intactes pour l’instant, de même que l’armée des gardiens de la révolution, une armée parallèle lourdement équipée. L’état-major de ces forces a été en partie décimé lors des premières frappes israéliennes, mais elles restent des armées opérationnelles. Et sans engagements terrestres, sans troupes au sol, on ne voit pas comment les Américains pourront parvenir à cette « capitulation sans conditions » de l’Iran, exigée par le président Trump. Une guerre se gagne au sol, et non dans les airs. Si vous n’êtes pas en mesure d’occuper par vos troupes un terrain conquis, alors ce terrain n’est pas vraiment conquis. La victoire sur l’Iran ne sera « totale » que si le pays est militairement occupé.
Or Israël n’est pas en mesure de le faire, et les Etats-Unis refusent systématiquement l’envoi de troupes au sol. Donc quel que soit les cas de figure pour l’issue de ce conflit, l’Iran ne sera jamais militairement occupé comme l’Irak par exemple. Ce qui veut dire que le pays pourra toujours conserver son armée, ce qui veut encore dire qu’on ne pourra pas abattre le régime. Ainsi Les Etats-Unis et Israël font un mauvais calcul en pensant conclure l’affaire uniquement avec l’aviation. A défaut de troupes au sol, toute victoire sur l’Iran n’en sera pas vraiment une. On pourra certes détruire les installations nucléaires, mais on ne pourra pas abattre le régime. Pour la population israélienne, la victoire aura un goût d’inachevé, alors que du côté irainien, on aura le sentiment d’avoir tenu tête aux deux principaux ennemis.
Douglas Mountain
oceanpremier4@gmail.com
Le Cercle des Réflexions Libérales
Commentaires Facebook