Par Antoine Kemonsei

Le tourisme est souvent perçu comme venant de l’étranger : Europe, Amérique, Asie… Pourtant, le vrai moteur de la croissance touristique en Afrique aujourd’hui, c’est le tourisme local et régional c’est-à-dire les voyages effectués par les Africains eux-mêmes, dans leur propre pays ou dans les pays voisins.
1. Un levier économique puissant
Le tourisme local et régional :
Représente plus de 60% des déplacements touristiques internes dans plusieurs pays africains.
Génère des revenus plus stables parce qu’il n’est pas dépendant des crises internationales.
Permet aux petites entreprises (hôtels, restaurants, transporteurs, guides, artisans) de fonctionner toute l’année, même en saison basse.
En Côte d’Ivoire, l’explosion des voyages internes vers Bassam, Assinie, Yamoussoukro, Man, Korhogo ou San-Pédro montre la force de ce marché.
2. Création massive d’emplois locaux
Le tourisme local :
Favorise les emplois directs : hébergement, restauration, transport, billetterie, guides.
Crée des emplois indirects : agriculture, pêche, artisanat, services numériques.
Fait vivre des milliers de familles dans les zones rurales ou semi-urbaines.
80 à 90% des acteurs du tourisme en Afrique sont des TPE et PME locales.
Stimuler le tourisme local, c’est renforcer leur survie et leur croissance.
3. Développement des territoires
Le tourisme régional pousse les États et les communes à :
Améliorer les infrastructures routières et sanitaires,
Investir dans la sécurité et la connectivité numérique,
Valoriser et protéger le patrimoine culturel, naturel et historique.
Exemple : En Côte d’Ivoire, l’ouverture de nouvelles routes dans l’Ouest et le Nord facilite l’accès aux cascades de Man, au Mont Nimba, à Kong ou à Boundiali.
4. Préservation des cultures africaines
Le tourisme local aide à :
Promouvoir les traditions, les rites, la gastronomie, les danses et les savoir-faire.
Transmettre le patrimoine aux plus jeunes.
Renforcer la fierté et l’identité culturelle.
Festivals, événements culturels, villages artisanaux et musées trouvent leur public d’abord chez les Africains eux-mêmes.
5. Résilience face aux crises
Lorsqu’une crise affecte les flux internationaux (pandémies, tensions géopolitiques), le tourisme local devient la bouée de sauvetage.
Pendant et après la Covid-19, les pays qui ont survécu dans le secteur touristique sont ceux où les populations locales ont continué à voyager. L’Afrique a démontré une grande capacité d’adaptation.
6. Intégration régionale et mobilité africaine
Avec l’essor de la ZLECAF et la mobilité intra-africaine, les voyageurs de la CEDEAO, de la CEEAC ou de l’Afrique de l’Est représentent une manne énorme. Les courts séjours business-loisirs (leisure) augmentent. Les compagnies africaines renforcent les liaisons régionales. Exemple : Les flux Côte d’Ivoire – Sénégal – Ghana – Burkina – Mali soutiennent fortement l’hôtellerie et les commerces.
Conclusion :
Le tourisme local et régional, c’est l’avenir du secteur en Afrique. Les Africains voyagent de plus en plus pour découvrir leur propre continent, participer à des événements, faire du business, se reposer et consommer local. Investir dans le tourisme local, c’est investir dans la croissance économique, les emplois, la culture et l’unité africaine.
Antoine Kemonsei
Expert en Tourisme






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