Lecture chez les jeunes: la Côte d’Ivoire face à un défi partagé en Afrique de l’Ouest (Chronique)

Par Fleur Kouadio

La question de l’accès au livre et de la lecture chez les jeunes dépasse largement les frontières ivoiriennes. En Côte d’Ivoire comme dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, les progrès en matière de scolarisation ne se traduisent pas toujours par une véritable culture de la lecture.

Dans les écoles ivoiriennes, les manuels sont de plus en plus disponibles, signe d’un effort public réel. Mais cette avancée masque une faiblesse structurelle: le livre reste majoritairement cantonné à l’espace scolaire. En dehors des classes, la lecture disparaît, faute d’infrastructures culturelles accessibles et de moyens financiers suffisants.

Ce constat est partagé dans la sous-région. Des capitales aux zones rurales, bibliothèques insuffisantes, librairies rares et faible production locale limitent l’accès au livre. À cela s’ajoute la domination des écrans, qui modifie profondément les habitudes des jeunes Africains. L’information circule vite, mais souvent sans filtre ni hiérarchie.

La Côte d’Ivoire, relativement stable sur le plan institutionnel, dispose pourtant d’un atout: la possibilité d’anticiper. Là où certains pays de la région subissent de plein fouet les effets de la désinformation sur la cohésion sociale, Abidjan peut encore renforcer les compétences critiques de sa jeunesse.

Les évaluations régionales en éducation montrent que la compréhension écrite reste insuffisante chez une part importante des élèves. Ce déficit nourrit une vulnérabilité commune face aux discours radicaux, complotistes ou propagandistes qui circulent largement dans l’espace ouest-africain.

Promouvoir la lecture chez les jeunes ivoiriens revient donc à agir à l’échelle régionale. Encourager les clubs de lecture, soutenir l’édition locale, créer des bibliothèques de proximité et intégrer la lecture critique dans les programmes sont autant de leviers pour renforcer la résilience intellectuelle des sociétés.

Dans une Afrique de l’Ouest confrontée à des défis sécuritaires, politiques et informationnels majeurs, le livre demeure un outil stratégique. La Côte d’Ivoire a l’opportunité de montrer qu’investir dans la lecture, c’est investir dans la stabilité et l’avenir de toute une région.

F. Kouadio

Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info

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