Côte d’Ivoire : après la large victoire du RHDP, le débat sur un retour au parti unique refait surface, opposition et pouvoir accusés

Après la victoire écrasante du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) aux élections législatives, avec 197 députés sur 255, le débat sur un possible retour de fait au parti unique s’impose dans l’espace public ivoirien. De nombreux observateurs ironisent sur une domination politique quasi sans partage du parti au pouvoir.

Ancien ministre sous la présidence de Laurent Gbagbo, Kahe Eric estime que cette situation est en grande partie le résultat des stratégies et divisions de l’opposition. Selon lui, les partis opposés au pouvoir ont, par leurs rivalités internes et leur incapacité à s’unir, facilité la suprématie du RHDP.

« Bienvenue au pays du retour au parti unique, fondé par des oppositions qui se combattent et se neutralisent, ouvrant une autoroute à multiples voies réservée exclusivement au parti au pouvoir », a-t-il déclaré, dénonçant ce qu’il considère comme un gâchis de plusieurs décennies de luttes démocratiques.

Pour Kahe Eric, l’absence de stratégie commune et la multiplication des candidatures concurrentes au sein de l’opposition ont permis au RHDP de consolider une position déjà dominante, réduisant considérablement le pluralisme politique à l’Assemblée nationale.

Des analyses plus nuancées

D’autres analystes et acteurs politiques nuancent toutefois cette lecture. Ils estiment que la responsabilité ne saurait incomber uniquement à l’opposition. Selon eux, le climat politique dans lequel se sont déroulées les élections a également pesé lourdement sur le résultat.

Ces voix pointent notamment du doigt ce qu’elles qualifient de pressions exercées contre les opposants, évoquant des arrestations, des intimidations, le gel d’avoirs, ainsi que la caporalisation de la liste électorale et de la Commission électorale indépendante (CEI). Elles dénoncent également l’exclusion de figures majeures du jeu politique, qui aurait, selon elles, faussé la compétition électorale.

Pour ces observateurs, le parti du président Alassane Ouattara aurait ainsi créé les conditions favorables à l’émergence d’un système assimilable à un parti unique de fait, en réduisant l’espace d’expression et de concurrence politique, y compris par l’usage de moyens coercitifs.

Un pluralisme en question

Entre critiques internes à l’opposition et dénonciation des pratiques du pouvoir, la victoire du RHDP relance donc un débat de fond sur l’avenir du pluralisme politique en Côte d’Ivoire. Si le parti au pouvoir consolide son emprise institutionnelle, la recomposition de l’opposition et la crédibilité du processus démocratique apparaissent plus que jamais comme des enjeux centraux pour les prochaines échéances électorales.

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