Guinée : après la présidentielle de décembre, le rôle discret mais persistant de la France continue d’interroger

Après la tenue de l’élection présidentielle de décembre en Guinée, le rôle joué par la France auprès des autorités de transition demeure au centre des interrogations et des controverses, tant sur le plan politique que sécuritaire.

Au cours des semaines ayant précédé le scrutin, Paris a mis fin à l’envoi de militaires français en Guinée, à la suite de révélations évoquant la présence discrète de soldats français, dont des éléments des forces spéciales, aux côtés du régime du général Mamadi Doumbouya. Selon plusieurs sources concordantes, ces informations auraient provoqué un malaise au plus haut niveau de l’État français.

Un bras de fer interne aurait opposé le Quai d’Orsay au ministère des Armées sur la stratégie à adopter vis-à-vis de Conakry. À l’issue de ces discussions, la ligne diplomatique aurait prévalu, entraînant un retrait progressif de la coopération militaire visible.

Dans ce contexte, la formation des forces spéciales guinéennes aurait été confiée à des instructeurs rwandais, illustrant une recomposition des partenariats sécuritaires de la Guinée.

Toutefois, l’influence française ne se serait pas totalement dissipée. D’après des sources sécuritaires, la France continuerait d’apporter un appui en matière de renseignement et maintiendrait une présence limitée de coopérants, estimée à une dizaine de personnes, au sein des états-majors guinéens, notamment dans l’armée, la police et la gendarmerie.

Cette coopération persistante fait l’objet de critiques de la part d’organisations de défense des droits humains et de certains acteurs politiques guinéens, qui dénoncent le soutien international accordé à un régime accusé de violations des droits fondamentaux depuis le coup d’État de 2021. Les autorités françaises, de leur côté, n’ont pas réagi officiellement à ces accusations, rappelant régulièrement leur attachement à la stabilité régionale et au retour à l’ordre constitutionnel.

Après la présidentielle, la question du positionnement réel de la France en Guinée reste ainsi posée, entre retrait militaire affiché et influence maintenue en coulisses.

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