Une fois encore, la Confédération africaine de football (CAF) donne le sentiment de suivre l’Europe plutôt que d’inventer un modèle propre au continent. À la veille du coup d’envoi de la 35ᵉ édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), prévue du 21 décembre 2025 au Maroc, son président, Patrice Motsepe, a annoncé une réforme majeure du calendrier des compétitions africaines, largement inspirée des standards européens.
Lors d’une conférence de presse tenue samedi à Rabat, le dirigeant sud-africain a confirmé que la CAN se disputera désormais tous les quatre ans à partir de 2028, rompant avec une tradition historique établie depuis 1957, où la compétition avait lieu tous les deux ans. Une décision qui rapproche davantage la CAN du format de l’Euro organisé par l’UEFA.
Toutefois, l’édition CAN 2027, coorganisée par le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda, est maintenue à l’été 2027, conformément au calendrier initial. Le nouveau cycle quadriennal ne s’appliquera donc qu’à partir de l’édition suivante, dont le pays hôte reste encore à déterminer.
« En 2027, nous irons en Tanzanie, au Kenya et en Ouganda. La CAN suivante aura lieu en 2028, et à partir de là, elle se jouera tous les quatre ans », a déclaré Patrice Motsepe, à la veille du match d’ouverture Maroc–Comores de la CAN 2025.
Une Ligue des Nations africaines calquée sur l’UEFA
Dans la même logique, la CAF a annoncé la création d’une Ligue des Nations africaines, directement inspirée de celle mise en place par l’UEFA. Cette nouvelle compétition devrait voir le jour à partir de 2029 et se tenir chaque année.
« Après la Coupe du monde des clubs de la FIFA en 2029, nous lancerons la première Ligue des Nations africaines, avec plus de prize-money, plus de ressources et davantage de compétitivité », a précisé le président de la CAF.
La Côte d’Ivoire est arrivée au Maroc pour la CAN 2025 en tenue traditionnelle !
— Actu Foot Afrique (@ActuFootAfrique) December 20, 2025
Le flow ? pic.twitter.com/D1PoHcB1lA
Après la Ligue des champions africaine, elle-même calquée depuis longtemps sur le modèle européen, cette nouvelle annonce renforce le sentiment d’une CAF incapable de proposer une architecture originale, adaptée aux réalités économiques, climatiques et structurelles du football africain.
Un alignement sur l’Europe plus qu’une innovation africaine
Officiellement, ces réformes visent à mieux aligner le calendrier africain sur celui de la FIFA et des compétitions européennes, régulièrement invoqué pour justifier les tensions avec les clubs européens, notamment lors des CAN disputées en pleine saison.
Dans la foulée, Patrice Motsepe a également annoncé une augmentation des dotations financières, avec une prime au vainqueur de la CAN portée de 7 à 10 millions de dollars, dès l’édition marocaine de 2025.
Mais au-delà des chiffres et des effets d’annonce, la question demeure : où est l’innovation africaine ? En s’alignant systématiquement sur l’UEFA, la CAF donne le sentiment de sacrifier l’identité et les spécificités du football africain au profit d’une standardisation dictée par l’Europe, sans véritable débat de fond avec les acteurs du continent.
Après des années de controverses sur le calendrier, le format et la gouvernance, le football africain entre certes dans une nouvelle phase. Reste à savoir si cette “modernisation” marquera une réelle émancipation… ou une dépendance assumée aux modèles européens.






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