Par Dr Touré Aboubacar

Bien que la notation BB de Moody’s mette en avant les perspectives de croissance de la Côte d’Ivoire et les efforts de consolidation budgétaire menés sous l’encadrement du FMI, cette évaluation présente des insuffisances conceptuelles importantes quant à la durabilité de cette croissance et au niveau réel du risque budgétaire. La notation semble notamment sous-estimer la fragilité du contrat social dans un pays où près de 40 % de la population demeure sous le seuil de pauvreté et où le revenu par habitant reste faible, créant un décalage croissant entre la progression du PIB et les réalités économiques vécues par les populations, un déséquilibre susceptible de devenir socialement et politiquement sensible à l’horizon 2026. Par ailleurs, si Moody’s salue les efforts de mobilisation des recettes, le ratio impôts sur PIB projeté de la Côte d’Ivoire demeure structurellement faible, bien en deçà de l’objectif régional de 20 % et de la moyenne de 21,7 % observée dans les économies comparables, ce qui met en évidence une incapacité persistante à élargir efficacement l’assiette fiscale.
Enfin, l’analyse tend à minimiser certaines vulnérabilités externes majeures, notamment la forte concentration des exportations sur des produits de base exposés à la volatilité des prix et aux risques climatiques, ainsi que les risques de contagion régionale liés à l’instabilité persistante dans plusieurs pays voisins d’Afrique de l’Ouest.






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