Le cinéma ivoirien retrouve son souffle: renaissance numérique et ambitions régionales

Longtemps considéré comme un secteur en sommeil, le cinéma ivoirien connaît une transformation qui redonne espoir aux professionnels comme aux passionnés. Après les débuts institutionnels de 1961 avec la SIC et les pionniers tels que Timité Bassori (Sur la dune de la solitude, 1964), la Côte d’Ivoire a vécu l’âge d’or des salles populaires. Dans les années 1970-90, on comptait jusqu’à 40 salles à Abidjan et près de 100 sur tout le territoire. Ce réseau a pourtant disparu, victime du manque d’investissements, de l’usure des infrastructures et de l’essor de la télévision puis du numérique.

C’est justement le numérique qui va relancer la dynamique à partir de 2004. Une nouvelle génération d’artistes et de techniciens se forme, les moyens de production deviennent plus accessibles et l’animation fait une entrée remarquée avec Pokou, princesse ashanti (2013), premier long métrage ivoirien en 3D (Wikipedia). Le tournage de films et de séries augmente nettement: une trentaine de productions récemment réalisées dans le pays, selon le ministère de la Culture, et quarante autres projets approuvés pour l’année en cours .
Cette effervescence s’accompagne d’une ambition assumée: faire d’Abidjan un hub cinématographique africain. De plus en plus de productions panafricaines choisissent la Côte d’Ivoire pour ses décors variés, sa stabilité et son vivier de jeunes talents. Plusieurs rapports soulignent que le cinéma pourrait devenir un levier économique et culturel, à condition de mieux structurer la filière, d’investir dans la formation et de renforcer les infrastructures.

Le potentiel est réel, mais les défis restent lourds: quasi-absence de salles modernes, financements limités, manque de critique spécialisée et fragmentation des initiatives. Pourtant, jamais depuis les années 1980 l’écosystème n’a montré une telle vitalité.
La Côte d’Ivoire dispose aujourd’hui d’une occasion rare: capitaliser sur la créativité de sa jeunesse et sur l’intérêt croissant du continent pour les contenus audiovisuels africains. Si les ambitions affichées se concrétisent, Abidjan pourrait redevenir, dans les années à venir, l’un des moteurs du cinéma ouest-africain.

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