Putsch « réussi puis déjoué » au Bénin : le ver est dans le fruit

Plusieurs premières dépêches avaient laissé entendre que le putsch au Bénin avait bel et bien réussi avant que le Nigeria, puissant voisin du « petit Dahomey », ne décide d’entrer en scène pour ramener Patrice Talon dans son fauteuil présidentiel.

En réalité, pour le pouvoir sortant, le mal est déjà fait : le ver est désormais dans le fruit.

Jadis considéré comme un havre de stabilité hérité du général Mathieu Kérékou, la gouvernance béninoise a profondément changé au cours des dix années de règne de Patrice Talon. Centralisation du pouvoir, réduction drastique de l’espace politique, étouffement de l’opposition… Le président béninois a progressivement bâti une véritable architecture autocratique, rompant avec la tradition démocratique qui faisait la fierté du pays.

Le désaveu par le putsch – réussi dans un premier temps, puis déjoué par l’intervention musclée du Nigeria – jette une ombre lourde sur cette décennie de gouvernance. L’épisode laisse derrière lui un voile sombre, un linceul noir, sur les dix ans du régime Talon. Un véritable blâme historique, qui révèle les fragilités d’un système que l’on croyait solidement verrouillé.

Abuja confirme des frappes à Cotonou, la Cedeao active sa Force en attente

Le Nigeria a confirmé, dans la soirée du 7 décembre, avoir mené des frappes aériennes à Cotonou et déployé des troupes au sol pour soutenir le gouvernement béninois, confronté à une tentative de coup d’État. L’intervention, déclenchée à la demande expresse des autorités de Porto-Novo, visait à « sauvegarder l’ordre constitutionnel » et à neutraliser les putschistes.

Dans un communiqué officiel, la présidence nigériane explique avoir répondu à « deux requêtes du gouvernement béninois ». Le président Bola Tinubu a ainsi autorisé l’entrée d’avions de combat dans l’espace aérien du Bénin afin de déloger les mutins qui s’étaient retranchés à la télévision nationale et dans un camp militaire.

Des opérations conjointes de surveillance aérienne ont également été menées, avant que Cotonou ne sollicite un soutien supplémentaire. Abuja confirme désormais que « des forces nigérianes au sol sont actuellement déployées au Bénin ».

Assurant agir dans le cadre du protocole de la Cedeao sur la démocratie et la bonne gouvernance, Bola Tinubu s’est félicité du rôle joué par son armée : « Aujourd’hui, les forces armées nigérianes se sont vaillamment dressées pour défendre et protéger l’ordre constitutionnel au Bénin. Nous avons aidé à stabiliser un pays voisin. »

La Cedeao active la Force en attente

Face à la gravité de la situation, la Cedeao a annoncé le déploiement immédiat d’unités venues du Nigeria, de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Ghana. L’objectif : soutenir le gouvernement béninois, consolider la chaîne de commandement militaire et empêcher tout basculement institutionnel.

La Force en attente de la Cedeao, déjà mobilisée en Gambie en 2017 lors du refus du président Yahya Jammeh de quitter le pouvoir, dispose d’un mandat clair : garantir la paix, la stabilité et la protection de l’ordre constitutionnel dans l’espace ouest-africain.

(Avec AFP)

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