Au Bénin des Forces spéciales annoncent un coup d’État, le pouvoir assure « reprendre la situation en main »

Un groupe de soldats est apparu dimanche matin sur la télévision nationale béninoise, affirmant avoir renversé le président Patrice Talon. Se présentant comme le Comité militaire pour la refondation, ils ont annoncé la dissolution de toutes les institutions de la République et la nomination du lieutenant-colonel Pascal Tigri à la tête du comité.

Le signal de la chaîne nationale a été coupé peu après cette déclaration.

Sur le réseau X, l’ambassade de France a signalé des coups de feu au camp Guezo, situé près de la résidence officielle du chef de l’État, appelant les ressortissants français à rester chez eux.

Peu après l’apparition des militaires, une source proche de Patrice Talon a assuré à l’AFP que le président était sain et sauf et que l’armée régulière reprenait progressivement le contrôle de la situation. Le ministre des Affaires étrangères, Olushegun Adjadi Bakari, a confirmé à Reuters que « la situation est sous contrôle », tandis que le porte-parole du gouvernement, Wilfried Houngbedji, a assuré à l’agence AP que « tout va bien ».

Un nouveau coup d’État dans un contexte régional tendu

Ces événements surviennent alors que l’Afrique connaît une recrudescence de coups de force. En l’espace de deux mois, Madagascar et la Guinée-Bissau ont déjà été frappés par des putschs.

À Madagascar, en octobre, le président Andry Rajoelina a fui le pays et le colonel Michael Randrianirina s’est proclamé chef de l’État après des semaines de manifestations antigouvernementales.

En Guinée-Bissau, en novembre, le général Horta Inta-A a pris la tête de la transition, au lendemain de l’éviction du président Umaro Sissoco Embalo, juste avant l’annonce des résultats provisoires de la présidentielle.

Analyse : une “démocratie instrumentalisée” selon Adama Gaye

Pour Adama Gaye, ancien directeur de la communication de la CEDEAO, interrogé par Al Jazeera, cette tentative de putsch n’est « pas une surprise ». Il évoque un climat politique tendu au Bénin, marqué par l’arrestation de plusieurs opposants et par une transition jugée peu crédible.

Selon lui, la succession annoncée de Patrice Talon par son ministre des Finances, Romuald Wadagni, pourrait être perçue comme une « transition de façade », à l’image du tandem Medvedev-Poutine en Russie.

Plus largement, il estime que dans la région, « les dirigeants manipulent la démocratie pour rester au pouvoir », ce qui alimente les risques de putschs militaires.

Contexte politique : un pouvoir contesté

Arrivé à la présidence en 2016, Patrice Talon a été réélu en 2021 avec 86 % des voix lors d’un scrutin marqué par un boycott de l’opposition. Il devait quitter ses fonctions en avril prochain.

Le candidat désigné du pouvoir est Romuald Wadagni, donné favori.

Le candidat de l’opposition, Renaud Agbodjo, a été invalidé faute de parrainages suffisants.

Le Parlement a voté en novembre l’extension du mandat présidentiel de cinq à sept ans, tout en maintenant la limite de deux mandats.

Pour Adama Gaye, ces évolutions ont contribué à créer un climat politique explosif.

Avec AlJazeera

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