Kotobi–Daoukro : la route des pannes, des retards et des espoirs brisés

Chaque déplacement sur cette route est devenu une épreuve. Véhicules cassés, accidents en série, pertes économiques et détresse quotidienne : le tronçon Kotobi–Daoukro est aujourd’hui un cauchemar pour les populations.

Dossier – Par Hervé Adou FratMat

Sur l’axe Abidjan–Daoukro, les 48 km reliant Kotobi à la ville natale du président Henri Konan Bédié sont désormais perçus comme un abandon à ciel ouvert. Ce ruban autrefois praticable n’est plus qu’une succession de nids-de-poule, de crevasses et de poches d’air qui transforment trente minutes de trajet en plus d’une heure trente de souffrance.

Un accident révélateur

L’accident survenu le 28 novembre près d’Anekro en a donné une illustration brutale : une Haojin et une KTM se sont percutées de plein fouet, faisant cinq blessés graves. Selon des témoins, une course improvisée combinée au mauvais état de la chaussée pourrait être à l’origine du drame.

Entre Assouakro et Daoukro, sur huit kilomètres, les deux voies sont rongées par des trous béants. À Yobouéssou comme à Brou Akpossou, le bitume se soulève, se déforme, éclate. Là où le goudron cède, les moteurs cassent.

Une réhabilitation trop vite dégradée

La route avait pourtant été réhabilitée en 2024 à l’occasion des obsèques de l’ex-président Henri Konan Bédié. Mais quelques mois plus tard, la chaussée s’est effondrée au rythme des pluies, du trafic et du passage des poids lourds.

Le 29 novembre, sous une pluie battante, Brou Samuel, arrêté sur le bas-côté, observe le bras avant gauche brisé de son véhicule :

« Chaque jour, au moins une dizaine d’automobilistes tombent en panne ici. Il faut que les autorités reprennent les travaux. Nous étouffons. »

Plus loin, vers Ellinzué, l’opérateur économique Paul Kouadio change une roue crevée — la quatrième en une semaine. Une dépense qui devient la norme pour les usagers.

48 km d’usure, de pannes… et d’exaspération

Chaque jour, des dizaines de véhicules s’immobilisent, brisés par les nids-de-poule ou l’asphalte boursouflée. Ralentissements interminables, retards répétés, dépenses mécaniques insoutenables : la route est devenue une véritable saignée financière pour les riverains.

Les populations pointent du doigt les camions de transport du manganèse et ceux de l’orpaillage industriel, dont les convois forment des files continues entre Kotobi et Daoukro. Leur poids écrase le bitume et accélère sa destruction.

Selon Saïbou Koné, ces entreprises qui exploitent le sous-sol local devraient participer à la réhabilitation de la voie.

Aujourd’hui, de Kotobi à Daoukro, en passant par Assouakro, Yobouéssou, Brou Akpossou et Ellinzué, les habitants se disent abandonnés. Accidents, pannes mécaniques, pertes économiques, peur constante… La route est devenue un symbole d’angoisse quotidienne.

Ces localités lancent un cri du cœur :
que cet axe soit réhabilité avant qu’il ne fasse d’autres victimes.

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