Par Fleur Kouadio

Avec près de 77 milliards de m³ mobilisables, la Côte d’Ivoire possède l’un des plus vastes potentiels hydriques de l’Afrique de l’Ouest. Mais cette abondance cache une fragilité persistante: la répartition géographique est déséquilibrée et les infrastructures n’ont pas toujours suivi la croissance démographique. Le Sud est largement approvisionné, alors que le Nord subit régulièrement des périodes de stress hydrique documentées par l’ONEP.
Les réseaux d’eau potable sont gérés selon une organisation tripartite. Le MINHAS fixe les orientations, l’ONEP gère la planification des infrastructures, et la SODECI assure l’exploitation en milieu urbain. Ce modèle a permis une professionnalisation du secteur, mais les pertes sur les réseaux restent importantes: dans certaines zones, elles atteignaient plus de 50 %, selon l’ONEP.
Pour répondre à cette situation, l’État a lancé plusieurs programmes d’envergure. À Abidjan, les travaux engagés depuis 2021 ont permis d’étendre considérablement le réseau: 886 km de canalisations posées et plus de 167 000 branchements subventionnés, améliorant le service pour 1,5 million de personnes. Dans les villes de l’intérieur, de nouvelles stations de pompage et de traitement sont en construction.
Le cap a été renforcé en juillet 2024: un programme de 825 millions de dollars, en partenariat avec la Banque mondiale, vise à réduire les inégalités régionales. Il finance notamment la réhabilitation de barrages, la construction de stations de traitement modernes et des infrastructures d’assainissement dans les écoles.
Pourtant, les faiblesses demeurent visibles. En milieu rural, seuls 11,6 % des ménages accédaient encore récemment à une eau véritablement potable. Les pénuries, parfois sévères, rappellent aussi l’urgence de moderniser le système. L’épisode de Bouaké, où le barrage principal s’est asséché, a illustré la capacité limitée des infrastructures actuelles à absorber les épisodes climatiques extrêmes.
L’objectif gouvernemental reste ambitieux: atteindre 95 % d’accès à l’eau potable d’ici 2025. La trajectoire est engagée, mais la réussite dépendra de la rapidité de déploiement des infrastructures et de la réduction des pertes dans les réseaux.
F. Kouadio
Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info






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