CIV / Législatives 2025 : Violations des textes, frustrations internes… Des candidats recalés envisagent-ils de porter plainte contre le PDCI-RDA ?

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), longtemps considéré comme l’appareil politique le plus structuré et discipliné du pays, traverse une nouvelle zone de turbulence. À l’approche des élections législatives du 27 décembre 2025, de nombreuses voix s’élèvent en interne pour dénoncer de graves entorses aux textes fondateurs du parti.

Dans le cadre du processus de sélection, le PDCI-RDA avait lancé un appel à candidatures assorti d’une contribution spéciale de 500 000 FCFA par postulant. Avec près de 600 dossiers déposés, ce mécanisme aurait généré plus de 300 millions de FCFA. Mais seuls 229 candidats ont été retenus — sans que les procédures statutaires et réglementaires n’aient été pleinement appliquées, affirment plusieurs cadres mécontents.

Pour certains d’entre eux, il s’agit d’une véritable violation de leurs droits, au point que des candidats non retenus envisagent désormais d’engager des actions judiciaires contre leur propre formation politique. Une démarche inédite qui pourrait ouvrir un front explosif au sein du parti septuagénaire, déjà fragilisé par des dissensions internes et des choix stratégiques controversés.

Des textes ignorés, des primaires fantômes et un processus opaque

Cette contribution spéciale de 500 000 FCFA devait permettre, selon le parti, de financer des élections primaires dans les circonscriptions où aucun consensus n’était trouvé autour d’un seul candidat. Les articles 123 à 128 du règlement intérieur, qui encadrent strictement la désignation des candidats aux élections d’État, prévoyaient clairement ces mécanismes.

Pourtant, la direction actuelle du parti, conduite par Cheick Tidjane Thiam, a choisi d’ignorer ces dispositions. Des dossiers disparus entre la Maison du PDCI-RDA et la Commission électorale indépendante (CEI) aggravent le malaise.
Un député sortant de Bouaflé, dont le dossier a mystérieusement disparu, a même assimilé ces pratiques à de la « sorcellerie politique ».

Vers une plainte contre le parti ?

Selon des informations parvenues à Africanewsquick.net, « dans les coulisses de la maison Vert et Blanc de Cocody Sainte-Marie, il se murmure que des candidats non retenus comptent porter plainte contre le parti ». Leur argumentaire : le PDCI-RDA aurait violé leur droit d’être candidat, en ne publiant pas à temps sa liste officielle avant le délai fixé par la CEI.
De ce fait, le parti aurait aussi empêché ces candidats de se présenter en indépendants, causant un « gain perdu » pouvant justifier une demande de dommages et intérêts équivalents aux revenus d’un député sur toute la législature.

Le mot « escroquerie » revient avec insistance.

« La direction nous a escroqués » : colère chez les recalés

Un candidat non retenu résume ainsi son indignation :
« La direction de notre parti nous a simplement escroqués. Là où l’ancienne direction demandait 100 000 FCFA, on nous a exigé 500 000 FCFA. Dans ma circonscription, nous étions trois candidats. On s’attendait à une primaire comme le prévoient nos textes. Au final, on prend notre argent et on désigne un candidat par affinité. C’est du clientélisme pur. »

Un autre cadre, également recalé, affirme que dans certaines circonscriptions, un seul candidat avait officiellement déposé et payé sa contribution, mais la direction a préféré investir des cadres n’ayant même pas fait acte de candidature.
« C’est méchant, et c’est une escroquerie bien établie », conclut-il.

Un parti déjà affaibli par des revers judiciaires

Cette affaire pourrait replonger le PDCI-RDA dans une nouvelle tourmente judiciaire, après le procès Valérie Yapo qui a abouti à l’annulation du 8ᵉ Congrès extraordinaire et de tous les actes qui en découlaient.
Depuis mars 2025, le président du parti, Tidjane Thiam, est d’ailleurs en exil volontaire en France, ce qui accentue les interrogations sur la gouvernance et la gestion politique du parti.

Le PDCI-RDA, héritier d’une longue tradition institutionnelle, devra clarifier au plus vite les conditions de sélection de ses candidats s’il veut éviter que cette contestation n’évolue vers une crise ouverte, au moment où il prépare l’un des tests électoraux les plus importants de son histoire récente.

Gilles Richard OMAEL

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