Alors que les polémiques se multiplient autour des déclarations de Charles Blé Goudé et des réactions virulentes du camp Gbagbo–Nady, l’essentiel est en train d’être perdu de vue. Depuis plusieurs jours, les discussions tournent en boucle autour d’une prétendue attaque contre Nady Bamba ou d’un supposé manque de loyauté de l’ancien leader de la galaxie patriotique. Pourtant, le cœur du problème est ailleurs : ce qui se joue aujourd’hui, au crépuscule de la carrière de Laurent Gbagbo, c’est le bilan politique d’un homme qui a marqué une génération et le rôle de son entourage dans l’effondrement progressif d’un projet politique historique.
Simone Gbagbo, la matrice militante et idéologique
En vérité, le débat n’oppose ni Nady Bamba, ni Charles Blé Goudé. Le débat, c’est Laurent Gbagbo lui-même. Et les faits parlent sans détour : depuis l’entrée de Nady Bamba dans le premier cercle de l’ancien chef d’État, sa trajectoire politique n’a cessé de décliner. Aucun procès d’intention, aucune émotion ne peut effacer cette réalité visible et documentée.
L’histoire retiendra que Simone Gbagbo fut le pilier idéologique, militant et stratégique qui porta Laurent Gbagbo au pouvoir, tandis que l’ère Nady accompagne la chute du régime, l’emprisonnement, la perte d’influence, l’éclatement de ses forces politiques et la fragmentation d’un mouvement autrefois puissant.
Dans ce paysage, une question profonde resurgit : pour quoi des milliers de jeunes ont-ils donné leur vie ? Pour aboutir à un leadership contesté, un parti fracturé, un ex-chef d’État marginalisé dans sa propre famille politique et un entourage plus préoccupé par la protection que par la vision ? Le cycle qui se termine aujourd’hui est celui d’un projet politique disloqué, et ce constat mérite d’être posé sans fard.
La stratégie de communication du camp Nady: personnaliser le débat pour éviter le fond
La réaction du camp Gbagbo–Nady consiste pourtant à personnaliser le débat pour éviter l’analyse de fond. En transformant une réflexion politique en querelle privée, en faisant croire que Blé Goudé s’attaque à la compagne de l’ancien président ou qu’il règle des comptes personnels, l’objectif est clair : détourner l’attention de l’autopsie du leadership de Gbagbo. Mais Blé Goudé n’a insulté personne ; il a simplement exprimé, avec ses mots et son style, ce que beaucoup murmurent depuis longtemps. Il n’a pas créé la crise ; il a révélé une vérité que l’on tentait d’étouffer.
Au final, on peut faire beaucoup de bruit, dénoncer, s’indigner, s’agiter, mais les faits ne disparaissent jamais. Le parcours politique de Laurent Gbagbo est marqué par un déclin continu depuis plus d’une décennie, un déclin accéléré par l’influence de son entourage actuel. Les faits ne mentent pas. Ils dérangent, ils fâchent, mais ils demeurent.
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