Par Antoine Kémonséi

Le Fonds de Développement Touristique (FDT) constitue un instrument clé pour soutenir l’ambition de la Côte d’Ivoire de devenir une destination touristique majeure en Afrique de l’Ouest. Cependant, son potentiel reste sous-exploité en raison de faiblesses structurelles, institutionnelles et opérationnelles qui limitent son impact sur le développement du secteur.
Constat général
Malgré des actions ponctuelles, le FDT souffre d’un manque de visibilité, de lenteurs administratives, d’une allocation budgétaire peu stratégique et d’un faible suivi des projets financés. Le secteur touristique continue de faire face à des défis majeurs : insuffisance d’infrastructures, faible professionnalisation des acteurs, faible promotion internationale et manque de coordination entre les institutions.
Problèmes clés identifiés
- Gouvernance limitée et faible transparence sur les critères d’attribution et l’utilisation des ressources.
- Procédures lourdes et peu digitalisées, freinant l’accès des opérateurs, notamment les PME.
- Allocation des financements peu alignée avec les priorités stratégiques nationales.
- Absence d’un système rigoureux de suivi-évaluation, empêchant la mesure des retombées économiques et sociales.
- Coordination insuffisante entre le FDT, les collectivités territoriales, les agences publiques et le secteur privé.
- Ressources financières instables et peu diversifiées, limitant la capacité à financer des projets structurants.
Causes principales
Ces difficultés trouvent leur origine dans :
-Une gouvernance centralisée et un cadre institutionnel peu adapté ;
-Des mécanismes techniques et administratifs obsolètes ;
Une absence d’outils modernes de suivi ;
Une faible capacité de mobilisation de ressources innovantes.
Recommandations stratégiques
1. Renforcer la gouvernance : comité élargi, publication régulière des rapports, transparence des critères.
2. Digitaliser intégralement le processus : plateforme unique de dépôt, suivi en temps réel, tableau de bord public.
3. Mettre en place un système de suivi-évaluation avec des indicateurs de performance clairs et des audits réguliers.
4. Réorienter les financements vers des projets structurants et territoriaux à fort impact économique et social.
5. Simplifier les procédures et créer un guichet unique adapté aux PME et aux initiatives communautaires.
6. Diversifier les sources de financement via la taxe numérique touristique, les PPP et les financements internationaux.
7. Renforcer les capacités des porteurs de projets et créer un incubateur touristique national.
8. Améliorer la communication et impliquer davantage les collectivités territoriales dans la gestion et la planification.
Conclusion
Pour jouer pleinement son rôle, le FDT doit opérer une transformation profonde : plus transparent, plus digital, plus inclusif et plus orienté sur des résultats. Sa réforme est essentielle pour dynamiser durablement le tourisme ivoirien, stimuler les investissements, créer des emplois et renforcer l’attractivité nationale.
Antoine Kemonsei
Expert en développement touristique






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