Le récent déplacement du Premier ministre Ousmane Sonko aux Émirats arabes unis remet au goût du jour un mécanisme bien connu dans la diplomatie économique du Golfe : la “bailout diplomacy”. Ce dispositif, déjà mobilisé au Moyen-Orient et en Asie, consiste en une assistance financière accordée à des États en difficulté budgétaire, souvent sous forme de prêts concessionnels, parfois sans intérêts.
L’Égypte en a bénéficié en 2016 à hauteur de 12 milliards de dollars, le Pakistan a reçu 6 milliards de l’Arabie Saoudite et des Émirats en 2018, et la Jordanie y a eu recours à plusieurs reprises. Ces interventions ont souvent permis à ces pays de traverser des crises financières sans recourir immédiatement aux conditionnalités rigoureuses des institutions de Bretton Woods.
Le Sénégal pourrait-il, à son tour, activer ce levier pour s’affranchir du FMI ?
Selon l’analyste Alioune Aboutalib, c’est envisageable au vu des relations politiques solides établies avec les monarchies du Golfe. Néanmoins, cela constituerait une première en Afrique subsaharienne, car ce mécanisme n’a encore jamais été appliqué dans cette région. Les pays du Golfe ont certes déjà soutenu ponctuellement certains États africains, principalement à l’Est, mais jamais dans le cadre d’un véritable “bailout”.
Dans le contexte actuel de tensions avec le FMI, cette option pourrait représenter une alternative crédible, à condition d’être étudiée avec rigueur. Car, rappelle Aboutalib, “en politique internationale, rien n’est gratuit”.
Même si la philanthropie occupe une place importante dans la diplomatie arabe, tout soutien financier d’envergure s’accompagne d’attentes stratégiques, politiques ou économiques. D’où la nécessité pour Dakar de bien mesurer les contreparties éventuelles avant d’envisager une telle démarche.






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